Tout le corps - Contexte

L'hébreu, c'est du concret !

L’hébreu, la langue dans laquelle est écrite l’Ancien Testament, est un langage qui ne connaît pas l’abstraction. Les notions abstraites se disent à travers des expressions concrètes. Ainsi, pour dire que Dieu est en colère, on dira que  » ses narines fument « . Très attaché à une traduction littérale, Jacques Saurin cite dans son livre Sermons sur divers textes de l’Ecriture Sainte de 1748 le Psaume 74 ainsi :  » Oh Dieu, pourquoi nous as-tu rejetez à jamais ? Et pourquoi fume ta narine contre le troupeau de ta pâture ?  »
La peur se dit en hébreu avec le mot halhalla. Ce substantif est construit sur la racine du verbe  » trembler, se tordre « . Au lieu de dire  » cette personne a peur « , on dira en hébreu  » cette personne est saisie de tremblement « .
Pour dire  » le destin « , on utilise le mot dérèk qui veut dire littéralement  » chemin, là où l’on marche « . Un des mots qui désigne  » l’espérance  » se dit en hébreu tikva dont la première signification est  » une corde dont les fils sont solidement assemblés « …

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Qu'en est-il de l'incarnation ?

Si les textes de l’Ancien Testament utilisent parfois des anthropomorphismes pour parler de Dieu, le Nouveau Testament ira beaucoup plus loin. Il affirme en effet que non seulement l’action et le ressenti de Dieu peuvent se dire en utilisant des anthropomorphismes, mais que Dieu lui-même choisit de prendre un corps humain dans la personne de Jésus de Nazareth. Les théologiens parleront d' » incarnation « , une notion qui provoquera beaucoup de discussions dans l’histoire de la théologie, notamment sur la nature exacte de Jésus-Christ.
L’incarnation, notion centrale pour le christianisme, a aussi des conséquences très concrètes pour les croyants : si Dieu ne refuse pas de vivre dans un corps humain et a pu pleinement assumer et vivre la condition humaine (le fait d’être un homme, de chair et de sang, soumis à des nécessités, à des besoins et dont la mort est une réalité), alors le corps n’est pas une chose secondaire à mépriser et dont il faudrait absolument se débarrasser. Contrairement à l’idée de  » réincarnation  » où le but est justement de fuir son enveloppe charnelle pour accéder à une vie spirituelle parfaite, et contrairement à l’idée que le corps est objet de culte et de valorisation de soi, l’incarnation de Dieu se positionne comme une prise au sérieux de la condition humaine et comme l’affirmation que Dieu n’est pas absent de cette même condition.

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