Responsable de ce qui m’arrive? - Textes bibliques

La liberté humaine dans la Bible

Pour les auteurs bibliques, l’être humain est responsable de ses choix. Déjà dans l’Ancien Testament, les exhortations à  » choisir le bon chemin  » ne manquent pas.

Deutéronome 30,19
J’en prends à témoin aujourd’hui contre vous le ciel et la terre: c’est la vie et la mort que j’ai mises devant vous, c’est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance.

Mais d’autres textes évoquent des malheurs qui ne sont ni directement ni indirectement imputables à celui qui en est la victime. Quand la tour de Siloé tombe et écrase des gens, Jésus fait remarquer qu’ils ne sont pas plus pécheurs que d’autres, que cette tour aurait pu tomber sur n’importe qui…

Luc 13,4-5
Et ces dix-huit personnes sur lesquelles est tombée la tour à Siloé, et qu’elle a tuées, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière.

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La responsabilité humaine

Plusieurs textes de l’Ecriture évoquent le fait que l’être humain supporte la conséquence de son action. Parfois, il s’agit simplement d’une constatation (Psaume 7 par exemple) ; parfois, le texte lutte contre une autre tendance, celle de chercher la raison du mal et de la maladie dans une faute qui précède la vie même du malheureux (Jérémie et Ezéchiel).

Psaume 7,16-17
Qui creuse un trou et l’approfondit tombe dans la fosse qu’il a faite. Son crime lui revient sur la tête, sa violence lui retombe sur le crâne.

Ezéchiel 18,2
Qu’avez-vous à répéter ce dicton, sur la terre d’Israël : Les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils ont été agacées ?

Jérémie 31,29-30
En ce temps-là, on ne dira plus :  » Les pères ont mangé du raisin vert et ce sont les enfants qui en ont les dents rongées !  » Mais non ! Chacun mourra pour son propre péché, et si quelqu’un mange du raisin vert, ses propres dents en seront rongées.

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"Faisons-nous un nom", ou : la Tour de Babel

Dans la Bible, un épisode traite de cette volonté de l’être humain qui veut se construire une identité, se faire un nom, être sa propre origine. Il s’agit du récit de la Tour de Babel. L’histoire est en même temps ce que l’on appelle un récit étiologique, c’est-à-dire qui explique de manière imagée l’origine d’une situation (ici : les différentes langues humaines). Différentes images de Dieu sont véhiculées par les interprétations de son intervention. Pour les uns, Dieu craint d’être détrôné par les humains. Pour les autres au contraire il veut éviter que l’être humain se perde dans cette course folle vers une identité construite  » de pierre et de bitume « , au lieu de la recevoir pour rien de la part de Dieu.

Genèse 11,1-9
La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots. Or en se déplaçant vers l’orient, les hommes découvrirent une plaine dans le pays de Shinéar et y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre :  » Allons ! Moulons des briques et cuisons-les au four.  » Les briques leur servirent de pierre et le bitume leur servit de mortier.  » Allons ! dirent-ils, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel. Faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre.  » Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam.  » Eh, dit le Seigneur, ils ne sont tous qu’un peuple et qu’une langue et c’est là leur première oeuvre ! Maintenant, rien de ce qu’ils projetteront de faire ne leur sera inaccessible ! Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres !  » De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi lui donna-t-on le nom de Babel car c’est là que le Seigneur brouilla la langue de toute la terre, et c’est de là que le Seigneur dispersa les hommes sur toute la surface de la terre.

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Les " amis " de Job

Les malheurs successifs qui arrivent à Job le laissent sans réponse. Arrivent alors ses trois  » amis  » (Elifaz, Bildad et Cofar) qui, après un long moment de silence, essaient de trouver une explication à ce qui arrive.

Job 2,11
Les trois amis de Job apprirent tout ce malheur qui lui était advenu et ils arrivèrent chacun de son pays, Élifaz de Témân, Bildad de Shouah et Cofar de Naama. Ils convinrent d’aller le plaindre et le consoler.

