Incarnation - Aller plus loin

Texte anonyme du 17e siècle

 » Voici un homme, né dans un village inconnu, enfant d’une paysanne. Il travailla chez un charpentier jusqu’à l’âge de 30 ans, puis pendant 3 ans il devint prédicateur itinérant. L’opinion du peuple soudain se retourna contre lui. Ses amis prirent la fuite et l’abandonnèrent. Il subit une parodie de procès, il fut cloué sur une croix entre deux voleurs, une fois mort on le décrocha et le coucha dans une tombe qui n’était pas la sienne, et ceci grâce à la pitié d’un ami.
Et pourtant, je suis absolument sûr de moi quand je dis que toutes les armées qui ont jamais défilé, que tous les parlementaires qui ont jamais siégé et que tous les rois qui ont jamais régné, tous mis ensemble, n’ont jamais affecté la vie de l’homme sur cette terre autant que cette unique vie à elle seule. « 

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Thomas d'Aquin

Thomas d’Aquin Philosophe et théologien . De naissance noble (sa famille fait partie de l'aristocratie napolitaine), il est oblat de 1230 à 1235 à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin. Somme théologique tome 4 Paris Cerf 1986 p. 16-17.

  •  » Convenait-il à Dieu de s’incarner ? […]
    Réponse : Pour tout être, ce qui est convenable est ce qui lui incombe en raison de sa nature propre ; c’est ainsi qu’il convient à l’homme de raisonner puisque, par nature, il est un être raisonnable. Or la nature même de Dieu, c’est l’essence de la bonté, comme le montre Denys. Aussi tout ce qui ressortit à la raison de bien convient à Dieu. Or, il appartient à la raison de bien qu’il se communique à autrui, comme le montre Denys. Aussi appartient-il à la raison du souverain bien qu’il se communique souverainement à la créature. Et cette souveraine communication se réalise quand Dieu  » s’unit à la nature créée de façon à ne former qu’une seule personne de ces trois réalités : le Verbe, l’âme et la chair « , selon S. Augustin. La convenance de l’Incarnation apparaît donc à l’évidence. […]

  • L’incarnation était-elle nécessaire à la restauration du genre humain ? […]
    Réponse : Quelque chose est dite nécessaire à une fin de deux façons : de telle façon que sans cela quelque chose ne puisse pas exister ; c’est ainsi que la nourriture est nécessaire à la conservation de la vie humaine. Ou bien parce que cela permet de parvenir à la fin de façon meilleure et plus adaptée ; c’est ainsi qu’un cheval est nécessaire pour voyager. De la première façon l’Incarnation n’était pas nécessaire à la restauration de notre nature ; car Dieu, par sa vertu toute-puissante, aurait pu restaurer notre nature de bien d’autres manières. De la seconde façon, il était nécessaire que Dieu s’incarne pour restaurer notre nature. C’est ce que dit S. Augustin :  » Montrons que Dieu, à la puissance de qui tout est également soumis, avait la possibilité d’employer un autre moyen, mais qu’il n’y en a eu aucun plus adapté à notre misère et à notre guérison. » Et on peut l’envisager au point de vue de notre progrès dans le bien. 1° Notre foi devient plus assurée, du fait que l’on croit Dieu qui nous parle en personne. Selon S. Augustin :  » Pour que l’homme marche avec plus de confiance vers la vérité, la Vérité en personne, le Fils de Dieu, en assumant l’humanité, a constitué et fondé la foi. » -2° L’espérance est par là soulevée au maximum. Selon S. Augustin :  » Rien n’était aussi nécessaire pour relever notre espérance que de nous montrer combien Dieu nous aimait. Quel signe plus évident pouvons-nous en avoir que l’union du Fils de Dieu à notre nature ? « 

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Antoinette Butte

Butte Antoinette L’incarnation Paris/Lausanne Fischbacher/Payot 1936 p.20-21-22-23-24-25-26
Dans ce texte, Antoinette Butte Antoinette Butte est une grande figure du scoutisme français. Après la Première Guerre mondiale, elle entrevoit ce que le scoutisme peut apporter à des enfants dépourvus de soutien. souligne que l’idée d’incarnation peut-être interprétée de différentes manières :

