Qu’est ce qui justifie ma vie ?

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La justification gratuite est le centre d’une prédication qui annonce non pas la loi Cette notion est essentielle en théologie. Bien qu'elles aient été souvent confondues, il faut distinguer la loi civile qui organise la société et la loi religieuse qui dit ce que l'être humain doit faire pour être agréable à Dieu. Cette dernière peut être reçue de deux manières : comme un commandement que l'être humain doit accomplir pour être sauvé ; ou bien comme un commandement qui révèle à l'être humain combien il est incapable de se sauver lui-même. Dans le premier cas, nous parlerons d'un par les œuvres, dans le deuxième cas, l'être humain ne peut que compter sur la grâce de Dieu. En théologie, on parle aussi d'un 3e usage de la loi qui se trouve chez le Calvin. Elle est alors une exigence éthique qui indique ce que le croyant est appelé à vivre à l'écoute de la de Dieu. Non afin de gagner son salut par ses œuvres mais comme réponse joyeuse et reconnaissante à l'amour de Dieu. , mais l’évangile Le mot évangile est un mot grec qui signifie " bonne nouvelle " ou " bon message ". On distingue deux compréhensions. Ce mot correspond premièrement à un genre littéraire et désigne les quatre premiers livres du : les évangiles selon Matthieu, selon Marc, selon Luc et selon Jean. On l'écrit alors avec une minuscule. Deuxièmement, il désigne un contenu. L'Evangile est alors la bonne nouvelle dont témoigne Jésus de la part de Dieu. Ce message de n'est pas indépendant de celui qui l'apporte. On peut dire que c'est Jésus lui-même qui est en quelque sorte la bonne nouvelle que Dieu envoie aux hommes. L'usage majuscule /minuscule peut parfois être inversé (l'évangile de Jésus Christ parce qu'évangile est un nom commun ; l'Evangile de Matthieu parce que c'est un titre de livre). . Contrairement à ce que l’on dit parfois, ce message du salut comprend le salut comme l'action de Dieu qui libère. Le texte de référence est la sortie d'Egypte, la libération de l'esclavage, de l'oppression. Cette idée de libération est reprise par le Nouveau Testament. La guérison d'une maladie, la relation rétablie avec Dieu et les autres, l'accueil de celui qui se considère perdu...sont signes du salut que Dieu donne. Le verbe "sauver" s'emploie au passif ce qui souligne le fait que Dieu est l'auteur du salut. L'être humain est sauvé, il ne se sauve pas lui-même gratuit est très difficile à accepter. Il se heurte à des résistances profondes qui tiennent au désir humain d’avoir des titres, de posséder une valeur intrinsèque. Recevoir sans mériter demande une sorte de mort à soi-même à laquelle nous essayons toujours d’échapper. L’être humain se définit souvent et se caractérise par ce qu’il fait. Son activité, ses oeuvres, son travail font de lui ce qu’il est et créent son identité. La justification gratuite contredit un thème essentiel de notre culture, et se situe à contre-courant. Le drame que représente le chômage conduit à se demander si on n’a pas survalorisé le travail ; quelqu’un qui ne fait rien perd-il vraiment sa dignité et sa valeur ?

André Gounelle

  • En quoi ce raisonnement vous touche-t-il ou vous questionne-t-il ?

  • Qu’associez-vous spontanément à la notion de  » gratuité  » ?

La justification gratuite est le centre d’une prédication qui annonce non pas la loi Cette notion est essentielle en théologie. Bien qu'elles aient été souvent confondues, il faut distinguer la loi civile qui organise la société et la loi religieuse qui dit ce que l'être humain doit faire pour être agréable à Dieu. Cette dernière peut être reçue de deux manières : comme un commandement que l'être humain doit accomplir pour être sauvé ; ou bien comme un commandement qui révèle à l'être humain combien il est incapable de se sauver lui-même. Dans le premier cas, nous parlerons d'un par les œuvres, dans le deuxième cas, l'être humain ne peut que compter sur la grâce de Dieu. En théologie, on parle aussi d'un 3e usage de la loi qui se trouve chez le Calvin. Elle est alors une exigence éthique qui indique ce que le croyant est appelé à vivre à l'écoute de la de Dieu. Non afin de gagner son salut par ses œuvres mais comme réponse joyeuse et reconnaissante à l'amour de Dieu. , mais l’évangile Le mot évangile est un mot grec qui signifie " bonne nouvelle " ou " bon message ". On distingue deux compréhensions. Ce mot correspond premièrement à un genre littéraire et désigne les quatre premiers livres du : les évangiles selon Matthieu, selon Marc, selon Luc et selon Jean. On l'écrit alors avec une minuscule. Deuxièmement, il désigne un contenu. L'Evangile est alors la bonne nouvelle dont témoigne Jésus de la part de Dieu. Ce message de n'est pas indépendant de celui qui l'apporte. On peut dire que c'est Jésus lui-même qui est en quelque sorte la bonne nouvelle que Dieu envoie aux hommes. L'usage majuscule /minuscule peut parfois être inversé (l'évangile de Jésus Christ parce qu'évangile est un nom commun ; l'Evangile de Matthieu parce que c'est un titre de livre). . Contrairement à ce que l’on dit parfois, ce message du salut comprend le salut comme l'action de Dieu qui libère. Le texte de référence est la sortie d'Egypte, la libération de l'esclavage, de l'oppression. Cette idée de libération est reprise par le Nouveau Testament. La guérison d'une maladie, la relation rétablie avec Dieu et les autres, l'accueil de celui qui se considère perdu...sont signes du salut que Dieu donne. Le verbe "sauver" s'emploie au passif ce qui souligne le fait que Dieu est l'auteur du salut. L'être humain est sauvé, il ne se sauve pas lui-même gratuit est très difficile à accepter. Il se heurte à des résistances profondes qui tiennent au désir humain d’avoir des titres, de posséder une valeur intrinsèque. Recevoir sans mériter demande une sorte de mort à soi-même à laquelle nous essayons toujours d’échapper. L’être humain se définit souvent et se caractérise par ce qu’il fait. Son activité, ses oeuvres, son travail font de lui ce qu’il est et créent son identité. La justification gratuite contredit un thème essentiel de notre culture, et se situe à contre-courant. Le drame que représente le chômage conduit à se demander si on n’a pas survalorisé le travail ; quelqu’un qui ne fait rien perd-il vraiment sa dignité et sa valeur ?

