Marie de Magdala - Aller plus loin

L’assimilation de Marie de Magdala à la pécheresse de Luc

L’auteur a été pasteur de l’Eglise réformée de France. Il se rattache au courant théologique libéral. Il a travaillé tout particulièrement sur les courants gnostiques du christianisme des premiers siècles. Dans cet ouvrage consacré à Marie de Magdala, il réhabilite ce personnage féminin et insiste particulièrement sur son rôle de premier témoin de la résurrection de Jésus. Il passe en revue les différentes approches exégétiques et les différentes compréhensions plus ou moins positives du personnage de Marie de Magdala:
« D’autre part, Jésus a chassé de Marie de Magdala sept démons. Mais les démons indiquent une carence de santé physique ou nerveuse, mais peu probablement une faille de santé morale, comme le voudraient ceux qui assimilent Marie de Magdala à la pécheresse de Luc. Ainsi Helmut Gollwitzer déclare : “Il ne faut pas identifier selon la vieille légende Marie de Magdala avec la pécheresse du chapitre 7 [de Luc]”. De même, Jean-Samuel Javet écrit : “Marie, appelée Madeleine ou de Magdala qui ne doit pas être identifiée ni avec la pécheresse anonyme du chapitre précédent, ni avec Marie de l’onction de Béthanie, avait été l’objet d’une guérison particulièrement frappante ; rien n’indique qu’elle ait été une femme de mauvaise vie” ».

Pierre-Jean RUFF, Marie de Magdala. Figure de proue du christianisme de sensibilité gnostique, Nîmes: éditions LACOUR, 2004, p. 76-77.

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Marie de Magdala dans l’évangile selon Jean

Selon les options théologiques, Marie de Magdala apparaît comme « amante parfaite » et « témoin de la naissance de l’Eglise ».

1. Alain Marchadour, assomptionniste, a écrit un ouvrage sur les personnages dans l’évangile selon Jean. Il y consacre un chapitre à Marie de Magdala.
« Jean a réservé à Marie de Magdala un traitement de choix, qui a été déterminant dans la naissance de la figure de Marie Madeleine l’amante parfaite. En effet il a choisi de lui donner un rôle de premier plan, à travers sa présence dans les deux scènes vers lesquelles converge la marche de Jésus depuis le commencement de l’évangile : la crucifixion de Jésus et sa sortie du tombeau. Elle se tient près de la croix, témoin et acteur silencieux de la naissance de l’Eglise. Puis elle rencontre, la première, le ressuscité. Envoyée par Jésus vers les disciples, elle devient la première missionnaire ».
Alain MARCHADOUR, Les personnages dans l’évangile de Jean. Miroir pour une christologie narrative, Paris: Cerf (coll. Lire la Bible), 2004, p. 116.

2. Le cheminement de Marie de Magdala vers la compréhension de la Résurrection se fait par étapes d’après l’exégète protestante France Quéré; mais, fait essentiel, c’est bien elle qui est choisie pour en témoigner.
« Tandis qu’il parle à Marie, Jésus est ressuscité ; il n’est que ressuscité. A ce témoin comblé au-delà de ses espérances, il montre que le rêve infini de Dieu ne fait que commencer. Et, dès maintenant, Jésus fait participer Marie aux œuvres ultérieures de la glorification. La mort n’est rien, la résurrection elle-même, peu de chose. L’Heure est venue. « Cesse de me toucher », tu verras mieux encore. Va dire aux disciples que le Christ monte. Ainsi enseigne-t-il à croire, non avec ses sens, mais « en esprit et en vérité ».Et cette Marie qui, à quatre reprises, n’a pas cru, n’ayant pressenti ni la résurrection devant le tombeau vide, ni dans le jardinier, Jésus, ni dans Jésus, le Christ, ni dans la résurrection, la glorification, Marie est choisie pour apporter la suprême nouvelle aux disciples. Elle ne leur annoncera pas qu’il est ressuscité. Ce stade est dépassé. Mais dans une éblouissante absence de transition, que Jésus est glorifié. Il y avait un homme enseveli : il monte vers le Père. Cette fois, elle a compris. »
France QUERE, Les femmes de l’Evangile, Paris: Seuil, 1982, p. 49.

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Marie de Magdala symbolise l’aptitude à croire

Jean Zumstein, théologien protestant, est un des spécialistes de l’évangile selon Jean. Il livre ici ces conclusions sur le personnage de Marie de Magdala en Jean 20,11-18:
« Marie de Magdala symbolise l’aptitude à croire. Son chagrin (v. 11) démontre son profond attachement à Jésus. La radicale absence du Christ (v. 13b.15b) est pour elle une cause de souffrance. Sa quête de l’endroit où trouver Jésus (v. 15a) détermine son comportement. Pourtant Marie de Magdala n’est pas en mesure de parvenir à la foi par elle-même. Seule l’initiative et la parole du Ressuscité créent la possibilité du croire. La foi demeure un don. La parole suscitant la foi de Marie de Magdala n’est pourtant pas une parole d’autorévélation du Christ, mais une parole du Christ portant sur l’identité de Marie. Découverte du Ressuscité et découverte de soi vont de pair. La rencontre pascale de Marie avec le Ressuscité débouche sur une mise en responsabilité : elle est le premier témoin appelé à répandre le message pascal, le premier apôtre. Elle endosse le rôle qui est dévolu à Pierre dans la tradition paulinienne».

Jean ZUMSTEIN, L’évangile selon Saint Jean (13-21), Genève: Labor et Fides, 2007, p. 275-281.

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