Combattre le mal là où il se trouve - Textes bibliques

Qu'est-ce qui se passe avant ?

Le récit qui précède directement celui de l’homme à la main paralysée fait déjà référence à la synagogue. Que fait un  » esprit mauvais  » dans la synagogue… ?

Marc 1,23-26
Justement il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur; il s’écria: « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu. » Jésus lui commanda sévèrement: « Tais-toi et sors de cet homme. » L’esprit impur le secoua avec violence et il sortit de lui en poussant un grand cri.

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Vivre dans la foi, ou : la souffrance aurait-elle une valeur ?

Un texte doit attirer tout particulièrement l’attention, car il semble exalter au-delà du supportable la souffrance endurée. Oui, il semble même vouloir ajouter aux détresses du Christ… Qu’en est-il ? Nous vous invitons à une petite exégèse de ce passage.

Colossiens 1,24
Je(a) trouve maintenant ma joie(b) dans les souffrances(c) que j’endure pour vous, et ce qui manque aux détresses du Christ(d), je l’achève dans ma chair en faveur de son corps qui est l’Eglise.

(a) Je
Une première remarque, essentielle et centrale, s’impose : On ne peut parler de la souffrance qu’en  » je « , à la première personne. En discourir à la troisième personne est déjà une imposture. Paul parle de ce qu’il vit, de ce qu’il éprouve dans sa chair. Il ne dit pas que tous doivent éprouver la même chose. Il livre son expérience.

(b) Ma joie
Etonnamment, le texte de Paul évoque d’abord la joie. Certes, il faut faire attention à l’ambiguïté possible de cette joie. Certaines formes d’ascétisme provoquent une sorte de jouissance dans la douleur. Mais il n’est pas question de cela ici. Ce n’est pas la souffrance qui cause de la joie, mais cette relation renforcée avec le Christ. Ce que Paul met en avant, ce sont les relations affermies et approfondies avec le Christ et les croyants auxquels il s’adresse. On peut dire que les difficultés (il ne s’agit pas d’une souffrance provoquée par la maladie !) qu’il éprouve dans son ministère, loin de le décourager, le rapprochent du Christ. Il a l’impression de vivre les mêmes mises en question, les mêmes refus, la même moquerie.

(c) Les souffrances
Quelles sont les souffrances dont Paul parle ? Fondamentalement, comme disciple du Christ, il rencontre des difficultés comparables face à l’annonce de l’Evangile. Les gens auxquels il s’adresse se moquent de lui, ne croient pas, le persécutent, etc. Bref, Paul ne fait pas ici état de souffrances physiques, mais morales, liées directement à sa mission. En aucun cas, on ne peut faire de lui le chantre d’un dolorisme. En tant que témoin de l’Evangile, de témoin du Christ donc, Paul ne peut par attendre d’être entouré de reconnaissance et d’admiration. Car il met en question les raisons que l’être humain s’est inventées pour vivre, il annonce un Evangile pour tous alors que les religieux de l’époque avaient pris grand soin de distinguer entre justes et injustes. Dans l’Eglise même, Paul apparaît comme quelqu’un de faible, de pas assez convaincant. Bref, il rencontre refus et mépris, mais au lieu de s’en offusquer, il essaie de le comprendre comme la conséquence normale de son engagement.

(d) Ce qui manque aux détresses du Christ
Comment comprendre cette phrase ? L’exégèse catholique traditionnelle a conclu à une sorte de partage et de prolongation -par la souffrance des fidèles- de la valeur rédemptrice de la Croix du Christ. Mais Paul insiste beaucoup sur le fait que la Croix du Christ est un événement unique qui n’attend aucun  » complément  » de la part des croyants. En fait, Paul dit simplement que les souffrances qu’il éprouve ne sont pas autres que celles que le Christ lui-même a vécues dans son ministère. Au premier siècle existait l’idée selon laquelle avant la fin des temps, avant que le Messie rétablisse toutes choses, il y aurait un surcroît de souffrances. Paul se situe dans cette perspective apocalyptique. L’Eglise est édifiée par le témoignage de certains de ses fidèles, témoignage qui n’est pas sans souffrances vu que l’Evangile n’est pas accueilli à bras ouverts. Cela ne veut pas dire que Paul préconise pour tous de rechercher le martyre (lui-même insiste par ailleurs sur le fait que le Seigneur l’en délivre !), mais cela explicite le chemin personnel qu’il a choisi pour rester fidèle à son Seigneur.

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Le rétablissement de toutes choses

Le rétablissement de la main ou des yeux évoque pour le lecteur attentif un rétablissement plus large. En effet, au chapitre 9 du même Evangile, Marc utilise le même mot quand il parle du prophète Elie.

Marc 9,12
Il leur dit: « Certes, Élie vient d’abord et rétablit tout… »

Dans le livre des Actes on indique ainsi la restauration universelle.