 » Ce peut être l’idée de l’incarnation impersonnelle d’un souffle vital à peine conscient : c’est la religion panthéiste. L’idée de bons et mauvais esprits qui viennent habiter les hommes, les bêtes ou les choses ; et c’est l’animisme. Ou l’idée plus haute d’un même grand Esprit animant diverses chairs ; et ce sont les grandes religions, égyptienne, chaldéenne, hindoue, etc., où des créatures incarnent Dieu. Ces religions orientales, qui ont vu et mené si magnifiquement le combat entre l’esprit et la matière, ont tout incarné de divin l’univers, et reconnu le même Dieu manifeste en la bête sacrée et l’initié né de l’Esprit. Le devenir de l’homme est pour elle cet épurement progressif qui raréfie la chair au profit de l’esprit. Incarnations, réincarnations successives, initiations progressives, ascétismes aux mille secrets. Religions ésotériques où l’individu passe de zone en zone, de mystère en mystère, jusqu’à décanter tout le charnel et devenir pur esprit. […]
Et puis voici le christianisme.
Il se distingue de toutes les religions parce qu’il proclame la divinité de Jésus-Christ, celui que saint Jean appelle le Verbe incarné. Certes, la religion hindoue connaît aussi la Parole, watsch ; et la religion perse, un Verbe créateur, Honover. Le judaïsme connaît  » l’Ange de l’Eternel « . Philon, paraphrasant Platon, expose aussi une doctrine du Logos, Logos immanent et Logos manifeste.
Mais il s’agit en tout ceci d’une émanation de la divinité, non personnifiée, et qui s’incarne plusieurs fois.
Le Christianisme, lui, appelle Verbe incarné une incarnation à la fois personnelle et unique, perfection humaine et divine bien définie, Jésus-Christ. […]
Jésus-Christ n’a pas de ciel à conquérir. Il  » est depuis le commencement du monde « . Il  » descend du sein du Père « . Il est la Lumière – Il est la Vérité – Il est la Vie. C’est Dieu lui-même en un corps d’homme, le Fils Unique comme disent saint Jean, saint Paul, et les symboles des Apôtres et de Nicée qui définissent la foi chrétienne des premiers siècles. « 

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Jacques Ellul

Ellul Théologien protestant, historien et sociologue français, Jacques Ellul a enseigné le Droit à divers universités françaises. Il entreprend des travaux de recherche sur l'évolution de la société contemporaine où la technocratie de la société moderne va de pair avec la disparition du monde rural traditionnel. Jacques Fausse présence au monde moderne Paris Les Bergers et les Mages 1963 p.17
 » Ainsi, les actions humaines sont des actions positives : il s’agit donc que le chrétien y participe. Non pas comme un pis-aller, non pas comme une pénétration dans un monde absurde et sans signification, mais, au contraire, dans un monde positif, dans un monde où il ne peut que révéler aux hommes qui font l’histoire à quel point ces œuvres sont dignes, valables et pleines de sens devant Dieu parce qu’incluses dans la Seigneurie de Jésus-Christ. Le chrétien n’a donc pas à  » christianiser  » les actions et les œuvres de l’homme laïque ; il n’a pas à faire une oeuvre  » chrétienne  » : il n’a qu’à participer aux œuvres des hommes, de tous les hommes, justement parce que ce sont ces œuvres-là, même quand elles sont antichrétiennes, qui sont sous la Seigneurie de Jésus-Christ, qui sont rachetées (même quand les hommes n’en savent rien), et promises au Royaume de Dieu. Il n’y a qu’à rechercher le bien de la cité des hommes. Dès lors, le chrétien peut (et doit) – et ce sera sa vraie façon de témoigner – participer au monde politique, à l’action politique, au progrès technique et scientifique (sans se poser de question sur ce qui serait  » permis  » ou non), aux œuvres économiques, etc. […] Parce que Christ l’a libéré, il n’a plus à être enserré dans un ensemble de lois paralysantes. […] il doit marcher dans le sens de la construction du monde […] et, accomplissant ainsi une œuvre-pour-l’homme, il accomplit en même temps une œuvre qui entre dans le dessein de Dieu.
Dieu en Jésus-Christ a affirmé le Oui à l’œuvre de tout homme, et nous n’avons qu’à le répéter. Dieu a fermé la voie à tout ce qui est négatif et mort, par la résurrection. Dieu a rendu la désobéissance impossible, par l’obéissance de son Fils. Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. Enfin rappelons incidemment que cela conduit à dire qu’il n’y a donc aucune frontière entre l’Eglise et le monde, et que la grandeur importante en tout cela, c’est le monde, et l’action des hommes dans le monde. « 

