Rire - Textes bibliques

Le rire de Sara

Genèse 18,6-15
Abraham se hâta vers la tente pour dire à Sara: « Vite! Pétris trois mesures de fleur de farine et fais des galettes! » et il courut au troupeau en prendre un veau bien tendre. Il le donna au garçon qui se hâta de l’apprêter. Il prit du caillé, du lait et le veau préparé qu’il plaça devant eux (trois hommes); il se tenait sous l’arbre, debout près d’eux. Ils mangèrent et lui dirent: « Où est Sara ta femme? » Il répondit: « Là, dans la tente. » Le SEIGNEUR reprit: « Je dois revenir au temps du renouveau et voici que Sara ta femme aura un fils. » Or Sara écoutait à l’entrée de la tente, derrière lui. Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes. Sara se mit à rire en elle-même et dit: « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir? Et mon maître est si vieux! » Le SEIGNEUR dit à Abraham: « Pourquoi ce rire de Sara? Et cette question: Pourrais-je vraiment enfanter, moi qui suis si vieille? Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le SEIGNEUR? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils. » Sara nia en disant: « Je n’ai pas ri », car elle avait peur. « Si! reprit-il, tu as bel et bien ri. »

Dans le livre de la Genèse (chapitres 12 à 25), l’histoire d’Abraham est racontée : celle d’un homme avec qui Dieu fait alliance. Dieu promet notamment à Abraham une descendance nombreuse alors que sa femme, Sara, est stérile. Sara conseille même à son mari de créer une famille avec sa servante, Hagar (chapitre 16). Cette situation provoque de nombreux conflits. Au chapitre 18, Dieu confirme la promesse faite à Abraham. En effet, trois étrangers rencontrent Abraham à Mamré. Il leur offre l’hospitalité et les trois hommes annoncent la naissance prochaine d’un fils pour Sara, alors que le couple est déjà très âgé. A ces mots, Sara  » se mit à rire en elle-même  » et Dieu ne comprend pas ce rire : n’aurait-elle pas confiance en sa promesse ? Ce rire souligne bien sûr l’étonnement de Sara et sans doute sa méfiance à l’égard d’une telle promesse. Sa stérilité est vécue comme une punition, source de grands malheurs et de difficultés avec Abraham. On pourrait distinguer ce rire des autres : non pas un rire issu d’une situation comique (même si les apparences peuvent l’être) mais désespérément tragique.
Sara donnera pourtant bien naissance à un fils : Isaac. Isaac signifie en hébreu :  » Que Dieu rie, sourie, soit bienveillant « .

Genèse 21,6
Sara s’écria:  » Dieu m’a donné sujet de rire! Quiconque l’apprendra rira à mon sujet « 

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Jésus a-t-il ri ?

Si les évangiles ne contiennent pas de passages dans lesquels Jésus rit explicitement, ils n’en rapportent pas plus sur ses goûts, sa psychologie. Autrement dit, les évangiles n’ont pas pour objectif de décrire l’intériorité de Jésus, mais de témoigner de leur foi en sa Parole annoncée de la part de Dieu. Au coeur de cette Parole, il y a une promesse de joie : Dieu est présenté comme la source de toute joie. En se communiquant aux hommes, Dieu leur communique aussi cette joie. La joie faisant bon ménage avec le rire, on peut en ce sens relire le verset suivant de l’apôtre Paul :

Philippiens 4,4
« Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous ».

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Jésus a-t-il condamné le rire ?

Luc 6,20-26
Heureux, vous qui avez faim maintenant: vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant: vous rirez. Heureux êtes-vous lorsque les hommes vous haïssent, lorsqu’ils vous rejettent et qu’ils insultent et proscrivent votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous ce jour-là et bondissez de joie, car voici, votre récompense est grande dans le ciel; c’est en effet de la même manière que leurs pères traitaient les prophètes. Mais malheureux, vous les riches: vous tenez votre consolation. Malheureux, vous qui êtes repus maintenant: vous aurez faim. Malheureux, vous qui riez maintenant: vous serez dans le deuil et vous pleurerez. Malheureux êtes-vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous: c’est en effet de la même manière que leurs pères traitaient les faux prophètes.

