Vivre - Espace temps

Le défi de l'incarnation

Les chrétiens croient que Jésus était l’incarnation de Dieu, c’est-à-dire que Dieu a pris chair, a vécu et est mort comme un homme. Quand il s’agit de parler de la vie, cette conviction de l’incarnation de Dieu en Jésus devient très importante, surtout en protestantisme. Essentiellement pour deux raisons:

  • En venant vivre parmi les hommes comme un homme, Dieu n’a pas méprisé la condition humaine. Il en a connu lui-même les difficultés, les souffrances, les limites. Pour les chrétiens, Dieu n’est donc pas une chose abstraite, perdue là-haut dans le ciel, mais un Dieu qui se situe résolument parmi eux, dans ce monde-ci, en totale solidarité avec ce qu’ils vivent.
  • En choisissant de venir vivre parmi eux, Dieu a également coupé court au désir des hommes de devenir « comme des dieux ». La vie croyante ne consiste pas à nier tout ce qu’il y a d’humain en soi pour atteindre un état spirituel absolu. Bien au contraire, la vie croyante est invitée à prendre au sérieux la condition humaine et à l’envisager non pas comme une punition mais comme un don que Dieu a fait aux hommes.
    En ce sens, l’incarnation de Dieu est souvent perçue comme un défi. Certains n’hésitent pas à le formuler ainsi : Dieu a relevé le défi de devenir un homme afin que l’homme relève le défi de devenir véritablement un homme.
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La vie nouvelle

Toutes les philosophies cherchent à rendre compte de ce qu’est la vérité de la vie humaine. Par exemple, Socrate, le grand philosophe grec de l’Antiquité, fonde sa pensée sur cette célèbre phrase : « Connais-toi toi-même ». Il invite les hommes à découvrir la vérité qui se trouve en eux. Socrate veut aider l’homme à « accoucher » de cette vérité car elle est masquée par les sensations, les opinions et les préjugés. En ce sens, la vie est une quête intérieure de la vérité que chacun est appelé à mener.
Les chrétiens ont une autre conception de la vie et de la vérité. Pour eux, l’homme a été créé par Dieu : il est appelé à vivre en communion avec lui-même, avec les autres et avec Dieu. Seulement (et c’est ce que raconte à sa manière le premier livre de la Bible, la Genèse), l’homme s’éloigne de Dieu : il lui désobéit, le rejette. Dans la foi, le croyant découvre que malgré son éloignement, Dieu le pardonne et lui offre de revenir à lui, de lui renouveler sa confiance. Devant Dieu, lorsque le croyant se tient en vérité, il acquiert une nouvelle identité. Il n’a plus besoin de se battre pour donner un sens à sa vie, le sens lui est donné. Il n’a plus besoin de s’épuiser à justifier sa vie sur terre, de courir derrière la réussite, la fortune ou la gloire pour montrer son importance, parce qu’il découvre que Dieu l’aime tel qu’il est. Cette conviction change radicalement la manière de regarder sa propre vie, le monde et les autres. A chaque fois que le croyant se découvre en vérité devant Dieu, c’est une vie nouvelle qui commence.

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La vie est-elle sacrée ?

On pense souvent que les chrétiens ont une conception de la vie particulière. Ils la considéreraient comme « sacrée », c’est-à-dire propre à Dieu, intouchable, telle une valeur absolue. En réalité, la question est beaucoup plus complexe que cela et ne fait pas l’unanimité.

  • Les chrétiens sont tous d’accord pour dire que la vie vient de Dieu : Dieu crée et offre la vie. En ce sens, on peut dire qu’elle est « sacrée ». Mais le débat est alors de savoir si cette « sacralité » de la vie interdit à l’homme toute action. Si l’homme n’est pas maître de la vie, il en est le dépositaire. Quelles règles doit-il suivre pour préserver et défendre la vie ? Est-il responsable de la vie que Dieu lui offre ? L’Eglise catholique romaine déclare par exemple que puisque la vie est sacrée, elle est intouchable et seul Dieu peut en disposer. Des conséquences pratiques en découlent (particulièrement en bioéthique) : par exemple, l’interdiction de mettre un terme à toute vie, quelle qu’en soient ses formes.
  • Affirmer que « la vie est sacrée » ne dit en fait pas grand chose sur ce qu’est la vie. Sur ce point aussi, les chrétiens sont en débat. Par exemple, les protestants refusent généralement de faire de la vie un principe, une valeur absolue. Selon eux, il s’agit surtout de comprendre ce qu’est la vie d’une personne, ce qui la constitue. La vie d’une personne est complexe, plusieurs dimensions la caractérisent et lui donnent sa spécificité (le corps, la parole, la capacité relationnelle, son histoire, etc.). Les jugements qu’on porte sur la vie humaine sont très largement dépendants de la vision qu’on a de l’être humain. De tels débats sous-entendent qu’il faut sans cesse se poser la question : qu’est-ce que l’homme qu’on veut protéger ou promouvoir ?
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