Actes 3,20-21
Ainsi viendront les moments de fraîcheur accordés par le Seigneur, quand il enverra le Christ qui vous est destiné, Jésus, que le ciel doit accueillir jusqu’aux temps où sera restauré tout ce dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois.

Ce mot ne signifie donc pas revenir à un état antérieur, mais il a une visée eschatologique, c’est-à-dire qu’il ouvre le regard vers l’horizon de l’apocalypse :

Apocalypse 21,4
Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu.

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Le parallèle chez Matthieu

Chez Matthieu, l’épisode ne se situe pas au même moment : Matthieu l’évoque seulement au chapitre 12 de son Evangile, alors que chez Marc, la guérison fait partie de toute une série de guérisons dès l’ouverture. D’autres différences : Ce sont les adversaires qui s’adressent à Jésus en disant  » Est-il permis d’opérer une guérison le jour du sabbat ?  » Et Jésus de répondre avec une petite histoire qui montre l’hypocrisie de leur démarche : Alors que tous passent outre la législation du sabbat pour  » sauver  » un bien personnel, ils se demandent si on peut aider un être humain qui souffre le jour du repos…

Matthieu 12,10
Or se trouvait là un homme qui avait une main paralysée; ils lui posèrent cette question: « Est-il permis de faire une guérison le jour du sabbat? » C’était pour l’accuser. Fils de l’homme. Mais il leur dit: « Qui d’entre vous, s’il n’a qu’une brebis et qu’elle tombe dans un trou le jour du sabbat, n’ira la prendre et l’en retirer? Or, combien l’homme l’emporte sur la brebis! Il est donc permis de faire le bien le jour du sabbat. » Alors il dit à cet homme: « Étends la main. » Il l’étendit et elle fut remise en état, aussi saine que l’autre. Une fois sortis, les Pharisiens tinrent conseil contre lui, sur les moyens de le faire périr.

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Dieu dit... et cela fut...

Pour la Bible, le propre de la parole de Dieu est qu’elle accomplit ce qu’elle dit. En ceci, elle se distingue de celle de l’être humain qui dit mais ne fait pas… Pour Dieu, parole et acte ne sont pas séparés. Le récit de la création dans le livre de la Genèse y insiste tout particulièrement :

Genèse 1,3 ; 6 ; 9 ; 11 ; 14 ; 20 ; 24 ; 26
Dieu dit… et cela fut..

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La loi à laquelle Dieu prend plaisir

Déjà les prophètes insistent pour que le respect de la loi divine ne devienne pas une obéissance aveugle qui méconnaît le fondement même de la Loi. Elle produit alors non pas des fruits de justice, mais au contraire engendre l’hypocrisie qui s’attache à la lettre et manque l’esprit. Jésus reprend et intensifie cette critique.

Esaïe 58,6-8
Le jeûne que je préfère, n’est-ce pas ceci: dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs! N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé? Et encore: les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu’un nu, tu le couvriras: devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas. Alors ta lumière poindra comme l’aurore, et ton rétablissement s’opérera très vite. Ta justice marchera devant toi et la gloire du SEIGNEUR sera ton arrière-garde.

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Le sens du sabbat

Dans l’Ancien Testament, la justification du sabbat est double.
Le sabbat est le jour qui achève l’œuvre créatrice de Dieu. Il est alors rappel d’une restauration nécessaire pour garder la vie dans sa plénitude :

Exode 20,8-11
Que du jour du sabbat on fasse un mémorial en le tenant pour sacré. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c’est le sabbat du SEIGNEUR, ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, pas plus que ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l’émigré que tu as dans tes villes. Car en six jours, le SEIGNEUR a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le SEIGNEUR a béni le jour du sabbat et l’a consacré.

Mais le sabbat est aussi lié à l’expérience de libération de l’esclavage lors de la sortie d’Egypte. Cette mention se trouve une première fois dans l’introduction des Dix Commandements. On rappelle alors que Dieu est celui qui a fait sortir son peuple de l’Egypte :

Exode 20,2
« C’est moi le SEIGNEUR, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude.

Puis, plus explicitement:

Deutéronome 5,12-15
Qu’on garde le jour du sabbat en le tenant pour sacré comme le SEIGNEUR ton Dieu te l’a ordonné. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c’est le sabbat du SEIGNEUR ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton boeuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l’émigré que tu as dans tes villes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. Tu te souviendras qu’au pays d’Égypte tu étais esclave, et que le SEIGNEUR ton Dieu t’a fait sortir de là d’une main forte et le bras étendu; c’est pourquoi le SEIGNEUR ton Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour du sabbat.

