Marie de Magdala - Clés de lecture

Marie de Magdala

Dans les évangiles, beaucoup de femmes portent le nom de Marie : Marie, la mère de Jésus, Marie de Béthanie, sœur de Marthe. Il s’agit ici de Marie de Magdala. L’auteur la distingue des autres Marie par son lieu d’origine. Littéralement, le texte grec parle de Marie la Magdaléenne (versets 1 et 18) qui est souvent traduit par Marie de Magdala. En français, on trouve aussi la traduction : Marie-Madeleine. Ce prénom se retrouve dans l’expression « Pleurer comme une Madeleine » et fait allusion au chagrin de Marie, mais l’associe (alors que la Bible ne le fait pas) à la Marie qui pleure sur les pieds de Jésus. Dans l’évangile selon Jean, Marie est présente à trois reprises : au pied de la croix (Jean 19,25), au tombeau (Jean 20,1-2), au moment de la résurrection de Jésus (Jean 20,11-18). Elle a une place importante. Le récit est centré sur un seul personnage que Jésus appelle par son prénom : « Marie ». Elle va recevoir la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle et elle exécute cette mission. Dans les autres évangiles, Marie de Magdala est présente à plusieurs reprises avec des nuances quant à l’importance de son rôle.

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Près du tombeau

Il y a deux séquences dans lesquelles Marie de Magdala se trouve près du tombeau. Dire qu’elle est restée près du tombeau n’est donc pas logique dans la chronologie du récit mais cela ne semble pas déranger l’auteur. La première fois, elle a constaté le tombeau ouvert et a couru le dire aux disciples (verset 1). La seconde fois (verset 11), les événements se déroulent en trois temps : elle rencontre les anges, puis Jésus ressuscité et elle va témoigner. Il s’agit de son second témoignage porté par les paroles d’envoi de Jésus. Ce sont ces paroles qui mettent en mouvement Marie de Magdala.

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L'un à la tête et l'autre aux pieds

Les deux anges (littéralement : « les messagers ») se tiennent à la tête et aux pieds du tombeau. Ils encadrent un espace vide, une absence. Leur présence identifie ce tombeau comme étant vraiment celui de Jésus. Au début du chapitre 20 (versets 6-7), les linges funéraires sont soigneusement rangés. Cette situation évoque une première fois l’absence du corps de Jésus. La présence des anges en lien avec le fils de Dieu est déjà signalé tout au début de l’évangile selon Jean (Jean 1,51) puis au chapitre 12 verset 29 comme une interprétation par la foule de la voix de Dieu.

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Ils ont enlevé mon Seigneur

La thèse de l’enlèvement du corps de Jésus a circulé dès les premiers siècles pour démentir la résurrection. L’évangile selon Matthieu, dans l’épisode du matin de Pâques, la développe longuement comme une rumeur des adversaires de Jésus. L’évangile selon Jean l’évoque plus sobrement : il axe son message sur le fait que voir n’est pas croire, que voir ne provoque pas la foi, les signes ne parlent pas comme des évidences.Dans l’évangile selon Jean, les anges au tombeau n’annoncent pas, ils questionnent. Ils entrent en conversation avec Marie de Magdala, ce qui lui permet d’expliquer la raison de son chagrin et de son désarroi. Marie ne pleure pas seulement la mort de Jésus mais aussi la disparition de son corps.

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Elle se retourne et elle voit Jésus

Le texte précise que Marie de Magdala ignore l’identité de l’homme en face d’elle. Dans les récits dits d’apparition, Jésus le Ressuscité n’est jamais reconnaissable au premier abord par ses disciples : c’est notamment le cas dans l’épisode des disciples sur le chemin d’Emmaüs dans l’évangile selon Luc. Marie de Magdala se tourne en arrière. Ce retournement a une valeur symbolique : il indique que Jésus n’est plus dans le tombeau. Elle se détourne du tombeau donc de la mort, mais elle ne se tourne pas encore vers l’avenir. Elle n’a pas encore fait le deuil de ce qui n’est plus. On peut imaginer qu’elle a senti une présence derrière elle sans l’identifier pour autant. Voir ne provoque pas forcément une reconnaissance et ne conduit pas automatiquement à la foi. L’évangile selon Jean invite en son début (chapitre 1) à « venir et voir » pour se terminer au chapitre 20 dans un « voir et croire ».

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Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?

