La Bible, a-t-elle quelque chose à dire? - Contexte

Ecritures bibliques ou Parole de Dieu ?

On peut parfois entendre des expressions comme  » nous lisons dans la Parole de Dieu que…  » Il est important de se rendre compte que superposer ainsi  » Ecritures bibliques  » et  » Parole de Dieu  » peut avoir des conséquences graves. Car si ce qui est écrit est considéré comme la  » Parole de Dieu « , alors, celle-ci s’impose sans discussion possible. On voit sur quoi cela peut déboucher en matière d’éthique. Considérer ainsi les textes de la Bible, c’est ignorer qu’ils ont été écrits par des humains, à des époques différentes et qu’ils n’ont pas tous la même portée pour le croyant. Il est évident qu’on ne peut pas mettre sur le même plan Paul qui demande de lui rapporter son manteau de Troas (2Timothée 4,13) et le Prologue de Jean qui parle de l’incarnation de Dieu (Jean 1,1ss).
Ainsi, dans un débat éthique, il ne s’agit pas de trouver le verset qui appuie la conviction du lecteur. Si on adopte cette manière d’argumenter, on peut tirer de la Bible des arguments pour la peine de mort, par exemple :

Genèse 9,6
Qui verse le sang de l’homme, par l’homme verra son sang versé; car à l’image de Dieu, Dieu a fait l’homme.

comme des arguments contre :

Exode 20,13
Tu ne commettras pas de meurtre.

et son parallèle en Deutéronome 5,17. Dans les deux cas, il s’agit de paroles humaines critiquables et sorties de leur contexte. Recourir à la Bible ne dispense pas d’un travail de réflexion responsable, sous prétexte qu’il s’agirait ici d’un texte sacré.

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Les droits de l'homme comme conviction croyante

Ce n’est pas tel ou tel article formulé dans les différentes déclarations des Droits de l’homme qui est une retombée directe de ce que l’on peut lire dans la Bible. Si les chrétiens défendent les droits de l’homme, c’est au nom d’une conviction plus large. En effet, ils considèrent que les droits de l’homme dans leur esprit même rendent compte d’exigences que pose aussi la Bible, et en particulier le Nouveau Testament. On peut retenir trois exigences fondamentales : le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit à la justice.

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Le fondamentalisme biblique

On appelle fondamentalisme ou littéralisme biblique une manière de lire et d’appliquer les textes bibliques comme s’ils avaient été écrits pour répondre à une question précise dans la situation actuelle où se trouve le croyant. Ainsi, le fondamentalisme biblique est réticent à la recherche historico-critique L'étude historico-critique de la Bible vise une approche rigoureuse des textes bibliques. Ainsi, elle met en oeuvre plusieurs méthodes scientifiques : la critique textuelle vise à l'établissement du texte original. qui situe les textes dans leur contexte pour comprendre la portée qu’ils avaient alors. Les adeptes d’une lecture fondamentaliste considèrent que les textes bibliques sont tels quels  » Parole de Dieu  » et ne peuvent donc en aucun cas errer ou se tromper. Dans ce cas, on ne peut pas discuter de la portée de ces textes, puisqu’on affirme que Dieu lui-même en est l’auteur.

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Pas de modèles à reproduire !

La Bible ne nous donne pas de modèles à reproduire ou d’idéaux à calquer tels quels. Mais elle parle des hommes et des femmes dans leurs relations les uns avec les autres, en couple, en famille, en communauté, face à Dieu. On y parle de polygamie (les 4 femmes de Jacob), d’esclavage (Abraham envoie sa femme Sarah dans le harem de Pharaon), de pédophilie (conseillée au roi David), de viols (organisés et acceptés à Guibéa), d’inceste (de Loth avec ses filles), de jeune fille mère (Marie enceinte avant le mariage), d’adultère meurtrier (du roi David qui fait tuer son général Urie pour posséder la femme de ce dernier, Bethsabée), de lapidation (de la femme adultère), de misogynie ( » Que les femmes se taisent… « ) … La Bible est un livre qui reflète ce que vivent les hommes et les femmes de tous les temps. Par ailleurs, la Bible témoigne aussi d’attitudes et de comportements autres. Il y est en effet également question de fidélité (de Joseph envers Marie), de protection (de Ruth envers sa belle mère Naomie), d’égalité (en Christ, il n’y a plus ni homme ni femme), de promesse (Sarah aura un avenir, Agar aussi), d’érotisme (le Cantique des cantiques), d’amour (1Corinthiens 13). Dans la Bible on trouve des parcours où l’avenir n’est pas fermé. La Bible encourage à la fidélité, au soutien, à l’amour. On trouve dans la Bible, comme dans nos vies, des tensions entre des expériences contradictoires. La Bible ne dispense jamais son lecteur d’une prise de conscience qui l’engage. C’est le croyant qui devra dire dans quelles paroles s’exprime pour lui le message divin central, libérateur et consolateur. C’est dans le partage avec d’autres croyants qu’un sens qui fait vivre se dégage des Ecritures. C’est ce sens plus que telle ou telle parole qui va faire autorité dans sa vie, et dans sa manière d’envisager ses relations avec les autres.

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