Qu’est ce qui justifie ma vie ? - Aller plus loin

Justification gratuite

Luther distingue la « justice active » par laquelle l’homme prétend, par ses bonnes œuvres se rendre juste devant Dieu, et la « justice passive » selon laquelle l’homme est déclaré juste par Dieu en dehors de ses œuvres et de ses mérites. Luther (re-)découvre cette dernière en particulier dans sa lecture de l’épître de Paul aux Romains.
Dans le vocabulaire du Nouveau Testament, « être justifié » veut dire avoir une relation juste avec Dieu. Etre justifié par les œuvres signifie que nous avons cette relation juste grâce à nos pensées, nos sentiments et notre comportement. Etre justifié par la grâce signifie que nous sommes incapables de parvenir par nos propres moyens à cette juste relation avec Dieu, et que c’est Dieu qui l’établit voire la rétablit. La Réforme Il s'agit du mouvement de réforme religieuse qui, au 16e siècle, a contesté les positions traditionnelles de l'Eglise et donné naissance au protestantisme. Les Eglises luthériennes sont issues de l'œuvre théologique du Réformateur allemand Martin Luther, et les Eglises réformées de l'œuvre théologique du Réformateur français Jean Calvin. a surtout insisté sur la justification en tant que pardon des péchés. Le péché est ce qui empêche d’avoir une juste relation avec Dieu. Mais Dieu décide de l’effacer, de nous sauver, c’est-à-dire de rendre authentique notre vie, malgré nos fautes. La justification a aussi un rapport étroit avec le thème du Royaume de Dieu Dans la Bible et la littérature chrétienne ce terme, abrégé de "Royaume des cieux", ou encore "Royaume de Dieu" veut dire plusieurs choses à la fois. Pour le comprendre, il faut regarder le contexte dans lequel il est utilisé., un univers (êtres et choses) en juste relation avec Dieu.

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Prédestination

« Comme pour la prédestination, un principe d’ignorance est inscrit au coeur de la Providence divine : toutes mes questions ne trouvent pas leur réponse, et l’énigme du mal demeure. Le mal n’est pas expliqué, justifié, résolu dans une théorie qui prétend, d’une manière ou d’une autre saisir les intentions secrètes de Dieu. Il ne s’agit pas d’expliquer et de justifier… Inscrite dans cette perspective, la foi en la Providence divine est aux antipodes d’un déterminisme. Elle permet au croyant d’assumer les défis de sa vie dans le monde en toute liberté, dans une sérénité lucide, consciente des limites qui lui sont imparties. » (Pierre Bühler)

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Salut

« Porter la vie à bras-le-corps, telle est l’exigence sous laquelle nombre de personnes ploient – ou se brisent, ne se sentant pas la force d’Atlas face à une responsabilité qui s’exacerbe en l’exigence infinie d’être à soi-même son propre fondement. Peut-on ainsi se porter soi-même par ses propres forces ? Et pourtant, dit la sagesse, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Les valeurs porteuses peuvent être diverses : l’amour, le travail, le bonheur, le bien-être, la gloire, etc. Mais tout cela ne tombe pas du ciel. Il vaut mieux t’en occuper. Porte-toi, et le ciel te portera !
Et si tu te laissais porter ?, demande la foi. Sur la croix, Jésus ne portait pas le monde à bras-le-corps, mais il est mort les bras en croix, s’abandonnant au Dieu qui l’abandonnait. Fondé sur cet événement de la croix, l’évangile proclame sa promesse inconditionnelle : « Dans l’abandon, tu seras porté ! Et alors, tu pourras mieux porter, tout autour de toi, parce que tu ne t’épuiseras pas à te porter toi-même. » » (Pierre Bühler)

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Le salut par la grâce seule. Une reconnaissance qui nous précède.