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Catéchisme de l'Eglise catholique

Extrait du Catéchisme catholique publié en octobre 1992 avec les corrections de 1998:

 » 464 – L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni qu’il soit le résultat du mélange confus entre le divin et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi, l’Eglise a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient.

469 – L’Eglise confesse ainsi que Jésus est inséparablement vrai Dieu et vrai homme. Il est vraiment le Fils de Dieu qui s’est fait homme, notre frère, et cela sans cesser d’être Dieu, notre Seigneur.

Pour lire l’ensemble : http://www.catho.org/

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Karl Barth

Karl Barth L’humanité de Dieu Genève Labor et Fides (Les cahiers du renouveau), XIV 1956 p.22-23
 » En Jésus-Christ, tel que la Bible en témoigne, nous n’avons pas affaire à l’homme d’une manière abstraite : il n’y est pas question d’un homme qui pense pouvoir se suffire à lui-même avec son peu de religion et sa morale religieuse, devenant ainsi lui-même Dieu ; en même temps, il n’y est pas non plus question d’un Dieu abstrait, c’est-à-dire séparé de l’homme dans sa divinité, éloigné et étranger et qui ne serait donc pas humain, mais en quelque sorte inhumain. En Jésus-Christ l’homme n’est pas fermé vers le haut et Dieu ne l’est pas non plus vers le bas. En lui, une histoire se déroule, un dialogue s’engage, dans lesquels Dieu et l’homme se rencontrent et sont ensemble, dans la réalité de l’alliance conclue, maintenue et accomplie pour l’un et l’autre. Dans sa personne, Jésus-Christ est précisément le vrai Dieu de l’homme et, comme vrai homme, le fidèle partenaire de Dieu ; il est à la fois le Seigneur qui s’abaisse jusqu’à communier avec l’homme, et le serviteur élevé jusqu’à la communion avec Dieu ; il est la Parole prononcée dans l’au-delà le plus élevé et le plus lumineux, comme celle aussi qui reçue dans l’ici-bas le plus profond et le plus sombre : l’un et l’autre sont en lui, non confondus mais pas non plus séparés, tous les deux pleinement. C’est dans cette unité que Jésus-Christ est le médiateur, le réconciliateur entre Dieu et l’homme, exigeant et suscitant la foi, l’amour et l’espoir de l’homme, intervenant de la part de Dieu et se substituant à l’homme pour satisfaire à sa place, intercédant en même temps pour cet homme auprès de Dieu. Il annonce ainsi et garantit à l’homme la libre grâce de Dieu, comme il atteste aussi et garantit à Dieu la libre reconnaissance de cet homme. Il établit donc dans sa personne le droit de Dieu sur l’homme et en même temps le droit de l’homme devant Dieu. En sa personne, il est l’alliance dans sa plénitude, le royaume de Dieu qui s’est approché, où Dieu parle et l’homme écoute, Dieu accorde et l’homme reçoit, Dieu ordonne et l’homme obéit, où l’honneur de Dieu rayonne dans les lieux élevés – mais aussi, venant d’en haut, dans les profondeurs – et où la paix devient un événement sur la terre, parmi les hommes qu’il agrée. Dans cette situation, comme médiateur et réconciliateur de Dieu et de l’homme, Jésus-Christ est aussi celui qui les révèle l’un à l’autre. Ce que Dieu est en vérité, comme ce qu’est l’homme, nous n’avons pas à le chercher au hasard ou à l’inventer, mais à le découvrir là où la vérité de l’un et de l’autre habite : en Jésus-Christ, où la plénitude de leur coexistence et de leur alliance nous est présentée. « 

