Abraham - Contexte

La généalogie de Tèrah : une manière de dire l'histoire

La grande histoire d’Abraham commence par une formule qui caractérise le livre de la Genèse :  » Voici la famille (ou la généalogie ou l’histoire)  » (toledôt). Cette expression vient d’une racine qui signifie enfanter. Le livre de la Genèse est le livre des enfantements et ce mot qui parcourt le livre introduit le plus souvent des généalogies ; une longue liste de noms fait passer d’un épisode narratif à un autre. Ces généalogies ont pour fonction de relier des récits et en même temps de fournir une continuité chronologique aux différentes histoires du livre. C’est ainsi que la Genèse présente une histoire cohérente qui fait passer des débuts de l’univers et de l’humanité aux débuts d’Israël.

La généalogie de Tèrah suit une série de généalogies, celle d’Adam en Genèse 5,1, celle des fils de Noé en Genèse 10,1 et précède les généalogies d’Abram, d’Ismaël, d’Isaac, d’Esaü…Une continuité qui conduit jusqu’à l’histoire des fils d’Israël en Egypte.

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Le temps des patriarches : une histoire racontée

Si la chronologie biblique du premier millénaire est assez fiable car elle est corroborée par d’autres textes, notamment par les archives des pays voisins d’Israël, la chronologie du deuxième millénaire est beaucoup plus aléatoire et conjecturale. Durant le 20e siècle, l’archéologie biblique a tenté de faire coexister et coïncider les données bibliques avec les découvertes extra-bibliques. L’effort fut immense et le résultat maigre. La raison essentielle de ce désenchantement historique pour le temps avant la royauté provient de la recherche sur les textes bibliques eux-mêmes. Elle montre que les livres qui racontent l’histoire des origines d’Israël, la Genèse, l’Exode … sont des livres qui ont été constitués au cours de la période après l’Exil Il s'agit de l'époque de la déportation du peuple d'Israël à Babylone. Une première grande déportation a lieu en 722 av. dans un contexte particulier, pour redonner une histoire et des repères à une communauté juive en difficulté après la grande catastrophe de l’Exil. La prise de Jérusalem en 587 par les Babyloniens constitue une rupture. Juda n’est plus un état et n’a plus ni roi ni temple. Le bouleversement n’est pas seulement politique, il est aussi spirituel et religieux. D’un peuple nation, les Judéens vont devenir une communauté religieuse. Les cinq premiers livres de la Bible sont le reflet d’une reconstruction non pas politique (Juda est devenue une toute petite province, appartenant à d’immenses empires) mais spirituelle. Les cinq premiers livres de la Bible répondent à la question de l’identité (qui sommes-nous ? D’où venons-nous ?) et donnent les normes nécessaires à l’organisation d’une vie communautaire. Les bases du Judaïsme sont posées.
Ces livres contiennent des éléments anciens (traditions liées aux tribus de Jacob, ou lois sociales anciennes) qui datent du début du premier millénaire.
Les récits d’Abraham ne sont pas des récits historiques, et le temps des patriarches est une histoire construite et racontée. Ces récits reflètent bien plus l’époque au cours de laquelle ils ont été écrits (5e siècle av. JC) qu’une très ancienne période.
Les recherches archéologiques montrent que l’origine d’Israël est à situer au 13e siècle av. JC bien après le début supposé des migrations patriarcales.

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Les Cananéens

La relation Israël / Canaan demeure difficile à saisir sur le plan historique. En effet, à l’origine, il est difficile de distinguer les israélites des cananéens. L’occupation des montagnes par une population qui deviendra Israël provient de la sédentarisation d’agro-pasteurs liés à l’économie des plaines dominées par les cités-états (sorte de petits royaumes féodaux). Sur le plan littéraire, la mention des cananéens désigne parfois une catégorie méprisée de la population ou ennemie d’Israël. Le terme  » cananéens  » fut une manière péjorative de dénommer les gens qui sont restés en Juda et qui revendiquaient pour eux le pays au moment du retour de l’Exil Il s'agit de l'époque de la déportation du peuple d'Israël à Babylone. Une première grande déportation a lieu en 722 av. : Ezéchiel 33,24 ; Esdras 9,1.

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La visée de Genèse 11,27-12,9

Les liens relevés avec le reste de l’histoire d’Abraham, avec celle de Jacob et la figure de Moïse indiquent que Genèse 11,2712,9 introduit l’ensemble de l’histoire d’Abraham et aussi l’ensemble du Pentateuque (cinq premiers livres de la Bible). En effet, la recherche aujourd’hui constate que le livre de la Genèse n’est pas le premier à être écrit, bien qu’il se trouve en première place dans la Bible.
Genèse 11,2712,9 est la table des matières du cycle d’Abraham. Tous les personnages principaux y entrent en scène ; les thèmes importants y apparaissent : la quête d’un pays et la quête d’une continuité, la quête d’une bénédiction, d’une identité.
Les correspondances entre Moïse et Abram se répètent dans la suite de l’histoire d’Abraham ; Genèse 15,7 « C’est moi Yhwh qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée « rappelle la formule » C’est moi le Seigneur qui t’ai fait sortir d’Egypte, de la maison des esclaves ». Ces liens souvent constatés permettent de comprendre que les diverses traditions d’origine d’Israël ont été mises en continuité dans la composition du Pentateuque. 12,1-9 est un texte de commencement construit pour introduire la grande histoire des origines d’Israël avant l’entrée en Canaan.

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