Nous donnons ici des extraits de leurs différentes prises de parole.
Discours d’Elifaz

Job 4,1-7
Alors Élifaz de Témân prit la parole et dit:
Te met-il pour une fois à l’épreuve, tu fléchis! Mais qui peut contraindre ses paroles?
Tu t’es fait l’éducateur des foules, tu savais rendre vigueur aux mains lasses.
Tes paroles redressaient ceux qui perdent pied, tu affermissais les genoux qui ploient.
Que maintenant cela t’arrive, c’est toi qui fléchis. Te voici atteint, c’est l’affolement.
Ta piété ne tenait-elle qu’à ton bien-être, tes espérances fondaient-elles seules ta bonne conduite?
Rappelle-toi: quel innocent a jamais péri, où vit-on des hommes droits disparaître?

Job 15,11-15
Sont-elles indignes de toi, les consolations de Dieu, et les paroles si modérées que nous t’adressons? Pourquoi la passion t’emporte-t-elle et pourquoi ces yeux qui clignent,
lorsque tu tournes ta rancoeur contre Dieu et que ta bouche pérore?
Qu’est-ce donc que l’homme pour jouer au pur, celui qui est né de la femme, pour se dire juste?
Même à ses saints Dieu ne se fie pas et les cieux ne sont pas purs à ses yeux.

Job 22,5-10
Vraiment ta méchanceté est grande, il n’y a pas de limites à tes crimes.
Tu prenais sans motif des gages à tes frères, tu les dépouillais de leurs vêtements jusqu’à les mettre nus.
Tu ne donnais pas d’eau à l’homme épuisé, à l’affamé tu refusais le pain.
L’homme à poigne possédait la terre et le favori s’y installait.
Tu as renvoyé les veuves les mains vides, et les bras des orphelins étaient broyés.
C’est pour cela que des pièges t’entourent, que te trouble une terreur soudaine.

Discours de Bildad

Job 8,1-7
Alors Bildad de Shouah prit la parole et dit:
Ressasseras-tu toujours ces choses en des paroles qui soufflent la tempête?
Dieu fausse-t-il le droit? Le Puissant fausse-t-il la justice?
Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés au pouvoir de leur crime.
Si toi tu recherches Dieu, si tu supplies le Puissant,
si tu es honnête et droit, alors, il veillera sur toi et te restaurera dans ta justice.
Et tes débuts auront été peu de chose à côté de ton avenir florissant.

Job 18,2-6
Jusques à quand vous retiendrez-vous de parler? Réfléchissez, et ensuite nous prendrons la parole.
Pourquoi nous laisser traiter d’abrutis? Pourquoi passerions-nous pour bornés à vos yeux?
O toi qui te déchires dans ta colère, faut-il qu’à cause de toi la terre devienne déserte et que le roc émigre de son lieu?
Oui, la lumière du méchant va s’éteindre et la flamme de son foyer va cesser de briller.
La lumière s’assombrit sous sa tente et sa lampe au-dessus de lui va s’éteindre.

Job 25,2-6
A lui l’empire et la terreur, lui qui fait la paix dans ses hauteurs.
Peut-on compter ses légions? Sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas?
Et comment l’homme serait-il juste contre Dieu, comment jouerait-il au pur, celui qui est né de la femme?
Si même la lune perd sa brillance, et si les étoiles ne sont pas pures à ses yeux,
que dire de l’homme, ce ver, du fils d’Adam, cette larve!

Discours de Cofar

Job 11,4-15
Et tu as osé dire: « Ma doctrine est irréprochable, et je suis pur à tes yeux! »
Ah! si seulement Dieu intervenait, s’il desserrait les lèvres pour te parler,
s’il t’apprenait les secrets de la sagesse – car ils déroutent l’entendement – alors tu saurais que Dieu oublie une part de tes crimes.
Prétends-tu sonder la profondeur de Dieu, sonder la perfection du Puissant?
Elle est haute comme les cieux – que feras-tu? Plus creuse que les enfers – qu’en sauras-tu?
Plus longue que la terre elle s’étend, et plus large que la mer.
S’il fonce, emprisonne et convoque le tribunal, qui fera opposition?
Car lui connaît les faiseurs de mensonge, il discerne les méfaits sans effort d’attention;
tandis que l’homme accablé perd le jugement et que tout homme, à sa naissance, n’est qu’un ânon sauvage.
Toi, quand tu auras affermi ton jugement, quand tu étendras vers lui les paumes de tes mains,
s’il y a des méfaits dans tes mains, jette-les au loin, et que la perversité n’habite pas sous ta tente.
Alors tu lèveras un front sans tache; purifié des scories, tu ne craindras plus.

