Adoptés par Dieu - Aller plus loin

L’héritage dans le droit romain

L’exégète Simon Légasse apporte ici des précisions sur les conditions d’héritage dans le droit romain :
« La fin de cette situation pour le mineur [son statut comparé à l’esclavage] dépend, d’après le texte, de la volonté du père qui l’a déterminée. Selon le droit romain, la tutelle prenait fin automatiquement à la puberté (quatorze ans pour les garçons, douze ans pour les filles), sans autre référence. Paul s’appuie-t-il ici sur une pratique provinciale selon laquelle le testateur fixait l’échéance à un âge donné ? A moins qu’ici comme précédemment Paul ne laisse le second membre de la comparaison exercer son influence sur le premier : c’est bien en effet par disposition divine qu’Israël et l’humanité ont quitté une situation analogue à celle du mineur sous tutelle pour accéder à la liberté et au salut. »
Simon LEGASSE, L’épître de Paul aux Galates, Paris: Cerf (Lectio Divina, Commentaires 9), 2000, p. 292.

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La postérité de la figure d’Abraham

L’exégète Albert de Pury attire l’attention sur l’importance de la figure d’Abraham et constate son rôle dans l’histoire des religions :
« Quelles sont les « valeurs » représentées par les histoires d’Abraham et de Jacob ? L’apport de l’histoire patriarcale au rayonnement de la Bible est considérable, à la fois dans le judaïsme, dans le christianisme et dans l’islam, enfin, dans la culture irriguée par ces trois traditions religieuses. Mais là encore il s’agit de distinguer entre Abraham et Jacob. Abraham deviendra le patriarche de prédilection à la fois des prosélytes juifs, des premiers chrétiens, puis du fondateur de l’islam, Abraham étant considéré par lui comme le premier musulman. Sa vocation « œcuménique », inscrite dans son personnage dès la première mise par écrit de sa tradition, ne fera donc que s’accentuer au cours des siècles ».
Albert de PURY, « Genèse 12 – 36 » in: Thomas RÖMER, Jean-Daniel MACCHI, Christophe NIHAN (éd.), Introduction à l’Ancien Testament, Genève: Labor et Fides (coll. Le monde de la Bible N° 49), 2004, p. 154.

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La lettre à Lucilius

Le philosophe Sénèque est né à Cordoue vers 4 avant J.C. et est mort à Rome en 65 après J.C. Précepteur de l’Empereur Néron, il devient consul en 57. Compromis dans une conspiration, il se donne la mort. Ses écrits ont eu une grande influence en philosophie. Dans les extraits ci-dessous de la lettre à Lucilius, il remet en cause les mœurs romaines concernant le traitement des esclaves.
Sénèque, Lettre à Lucilius, Lettre V, 47, traduction de J. Baillard, Paris: Hachette (1914).
« 1. J’apprends avec plaisir de ceux qui viennent d’auprès de toi que tu vis en famille avec tes serviteurs : cela fait honneur à ta sagesse, à tes lumières. «Ils sont esclaves» ? Non ils sont hommes. «Esclaves» ? Non : mais compagnons de tente avec toi. «Esclaves» ? Non : ce sont des amis d’humble condition, tes coesclaves, dois-tu dire, si tu songes que le sort peut autant sur toi que sur eux. […]10. Songe donc que cet être que tu appelles ton esclave est né d’une même semence que toi, qu’il jouit du même ciel, qu’il respire le même air, qu’il vit et meurt comme toi. Tu peux le voir libre, il peut te voir esclave. […]11. Je ne veux pas étendre à l’infini mon texte, ni faire une dissertation sur la conduite à tenir envers nos domestiques traités par nous avec tant de hauteurs, de cruautés, d’humiliations. Voici toutefois ma doctrine en deux mots : Sois avec ton inférieur comme tu voudrais que ton supérieur fût avec toi. Chaque fois que tu songeras à l’étendue de tes droits sur ton esclave, chaque fois tu dois songer que ton maître en a d’égaux sur toi. […]13. Montre à ton esclave de la bienveillance : admets-le dans ta compagnie, à ton entretien, à tes conseils, à ta table. Ici va se récrier contre moi toute la classe des gens de bon ton : «Mais c’est une honte, une inconvenance des plus grandes !» Et ces mêmes gens-là je les surprendrai baisant la main au valet d’autrui ! […]18. On me dira que j’appelle les esclaves à l’indépendance, que je dégrade les maîtres de leur prérogative, parce qu’à la crainte je préfère le respect ; oui je le préfère, et j’entends par là un respect de clients, de protégés. Mes contradicteurs oublient donc que c’est bien assez pour des maîtres qu’un tribut dont Dieu se contente : le respect et l’amour. Or amour et crainte ne peuvent s’allier. 19. Aussi fais-tu très bien, selon moi, de ne vouloir pas que tes gens tremblent devant toi et de n’employer que les corrections verbales. Les coups ne corrigent que la brute. Ce qui nous choque ne nous blesse pas toujours ; mais nos habitudes de mollesse nous disposent aux emportements, et tout ce qui ne répond pas à nos volontés éveille notre courroux. […]21. Je ne t’arrêterai pas plus longtemps : tu n’as pas ici besoin d’exhortation. Les bonnes habitudes ont entre autres avantages celui de se plaire à elles-mêmes, de persévérer ; les mauvaises sont inconstantes ; elles changent souvent, non pour valoir mieux, mais pour changer. »
Pour lire le texte en intégralité :http://www.mediterranees.net/civilisation/esclavage/seneque.html

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Les divergences entre les missionnaires et Paul

L’exégète Simon Butticaz explique les points de vue divergents des missionnaires et de Paul sur les fondements de la condition croyante:

« Pour les adversaires de l’apôtre, l’événement christologique ne contredit pas la Torah mosaïque, mais en actualise la portée universelle. Par conséquent, les commandements mosaïques continuent de réguler la relation à Dieu et participent obligatoirement de la construction religieuse du croyant. Résultat : pour espérer hériter du salut promis, les païens doivent impérativement se soumettre aux codes rituels et à l’éthique d’Israël, en un mot, devenir prosélytes. Dans le judaïsme ancien en effet, le prosélyte était celui qui avait franchi le pas d’une conversion plénière à la foi d’Israël, en se soumettant à la circoncision et en se pliant aux offrandes sacrificielles du Temple de Jérusalem. Au contraire de ses opposants galates, Paul relègue, quant à lui, l’exercice des prescriptions légales dans l’ordre de la chair et ne conserve que la croix du Christ comme fondement de la condition croyante. Affranchi du joug de la Loi et vivant désormais dans le Souffle de l’Esprit, le chrétien est néanmoins exhorté à servir autrui dans l’amour (5,13). »
Simon BUTTICAZ, OPF, 65e cours biblique par correspondance (2013-2014) de l’Office protestant de la formation (Suisse), « Et pour vous, quelle heure est-il ? », Etude introductive, p. 5-6.

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