André Gounelle

Soyez acteur de votre lecture

Dans le texte  » Qu’est-ce qui justifie ma vie « :

  • Cherchez dans le dictionnaire le mot  » salut « . Que découvrez-vous ?

  • Le mot salut est-il pour vous, aujourd’hui, compréhensible ? Correspond-il à une notion pertinente ?

  • Le texte parle de  » résistances profondes  » qui font que nous avons du mal à accepter la gratuité. Y a-t-il des situations où vous ressentez ces résistances ?

  • La survalorisation du  » faire  » est-elle liée à une recherche
    d’identité,
    de dignité,
    de profit,
    de reconnaissance,
    de valorisation ?

La vie de l'être humain vaut-elle plus que l'ensemble de ses actes, de ses pensées, de ses positions, de ses choix ? Pourquoi?
Comment traduiriez-vous le mot "salut" pour qu'il soit compréhensible pour nos contemporains ?
Est-il possible de comprendre le salut comme une question essentielle de l'être humain qui est à la recherche du sens de sa vie ?

Un peu de culture...

Identité


Poème de Dietrich Bonhoeffer 1906-1945.Théologien protestant. Il devient pasteur et aumônier auprès des étudiants. Il enseigne à Berlin. En 1935, il dirige le séminaire de prédicateurs (illégal aux yeux des nazis) de Finkenwalde. Il n'a plus le droit d'enseigner ni de publier sous les nazis, il entre dans la résistance. En 1943, il est arrêté et meurt pendu dans le camp de concentration de Flossenbürg les derniers jours de la guerre. C'est dans ses années d'emprisonnement qu'il rédige entre autres le poème "Qui suis-je". Ses œuvres les plus connues sont Suivance [Nachfolge], son Ethique et Résistance et Soumission [Widerstand und Ergebung]. « 

Qui suis-je ?  »

Qui suis-je ?
Qui suis-je ? Souvent ils me disent
que de ma cellule je sors
détendu, ferme et serein,
tel un gentilhomme de son château.

Qui suis-je ? Souvent ils me disent
qu’avec mes gardiens je parle
aussi librement, amicalement et franchement
que si j’avais, moi, à leur donner des ordres.

Qui suis-je ? Ils me disent aussi
que je supporte les jours de l’épreuve,
impassible, souriant et fier,
comme quelqu’un qui est habitué à vaincre.

Suis-je vraiment celui qu’ils disent ?
Ou seulement cet homme que moi seul connais ?
Inquiet, malade de nostalgie, pareil à un oiseau en cage,
Cherchant mon souffle comme si quelqu’un m’étranglait,
avide de couleurs, de fleurs, de chants d’oiseaux,
assoiffé d’une bonne parole, de proximité humaine,
tremblant de colère au spectacle de l’arbitraire et de l’humiliation la plus mesquine,
agité par l’attente de grandes choses,
craignant et ne pouvant rien faire pour des amis terriblement loin,
trop fatigué et vide pour prier, pour penser, pour entreprendre,
las et prêt de tout abandonner ?

Qui suis-je ? Celui-ci ou celui-là ?
Suis-je aujourd’hui celui-ci et demain un autre ?
Suis-je les deux à la fois ? Un hypocrite devant les hommes
et devant moi un faible, piteux et méprisable ?
Ou bien ce qui est en moi ressemble-t-il à l’armée vaincue,
qui fuit en désordre devant la victoire déjà remportée ?

Qui suis-je ? Ce questionnement solitaire me tourne en dérision.
Qui que je sois, Toi, tu me connais : je suis tien, ô Dieu !

(Dietrich Bonhoeffer)



Un rêve


J’ai fait un rêve. Je cheminais sur une plage côte à côte avec Dieu. Nos pas se dessinaient sur le sable, laissant une double empreinte, la mienne et celle de Dieu. L’idée me vint, c’était un songe, que chaque empreinte représentait un jour de ma vie. Je me suis arrêté pour regarder en arrière. J’ai vu toutes ces traces, elles se perdaient au loin. et en certains points, au lieu de deux empreintes, il n’y en avait qu’une. J’ai revu le film de ma vie. et à ma grande surprise, les points à empreinte unique correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence. Jours d’épreuve et de doute. Jours des questions sans réponse sur les hommes et sur Dieu . Jours d’erreur et d’errance, de solitude et de souffrances, jours de colère et de mauvaise humeur. Jours insupportables où moi-même j’avais été insupportable. Alors, me retournant vers Dieu, je lui dis : n’avais-tu pas promis d’être avec moi chaque jour pour m’accompagner ? Pourquoi m’as-tu laissé seul aux plus durs moments de ma vie, seul aux jours où j’aurais eu tellement besoin de toi ? Alors mon Dieu m’a répondu : mon ami, les jours où tu ne vois qu’une seule trace de pas sur le sable sont les jours où je t’ai porté.

(Adémar de Barros, auteur brésilien)