Job 20,1-5
Alors Cofar de Naama prit la parole et dit:
Voici à quoi mes doutes me ramènent et cette impatience qui me prend:
J’entends une leçon qui m’outrage, mais ma raison me souffle la réplique.
Ne sais-tu pas que, depuis toujours, depuis que l’homme a été mis sur terre,
le triomphe des méchants fut bref, la joie de l’impie n’a duré qu’un instant?

Job refuse ces explications successives et doit alors faire face à une plus grande solitude encore.
Voici des extraits de ses paroles:
Réponse de Job à Cofar

Job 21,27-24
Oh! je connais bien vos pensées et les idées que vous vous faites sur mon compte. Car vous dites: « Où est la maison du tyran, qu’est devenue la tente où gîtaient les bandits? » N’avez-vous pas interrogé les voyageurs, n’avez-vous pas su interpréter leur langage? Au jour du désastre le méchant est préservé. Au jour des fureurs il est mis à l’abri. Qui lui jettera sa conduite à la face et ce qu’il a fait, qui le lui paiera? Lui, on l’escorte au cimetière et on veille sur son tertre. Douces lui sont les mottes de la vallée et derrière lui toute la population défile. L’assistance est innombrable. Pourquoi donc vous perdre en consolations? De vos réponses, il ne reste que fausseté.

Réponses de Job aux trois amis

Job 27,1-6
Alors Job continua de prononcer son poème et dit:
Par la vie du Dieu qui me dénie justice, par le Puissant qui m’a aigri le cœur,
tant que je pourrai respirer et que le souffle de Dieu sera dans mes narines,
je jure que mes lèvres ne diront rien de perfide et que ma langue ne méditera rien de fourbe.
Quelle abomination, si je vous donnais raison! Jusqu’à ce que j’expire, je maintiendrai mon innocence.
Je tiens à ma justice et ne la lâcherai pas! Ma conscience ne me reproche aucun de mes jours.

Job 28,20-24
Mais la sagesse, d’où vient-elle, où réside l’intelligence?
Elle se cache aux yeux de tout vivant, elle se dérobe aux oiseaux du ciel.
Le gouffre et la mort déclarent: « Nos oreilles ont eu vent de sa renommée. »
Dieu en a discerné le chemin, il a su, lui, où elle réside.
C’était lorsqu’il portait ses regards jusqu’aux confins du monde et qu’il inspectait tout sous les cieux.

Job 30,19-24
Il m’a jeté dans la boue. Me voilà devenu poussière et cendre.
Je hurle vers toi, et tu ne réponds pas. Je me tiens devant toi, et ton regard me transperce.
Tu t’es changé en bourreau pour moi, et de ta poigne tu me brimes.
Tu m’emportes sur les chevaux du vent et me fais fondre sous l’orage.
Je le sais: tu me ramènes à la mort, le rendez-vous de tous les vivants.
Mais rien ne sert d’invoquer quand il étend sa main, même si ses fléaux leur arrachent des cris.

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" Qui a péché pour qu'il soit né aveugle ? "

Le témoignage des Evangiles montre un Jésus qui critique vertement et à plusieurs reprises la manière dont ses auditeurs associent malheur et faute, maladie et péché.

Jean 9,2
Ses disciples lui posèrent cette question: « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents? ».