Ces versets sont extraits d’enseignements que Jésus dispense. Sous forme de béatitude (« Heureux ! » formule qui exprime une joie accordée par Dieu), Jésus parle des pleurs et du rire. Jésus s’adresse particulièrement à ses disciples, aux auditeurs de Luc également : Jésus parle à ceux qui « pleurent », qui « sont haïs », « rejetés », « insultés », etc. Ses paroles prennent alors le sens d’une consolation et d’un encouragement. Il faut souligner que le rire dont il est question (« Malheureux vous qui riez maintenant », verset 25) est celui des repus, des moqueurs qui rejettent l’Evangile annoncé par les disciples de Jésus. Alors que le rire promis par Jésus (« Heureux vous qui pleurez maintenant : vous rirez », verset 21) est le rire de la joie retrouvée, de la plénitude offerte. Ces versets ne condamnent pas le rire. Au contraire, ils promettent, ici et maintenant, un rire joyeux (et non moqueur) à ceux qui sont oubliés du monde et des autres.

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Un rire de la mesure

Ecclésiaste (Qohéleth) 7,3-5
Mieux vaut le chagrin que le rire, car sous un visage en peine, le coeur peut être heureux; le cœur des sages est dans la maison de deuil, et le cœur des insensés, dans la maison de joie. Mieux vaut écouter la semonce du sage, qu’être homme à écouter la chanson des insensés.

Dans l’Ancien Testament, le livre de Qohéleth fait partie des écrits dits « de sagesse ». Qohéleth oppose le rire du croyant « sensé » au rire moqueur des « sots » et des « méchants ». Les insensés exagèrent lorsqu’ils rient, le sage est plus discret. Le sage apprécie le rire « mesuré » car il sait qu’il y a dans la vie « un temps pour rire » et un autre « pour pleurer ». Ce n’est donc pas le rire qui est condamné, mais l’exagération, la démesure, l’absence de toute limite.

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Le rire moqueur

Dans l’Ancien Testament, les hommes méchants sont souvent présentés comme des moqueurs alors que les hommes sages sont présentés comme des tempérés. Cette gausserie des moqueurs peut concerner la parole de Dieu lorsque le prophète parle :

Jérémie 20,7
SEIGNEUR, tu as abusé de ma naïveté, oui, j’ai été bien naïf; avec moi tu as eu recours à la force et tu es arrivé à tes fins. A longueur de journée, on me tourne en ridicule, tous se moquent de moi.

ou relate l’attitude de ses opposants :

2Chroniques 30,10
Les coureurs passèrent de ville en ville dans le pays d’Éphraïm et de Manassé, jusqu’en Zabulon, mais on riait d’eux et on se moquait d’eux.

La moquerie peut aussi concerner directement le prophète :

Psaume 22,8
Tous ceux qui me voient, me raillent; ils ricanent et hochent la tête.

Lamentations 3,14
Me voilà la risée de tout mon peuple, sa perpétuelle rengaine.

Dans le Nouveau Testament, le rire de ceux qui rejettent le Fils de Dieu éclate lors de la Passion du Christ (ses souffrances). Les passants se moquent :

Marc 15,29
Les passants l’insultaient hochant la tête et disant: « Hé! Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours.

Les chefs du peuple se gaussent :

Luc 23,35
Le peuple restait là à regarder; les chefs, eux, ricanaient; ils disaient: « Il en a sauvé d’autres. Qu’il se sauve lui-même s’il est le Messie de Dieu, l’Élu! ».

Plus tard, dans le Livre des Actes, on peut noter deux rires moqueurs : celui des Athéniens à la prédication de Paul sur la résurrection :

Actes 17,32
Au mot de « résurrection des morts », les uns se moquaient, d’autres déclarèrent: « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois. »

et celui de ceux qui refusent les signes proches du jugement :

2Pierre 3,3
Tout d’abord sachez-le: dans les derniers jours viendront des sceptiques moqueurs menés par leurs passions personnelles.

Ce n’est pas le rire en lui-même qui est condamné. A chaque fois, l’auteur dénonce la moquerie, le rejet des autres et de Dieu qu’un certain rire peut signifier.

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