«  » Mesdames et Messieurs, excusez-moi de vous déranger. Je suis à la rue et sans ressources… » Nous savons maintenant que ces mots peuvent être prononcés non seulement par un itinérant en bout de course, naufragé de la vie, mais également par un ancien cadre, lui aussi brusquement abattu par la chômage, donc la dépression, le divorce, la solitude. C’est pourquoi ceux qui nous demandent de l’argent peuvent nous apitoyer, nous agacer, nous révolter ou tout cela à la fois mais, en plus, ils nous font peur : qui sait si, par les malchances de la vie, je ne pourrais pas, moi aussi, me retrouver un jour dans cette situation ?
Mais pourquoi certains s’effondrent-ils et d’autres non ? Pourquoi certains surmontent-ils le chômage, la dépression, l’isolement et d’autres s’y enlisent-ils ? Et pourquoi ces différences de réactions s’observent-elles dans tous les milieux sociaux, même si certains offrent, bien sûr, plus de protection que d’autres ? Qu’est-ce qui fait en somme, que l’on peut s’effondrer dans la marginalité ou, à l’inverse, rester centré et tenir debout ? Il y a certainement de nombreux éléments de réponse à cette question. Quand on les examine l’un après l’autre, il me semble pourtant qu’il en est un qui résiste plus que les autres.
Ce qui nous centre et nous soutient, c’est la certitude de compter pour quelqu’un d’autre. Le chômage peut parfois devenir un gouffre parce qu’il éveille le sentiment chez le chômeur de ne plus compter pour la société et donc plus pour personne. S’il y a tant de suicides chez les retraités et les personnes âgées, c’est probablement en raison d’une insupportable impression de n’être qu’un poids mort. Les prisons sont pleines d’hommes qui, presque toujours, ont éprouvé un vide affectif, une impression d’être là par hasard ou en trop, bref de n’avoir pas leur place, de ne pas compter et cela aussi loin que leur mémoire remonte. Et la liste des contre-exemples pourrait être longue. Sans cette certitude, qui me leste et m’enracine, de compter pour quelqu’un, tout événement déstabilisateur peut prendre les dimensions d’un séisme, jusqu’à me mettre à bas.
Précisons encore, car nous touchons là à l’essentiel : il s’agit de compter pour quelqu’un, mais de manière inconditionnelle. Tout est dans ce mot. Notre société est pleine de reconnaissance pour ceux qui savent faire leurs preuves, c’est-à-dire qui sont productifs, toujours jeunes et beaux, à la pointe de l’innovation ou de la performance. Mais cette reconnaissance-là est éminemment conditionnée : que je faiblisse, que je vieillisse, que je ralentisse et elle ne me sera plus donnée. Or l’expérience décisive, celle qui me permet d’exister en dépit de tout, c’est de compter ou d’avoir compté, inconditionnellement, pour quelqu’un. Si je n’ai pas fait au moins une fois cette expérience, à quoi bon vivre ?
C’est notamment dans ce registre des relations interpersonnelles que l’on peut comprendre l’affirmation du  » salut par la grâce seule « . Car elle consiste à dire : toi, tel que tu es, tu comptes inconditionnellement pour Dieu. De manière ultime, irréversible et inconditionnelle. Avant même que tu en aies pris conscience, Dieu te reconnaît comme tu es et cette reconnaissance ne te sera jamais enlevée. C’est pourquoi il est appelé « Père ». C’est là ton salut : fondée sur ce socle, ta vie vaut la peine d’être vécue, même dans les difficultés, les deuils, les doutes et les morts. Et ce salut est par la grâce seule : il n’est d’aucune manière lié à tes succès et à tes échecs, puisque cette reconnaissance de Dieu te précède absolument, t’est donnée et cela de manière inconditionnelle. Débarrassée de son vocabulaire technique et de son contexte post-médiéval, l’affirmation du salut par la grâce seule est donc d’une simplicité déroutante. C’est au fond cela qui la rend si difficilement croyable. Comme on le voit, elle n’a rien d’une curiosité dépassée, à embaumer pieusement. elle rejoint l’être humain dans son intime le plus secret : elle provoque en même temps de puissants effets libérateurs à l’égard de toute instance de reconnaissance sociale (argent, pouvoir, titres, réussites, etc.) qui se trouve relativisée dès lors que la reconnaissance inconditionnelle est déjà jouée ailleurs. Le salut par la grâce seule est probablement le plus nécessaire et le plus contestataire des messages pour notre temps. » (Laurent Schlumberger)

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