Jésus ne s’en prend pas directement à l’idée qu’une action répréhensible puisse avoir une conséquence fâcheuse pour la personne même ou son entourage. Mais il proteste contre l’image d’un Dieu qui fonctionnerait principalement voire uniquement comme juge, punissant les méchants et récompensant les justes. Le centre même du message évangélique est autre : celui qui a péché (étymologiquement  » raté la cible « ) est appelé à changer de vie. L’accueil du malheureux comme de celui qui a causé du malheur est toujours possible :

Luc 15,11-24  » Le fils retrouvé  »
Il dit encore: « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: Père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son avoir. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout réalisé, partit pour un pays lointain et il y dilapida son bien dans une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans l’indigence. Il alla se mettre au service d’un des citoyens de ce pays qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit: Combien d’ouvriers de mon père ont du pain de reste, tandis que moi, ici, je meurs de faim! Je vais aller vers mon père et je lui dirai: Père, j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers. Il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié: il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: Père, j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils… Mais le père dit à ses serviteurs: Vite, apportez la plus belle robe, et habillez-le; mettez-lui un anneau au doigt, des sandales aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé.  » Et ils se mirent à festoyer.

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Le mal, une force sur laquelle on n'a pas prise ?

Ce passage célèbre de Paul interroge en effet la capacité de l’être humain à se décider pour le bien et contre le mal. Paul découvre en lui comme une force (il l’appelle lui-même  » loi « ) qui lui fait faire ce qu’il n’a pas choisi, et qui l’empêche de faire ce qu’il considère comme bien.

Romains 7,18-20
Car je sais qu’en moi – je veux dire dans ma chair – le bien n’habite pas : vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais. Or, si ce que je ne veux pas, je le fais, ce n’est pas moi qui agis, mais le péché qui habite en moi.

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" Le malheur, de ma faute ? "

Job dans l’Ancien Testament proteste de son innocence malgré les malheurs qui s’abattent sur lui. Il ne voit pas de lien entre une faute qu’il aurait commise et les souffrances qu’il endure, contrairement à ce que lui suggèrent ses amis. Dans la suite du récit, Dieu se met en colère contre eux pour avoir parlé ainsi.

Job 32,1
Alors ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, puisqu’il s’estimait juste.

Job 42, 7
Or, après qu’il eut adressé ces paroles à Job, le SEIGNEUR dit à Élifaz de Témân: « Ma colère flambe contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job ».

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Bouc émissaire

L’expression  » chercher un bouc émissaire  » est empruntée à l’Ancien Testament. Dans le livre du Lévitique, on décrit en effet un rite qui sert à envoyer un bouc, chargé auparavant des péchés du peuple au désert pour qu’il les emporte avec lui, loin du campement du peuple.

Lévitique 16,6-9.20-26
Aaron offre le taureau du sacrifice pour son propre péché et il fait le rite d’absolution en sa faveur et en faveur de sa maison. Il prend les deux boucs et les place devant le Seigneur, à l’entrée de la tente de la rencontre. Aaron tire des sorts sur les deux boucs: un sort  » Pour le Seigneur « , un sort  » Pour Azazel « . Aaron présente le bouc sur lequel est tombé le sort  » Pour le Seigneur « , et il en fait un sacrifice pour le péché. […]
Quand il a fini de faire le rite d’absolution pour le sanctuaire, pour la tente de la rencontre et pour l’autel, il présente le bouc vivant. Aaron impose les deux mains sur la tête du bouc vivant: il confesse sur lui toutes les fautes des fils d’Israël et toutes leurs révoltes, c’est-à-dire tous leurs péchés, et il les met sur la tête du bouc; puis il l’envoie au désert sous la conduite d’un homme tout prêt. Le bouc emporte sur lui toutes leurs fautes vers une terre stérile. Quand il a envoyé le bouc dans le désert, Aaron se rend à la tente de la rencontre, il ôte les vêtements de lin qu’il a revêtus pour entrer dans le sanctuaire et les dépose là. Il se lave le corps à l’eau dans un endroit saint, puis revêt ses vêtements; il sort et offre son holocauste et celui du peuple; il fait le rite d’absolution en sa faveur et en faveur du peuple; il fait fumer à l’autel la graisse des victimes pour le péché. Celui qui a conduit le bouc  » Pour Azazel  » lave ses vêtements et se lave le corps à l’eau; après quoi il rentre au camp.

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