Bien des manières de vivre la différence - Espace temps

Une Eglise indivise ?

 » Réconciliation, don de Dieu et source de vie nouvelle « , Documents du 2e rassemblement œcuménique européen à Graz, Graz,Wien/Köln : Verlag Styria, 1998, p.145:
Dans ce texte de 1998, Karékine Ier, catholicos de tous les Arméniens, faisait quelques rappels historiques importants :  » Les disciples de notre Seigneur n’étaient pas nés du même moule, ils n’avaient pas la même manière de voir les choses, pas le même esprit, pas la même formation humaine. Diversité, dissensions, divergences, controverses, faisaient partie de la vie des premiers chrétiens. Quand nous évoquons « l’Eglise indivise » des quatre premiers siècles, nous ne nous représentons pas historiquement une Eglise uniforme. Les querelles internes, mêmes les schismes étaient présents au cœur de cette Eglise « une et indivise ». Ce qui importait pour tous c’était la conscience d’appartenir au même Christ, à la même Eglise. « 

Revenir à la page précédente
La condamnation de Marcion

Dès les débuts de l’Eglise, on a condamné des doctrines qu’on estimait incompatibles avec le message du Christ. Au 2e siècle, Marcion contestait le choix de l’Eglise de conserver ses racines vétéro-testamentaires (c’est-à-dire ses liens avec l’Ancien Testament). Il considérait qu’il y a deux dieux : le  » Démiurge « , le Dieu de la création et de l’ancienne alliance, qui est un dieu mauvais ; et le vrai Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ. Marcion proposait un  » canon des Ecritures  » qui ne contenait plus l’Ancien Testament, et supprimait du Nouveau tous les textes jugés trop dépendants de la tradition juive. Cette position extrême fut rejetée par les responsables chrétiens et Marcion fut excommunié en 144.

Revenir à la page précédente
L'absorption d'une Eglise par une autre

L’Eglise catholique s’est opposée aux débuts du mouvement œcuménique. Dans son encyclique Mortalium animos ( » Sur les moyens de réaliser la véritable unité de la Religion « ) de 1928, le pape Pie XI expose sa vision de l’unité comme suit :
 » L’union des chrétiens ne peut être procurée autrement qu’en favorisant le retour des dissidents à la seule et véritable Eglise du Christ, qu’ils ont eu jadis le malheur d’abandonner. […] Des fils ont, hélas ! déserté la maison paternelle sans que pour cela la maison s’effondre, car elle avait l’appui de l’assistance divine. Qu’ils reviennent donc au Père commun ; oubliant les insultes proférées jadis contre le Siège Apostolique [c’est-à-dire contre Rome], il les accueillera avec toute sa tendresse. « 

Revenir à la page précédente
Agressivité

Dans l’histoire du mouvement œcuménique, l’agressivité des Eglises les unes envers les autres a été parfois durement critiquée. A la conférence de Madras en 1938, un représentant déclarait : « Nous, membres des Jeunes Eglises, n’avons aucun besoin de vos damnations (damnations), je veux dire vos dénominations (I mean denominations) ».

Extrait de: Catherine E. Clifford (éd.), For the Communion of the Churches: The Contribution of the Groupe Des Dombes, Eerdmans Publishing, Michigan, 2010, p.159.

Revenir à la page précédente
Exemples de polémique violente et de condamnation

Au cours de l’histoire, les chrétiens des différentes Eglises se sont condamnés sévèrement. En voici deux exemples :

  • Dans les documents protestants du 16e siècle, on trouve de nombreuses caricatures anticatholiques.
    Ce tableau (1521) du célèbre Lucas Cranach l’Aîné, intitulé  » L’Antéchrist « , représente le pape accueillant l’argent des indulgences pour la construction de la basilique Saint Pierre de Rome.

  • La critique des catholiques à l’égard des protestants a souvent été sévère :  » Si les Protestants savaient à fond comment s’est formée leur religion, avec combien de variations et avec quelle inconstance leurs Confessions de foi ont été dressées ; comment ils se sont séparés premièrement de nous, et puis entre eux ; par combien de subtilités, de détours et d’équivoques ils ont tâché de réparer leurs divisions, et de rassembler les membres épars de leur Réforme désunie : cette Réforme, dont ils se vantent, ne les contenterait guère ; et pour dire franchement ce que je pense, elle ne leur inspirerait que du mépris  » (Bossuet (1627-1704), Histoire des Variations des Eglises protestantes)

Revenir à la page précédente
Un Evangile, quatre évangélistes

Dans le Nouveau Testament, il est particulièrement significatif de trouver quatre textes dits  » évangiles « , rédigés par quatre auteurs différents. Ceux-ci témoignent, chacun à sa manière, dans le contexte propre dans lequel ils ont respectivement vu le jour, de l’événement central du salut en la personne de Jésus de Nazareth mort et ressuscité. Ils soulignent de la sorte à quel point cet événement fut l’objet de la part des premiers témoins, au sein même de l’Eglise naissante, d’interprétations diverses, voire parfois contradictoires, quoique paradoxalement concordantes sur l’essentiel du message. A cet égard, rien ne serait plus dommageable à l’unité même de l’Eglise du Christ que de vouloir uniformiser les textes bibliques en en gommant les aspérités et en réduisant leurs divergences. L’histoire de l’Eglise a connu ce risque. Le Diatessaron (on traduit généralement en français par  » Harmonie des évangiles  » ou  » Harmonie évangélique « ) de Tatien (né vers 120 – mort après 173) en témoigne : une sorte de réécriture en grec puis en syriaque des quatre évangiles en un seul. Le Diatessaron a été utilisé dans l’Eglise assez longtemps, et même comme seul Evangile pendant plus de trois siècles dans l’Eglise syriaque. Nous savons par Théodoret, évêque de Cyr de 423 à 458 (qui mit fin à cet état de fait), qu’il était encore utilisé dans deux cents des quelques huit cents églises de son diocèse.

Revenir à la page précédente
Différence légitime et différence séparatrice chez les luthériens

Pour discerner entre différence légitime et différence séparatrice, les luthériens utilisent un critère établi dans la Confession d’Augsbourg, un texte du 16e siècle. Celui-ci définit l’Eglise de la manière suivante :  » [Est considérée comme Eglise chrétienne] l’assemblée des croyants parmi lesquels l’Evangile est prêché fidèlement et les saints sacrements administrés conformément à l’Evangile. Car pour que soit assurée l’unité véritable de l’Eglise chrétienne, il suffit d’un accord unanime dans la prédication de l’Evangile et l’administration des Sacrements conformément à la Parole de Dieu. L’unité véritable de l’Eglise n’exige pas qu’on observe partout des cérémonies uniformes instituées par les hommes.  » (Confession d’Augsbourg, article 7)

Revenir à la page précédente