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Guérisons spectaculaires dans le Nouveau Testament

Généralement, les récits de guérisons spectaculaires dans le Nouveau Testament concernent des maladies inconnues et attribuées à des esprits ou celles que l’on appellerait aujourd’hui psychiatriques. On peut penser en particulier à l’homme qui vivait dans les tombeaux :

Matthieu 8,28-34 (parallèles dans Marc 5,2-17 et Luc 8,26-35)
Comme il était arrivé de l’autre côté, au pays des Gadaréniens, vinrent à sa rencontre deux démoniaques sortant des tombeaux, si dangereux que personne ne pouvait passer par ce chemin-là. Et les voilà qui se mirent à crier: « Que nous veux-tu, Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps? » Or, à quelque distance, il y avait un grand troupeau de porcs en train de paître. Les démons suppliaient Jésus, disant: « Si tu nous chasses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. » Il leur dit: « Allez! » Ils sortirent et s’en allèrent dans les porcs; et tout le troupeau se précipita du haut de l’escarpement dans la mer, et ils périrent dans les eaux. Les gardiens prirent la fuite, s’en allèrent à la ville et rapportèrent tout, ainsi que l’affaire des démoniaques. Alors toute la ville sortit à la rencontre de Jésus; dès qu’ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur territoire.

à l’enfant épileptique :

Matthieu 17,14-18 (parallèle dans Marc 9,22-27)
Comme ils arrivaient près de la foule, un homme s’approcha de lui et lui dit en tombant à genoux: « Seigneur, aie pitié de mon fils: il est lunatique et souffre beaucoup; il tombe souvent dans le feu ou dans l’eau. Je l’ai bien amené à tes disciples, mais ils n’ont pas pu le guérir. » Prenant la parole, Jésus dit: « Génération incrédule et pervertie, jusqu’à quand serai-je avec vous? Jusqu’à quand aurai-je à vous supporter? Amenez-le-moi ici. » Jésus menaça le démon, qui sortit de l’enfant, et celui-ci fut guéri dès cette heure-là.

à l’homme possédé d’un esprit impur :

Marc 1,23-26 (parallèle dans Luc 8,26-35)
Justement il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur; il s’écria: « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu. » Jésus lui commanda sévèrement: « Tais-toi et sors de cet homme. » L’esprit impur le secoua avec violence et il sortit de lui en poussant un grand cri. etc

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La création de Dieu comparée au travail du potier

Jérémie 18,1-6
La parole qui s’adressa à Jérémie de la part du SEIGNEUR: « Descends tout de suite chez le potier; c’est là que je te ferai entendre mes paroles. » Je descendis chez le potier; il était en train de travailler au tour. Quand, par un geste malheureux, le potier ratait l’objet qu’il confectionnait avec de l’argile, il en refaisait un autre selon la technique d’un bon potier. Alors la parole du SEIGNEUR s’adressa à moi: Ne puis-je pas agir avec vous, gens d’Israël, à la manière de ce potier? – oracle du SEIGNEUR. Vous êtes dans ma main, gens d’Israël, comme l’argile dans la main du potier.

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Le Seigneur délivre

Les textes de Paul mentionnent parfois la souffrance comme une expérience inévitable dès lors que le témoin poursuit sa mission fidèlement. Mais dans de nombreux autres passages, Paul se réjouit tout simplement d’en avoir été libéré.

2Timothée 3,11
Les persécutions, les souffrances que j’ai connues à Antioche, à Iconium, à Lystres. Quelles persécutions j’ai subies ! Et de toutes le Seigneur m’a délivré !

Malgré la réalité des souffrances qui sont ici non pas celles de la maladie, mais celles du mépris, de l’absence de reconnaissance, du rejet, etc. Paul donne une sorte de confession de foi en disant qu’en toute chose, il met sa confiance en Dieu.

2Timothée 1,12
Voilà pourquoi j’endure ces souffrances. Mais je n’en ai pas honte, car je sais en qui j’ai mis ma foi et j’ai la certitude qu’il a le pouvoir de garder le dépôt qui m’est confié jusqu’à ce jour-là.

2Corinthiens 1,5-10
De même, en effet, que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même, par le Christ, abonde aussi notre consolation.
Sommes-nous en difficulté? C’est pour votre consolation et votre salut. Sommes-nous consolés? C’est pour votre consolation qui vous fait supporter les mêmes souffrances que nous endurons nous aussi.
Et notre espérance à votre égard est ferme; nous savons que, partageant nos souffrances, vous partagez aussi notre consolation.
Car nous ne voulons pas, frères, vous le laisser ignorer: le péril que nous avons couru en Asie nous a accablés à l’extrême, au-delà de nos forces, au point que nous désespérions même de la vie.
Oui, nous avions reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort. Ainsi notre confiance ne pouvait plus se fonder sur nous-mêmes, mais sur Dieu qui ressuscite les morts.
C’est lui qui nous a arrachés à une telle mort et nous en arrachera; en lui nous avons mis notre espérance: il nous en arrachera encore.

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