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Thomas A Kempis

Kempis Thomas A L’imitation de Jésus-Christ trad. Abbé Fernand Martin Paris Classiques Garnier 1936 p.3.
L’imitation de Jésus Christ est proposée par beaucoup d’auteurs spirituels du Moyen-Age (et plus tard) comme chemin d’une véritable union avec le Christ. Il s’agit de ressembler le plus possible à ce que l’on sait du Christ : adopter son humilité, sa patience, sa douceur, mais aussi sa souffrance. Certains auteurs de l’imitatio Christi vont insister sur la recherche de la souffrance et ainsi donner naissance au dolorisme. Ce mot désigne un type d’union avec le Christ qui exalte souffrances et douleur du croyant en communion avec lui.

 » Celui qui me suit, dit le Seigneur, n’avance pas dans les ténèbres.
Telles sont les paroles du Christ qui nous rappellent
Que nous devons imiter sa vie et ses vertus
Si nous voulons véritablement marcher dans la lumière
Et sans rien dans le cœur qui obscurcisse la vue.
Employons donc tout notre esprit
A méditer la vie de Jésus-Christ.
L’enseignement de Jésus-Christ
Vaut mieux que tous les enseignements des Saints,
Et celui qui en aurait l’esprit
Trouverait la manne cachée dans cet enseignement divin. […]
Pour comprendre et goûter pleinement les paroles du Christ,
Il faut s’appliquer à modeler intégralement sa vie sur la vie du Christ. « 

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Anselme de Cantorbéry

Anselme Anselme de Cantorbéry devient abbé en 1073 et entreprend en même temps une intense réflexion théologique. Selon lui, puisque Dieu est le créateur de la raison, celle-ci, loin de s'opposer aux vérités de la foi, doit pouvoir en rendre compte. L’incarnation du Verbe,  » Pourquoi Dieu devint homme ? «  Paris Cerf 1988 p.177
 » En effet, je crois de cœur et je confesse de bouche qu’un Dieu-un et seul est Père singulier ou Fils singulier ou Saint-Esprit singulier ; qu’un Dieu-un et seul est deux, soit Père et Fils, soit Père et Esprit Saint, soit Fils et Esprit Saint ; qu’un Dieu-un et seul est simultanément trois : Père, Fils et Esprit Saint. Je crois totalement et sans aucune hésitation et je soutiens qu’il faut croire tout ce qui est dit dans ce Symbole par lequel nous disons :  » je crois en Dieu  » et ce qui suit ; et dans celui par lequel nous disons  » je crois en un Dieu-un  » et ce qui s’y ajoute ; et de même (en celui par lequel) chaque jour nous disons quand nous chantons :  » quiconque veut être sauvé « , et cetera. C’est la  » pierre sur  » laquelle le Christ  » a construit  » son  » Eglise « ,  » contre  » laquelle  » les portes de l’enfer ne prévaudront pas « . C’est cette pierre ferme, sur laquelle le sage  » a construit sa maison « , qui n’est pas ébranlée ni par la poussée des flots ni par le souffle des vents. Sur cette pierre je m’efforcerai de construire ma maison. Celui qui construit sur la fermeté de cette foi, construit sur le Christ ; et celui qui ne construit pas sur cette foi, ne construit pas sur le Christ, en dehors duquel on ne peut trouver un autre fondement. Par la protection de Dieu je ne disputerai jamais sur cette foi pour savoir comment ce qu’il enseigne ne serait pas ; par un don de Dieu, en croyant, en aimant, en vivant selon la foi, je disputerai toujours sur elle pour chercher la raison qui fait voir comment c’est. Si je peux voir par l’intelligence, je rendrai grâces à Dieu ; si je ne le peux pas, je ne donnerai pas de la corne pour faire du vent, mais j’abaisserai la tête pour vénérer. « 

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Concile de Latran

Canon 3 du Concile de Latran:
 » Si quelqu’un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte, toujours vierge et immaculée Marie, puisque c’est en un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, qu’elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l’enfantement, qu’il soit condamné. « 

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