La vocation de Paul - Aller plus loin

Paul, une chronologie possible

Cuvillier, Elian, « Lire les lettres de Paul », in: Debergé, P./J. Nieuviarts, J., Guide de lecture du Nouveau Testament, Paris : Bayard, 2004, p. 391-448:
« Dater les écrits de Paul n’est pas chose facile. Il faut pour cela établir une chronologie de l’activité de Paul lui-même. Une entreprise forcément hypothétique compte tenu des informations en notre possession, parcellaires et souvent très imprécises. Il s’agit en fait de trouver un point d’ancrage dans l’histoire (chronologie absolue) permettant de dater l’ensemble des informations contenues dans les lettres de Paul et dans les Actes (chronologie relative) en les organisant autour de ce point fixe. Fort heureusement, deux épisodes (l’un dans les Actes, l’autre mentionné par Paul lui-même) fournissent des points d’ancrage pour l’établissement d’une chronologie solide : – En 2 Co 11,32, Paul, qui fait allusion à la période suivant sa conversion, indique : « à Damas l’ethnarque du roi Arétas faisait garder la ville pour m’arrêter » (cf. Ac 9,24-25). Sachant qu’Arétas IV, roi nabatéen, régna de 9 av. JC à 39 ap. JC, on peut dater la fuite de Damas d’avant 39. L’auteur du livre des Actes précise, quant à lui, que le premier séjour de Paul à Corinthe, lorsqu’il fonda la communauté, se déroula « sous le proconsulat de Gallion en Achaïe » (Ac 18,12). Or, la période de ce proconsulat a été identifiée par l’inscription dite de Delphes (du lieu où elle a été découverte par les archéologues) aux années 51-52 : « Tibère Claude César Auguste germanicus pontife en la douzième année de son tribunat, acclamé empereur pour la 26e fois (c.-à-d. pour des succès militaires) salue la ville de Delphes […] mon ami Lucius Julien Gallion m’informe… ». Connaissant par ailleurs précisément les dates de règne des empereurs romains, on peut assez précisément dater l’inscription. Sachant d’autre part que Gallion fut proconsul pendant une période d’un an et demi, c’est autour de cette période que se situe le premier séjour de Paul à Corinthe. D’où la proposition de chronologie, relativement classique :
32-34 : conversion-vocation de Paul (Ga 1,15, cf. Ac 9)
32-35/34-37 : voyage en Arabie et à Damas (Ga 1,17 ; 2 Co 11,32-33) ; rencontre avec Pierre à Jérusalem (Ga 1,18-19 ; cf. Ac 9,26-30) ; départ pour la Syrie et la Cilicie (Ga 1,21, cf. Ac 9,20) ; installation à Antioche (Ac 11,25)
av. 48 : premier voyage missionnaire (Ac 13-14)48/49 : assemblée de Jérusalem (Ga 2,1-10, cf. Ac 15)
49 : incident d’Antioche (Ga 2,11-20)
49-50 : second voyage missionnaire (Ac 16-18) : passage à Philippes et Thessalonique : fondation de communautés dans ces villes.
50-52 : Séjour à Corinthe ; fondation de l’Eglise ; rédaction de 1 Thessaloniciens ;
53-56 : troisième voyage missionnaire (Ac 19-20) : séjour à Éphèse et en Asie ; emprisonnement ; retour en Macédoine ;
57/58 : d’Éphèse à Jérusalem (cf. Rm 15,25, cf. Ac 21-23) ;
entre 54 et 58, rédaction de Philippiens et Philémon, de la correspondance corinthienne, de Galates et Romains
58-60 : 3e séjour à Jérusalem : arrestation (cf. Ac 21-23) ; captivité à Césarée (cf. Ac 24-26) ; transfert à Rome (cf. Ac 27)
61-62 : captivité à Rome (cf. Ac 28)
64/66 (?) : sans doute mort martyr (cf. 2 Tm 4,6-8) sous Néron. »

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Celui qui est appelé par une révélation

Kierkegaard, Soeren, Discours édifiants, cité par Patrick Kéchichian, in Kéchichian, Patrick, Breton, Stanislas et Morel, Philippe, La conversion de Paul, Paris: Desclée de Brouwer, 2001, p14

« Celui qui est appelé par une révélation, celui à qui une doctrine est confiée, part, en son argumentation, du fait de la révélation, de l’autorité dont il est investi. Je ne dois pas écouter Paul parce qu’il est un grand, un incomparable esprit, mais je dois m’incliner devant lui parce qu’il est revêtu de l’autorité divine ; et, que je le fasse ou non, il garde en tout cas la responsabilité de produire cette impression d’autorité. Il ne doit pas se prévaloir de la finesse de son esprit, sinon il est un bouffon ; il ne doit pas se mêler de discussions d’ordre purement esthétique ou philosophique sur le fond de sa prédication, sinon il est un distrait. Non ; il doit invoquer son autorité divine et, par elle, tandis qu’il sacrifie de bon gré sa vie et tous ses avantages, couper court à toute impertinente familiarité que l’esthétique ou la philosophie pourraient se permettre à l’égard de la forme et du fond de sa doctrine. »

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