Jésus répète la question des deux anges. Il y ajoute : « qui cherches-tu ? ». Une question similaire est posée aux deux premiers disciples au début de l’évangile selon Jean. Jésus appelle Marie de Magdala : « femme » et non pas « Marie ». Elle reste dans sa conviction que le corps de Jésus a été déplacé. L’interpellation de Jésus permet à Marie d’exprimer son chagrin et sa recherche et, peut-être, de l’ouvrir à un avenir.

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Jardinier

Dans un premier temps, Marie a répondu aux anges au verset 13 « ils ont enlevé mon Seigneur ». Dans le texte grec, le verbe « enlever » est à la 3e personne du pluriel. Il n’y a aucune précision sur l’identité de « ils ». Dans un deuxième temps, elle poursuit son enquête et s’adresse au prétendu jardinier, et veut savoir si c’est lui qui a emporté le corps de Jésus. Le verbe « enlever » revient au verset 15 comme le projet même de Marie : enlever le corps de Jésus. Cette scène se passe dans un jardin et elle semble pour le moins paradoxale dans sa construction. Cependant l’auteur a pris soin au verset 14 d’avertir le lecteur que Marie ignore la véritable identité du jardinier auquel elle s’adresse.

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Elle se retourna

Ce second retournement de Marie (versets 14 et 16) signalé par le texte n’est peut-être pas seulement un mouvement dans l’espace. Il atteste d’un changement de regard sur celui qu’elle prenait jusque-là pour le jardinier. C’est au moment même où Jésus l’appelle par son prénom « Marie » qu’elle « se retourne » et le reconnaît. Le verbe grec strephô (littéralement : se tourner en arrière) évoque le verbe hébreu shouv qui lui aussi à une signification à la fois spatiale et spirituelle : « se retourner » et « se convertir ». Cette reconnaissance a lieu grâce à la parole entendue. Jésus l’a appelée par son prénom. Marie est reconnue dans sa véritable identité et ainsi elle peut reconnaître le Christ, qui dans l’évangile selon Jean est décrit comme celui qui connaît parfaitement les siens (Jean Zumstein).

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Rabbouni

Ce mot n’apparaît qu’une seule fois dans l’évangile selon Jean. On le retrouve également une seule fois dans l’évangile selon Marc (Marc 10,51). L’auteur du texte prend soin de donner la traduction du mot hébreu : « ce qui signifie maître ». Rabbouni est un diminutif de Rabbi. Il porte une nuance d’affection ou même de familiarité. Habituellement le mot utilisé est Rabbi. Le texte grec traduit Rabbouni comme Rabbi par didaskalé qui veut dire « maître » dans le sens d’enseignant.
A ce stade du texte, Marie de Magdala est toujours dans la même relation de respect et d’affection envers Jésus.

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Ne me touche pas !

Le verbe utilisé est à l’impératif présent : il s’agit bien d’une interdiction. Dans le texte, rien n’indique une attitude particulière de Marie de Magdala : ni si elle est prosternée aux pieds de Jésus, ni si elle tente de le retenir. Peut-être faut-il mettre l’interdiction en lien avec le projet de Marie qui a affirmé : « et moi je l’enlèverai » au verset 15. C’est Jésus lui-même qui donne l’explication de son interdiction afin qu’elle se tourne vers l’avenir.
On retrouve dans l’expression latine Noli me tangere (« ne me touche pas »), le verbe tango qui a également comme premier sens « toucher ».

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Je monte vers mon Père et votre Père

Marie de Magdala est la première, dans l’évangile selon Jean, à rencontrer le Ressuscité et à l’entendre parler de son départ vers son Père. Marie ne reste pas seule : Jésus la renvoie vers ses frères, il l’établit dans une fraternité. « Vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu »: les disciples et Jésus se retrouvent sur un pied d’égalité. Les disciples deviennent les frères de Jésus, Dieu est le Père de Jésus et des disciples.

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J'ai vu le Seigneur

Dans l’évangile selon Jean, c’est une femme, Marie de Magdala qui se met en route et qui va témoigner de la résurrection et de l’ascension de Jésus auprès du Père. On peut la rapprocher de la Samaritaine, une autre femme qui témoigne également de ce que Jésus lui a dit. Le regard de Marie de Magdala a changé et elle a laissé partir Jésus pour se tourner vers l’avenir. Selon l’exégète Jean Zumstein : « Marie de Magdala symbolise l’aptitude à croire ». En accomplissant sa mission, elle est la première à inaugurer la proclamation de la Bonne Nouvelle. En ce sens, elle illustre le but de l’évangile selon Jean.

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