Jugement - Textes bibliques

Le jour du jugement dans l'Ancien Testament

Pour le croyant, l’histoire n’est pas un perpétuel recommencement : elle connaît une progression qui aboutira à la venue de Dieu pour juger le monde. Pour désigner une telle intervention de Dieu dans le cours de l’histoire,  » le Jour du Seigneur  » est une expression privilégiée, parfois abrégée en  » le Jour  » ou  » ce Jour-là « .
L’Ancien Testament connaît cette attente d’une intervention fulgurante de Dieu en faveur de son peuple. A travers les récits des prophètes, on retrouve particulièrement cette description du  » Jour du Seigneur « . Il devient un appel urgent à se repentir en vue du jugement qui arrive bientôt (Ezéchiel 30,3 ou Esaïe 13,6) ou bien encore brosse un tableau de panique à l’idée que la fin déterminée par Dieu advient (Ezéchiel 7,6 et suivants). Dieu conduit l’histoire à son terme, c’est pourquoi ce  » Jour  » n’aura pas lieu au cours du temps mais à la fin des temps, à la fin du monde présent. Ce  » Jour  » marquera la victoire définitive de Dieu et concernera l’ensemble du monde.

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Le jour du jugement dans le Nouveau Testament

Le Nouveau Testament reprend les termes de l’Ancien Testament :  » Jour de la visite  » (1Pierre 2,12),  » de la colère  » (Romains 2,5),  » du jugement  » (2Pierre 2,9),  » ce jour-là  » (Matthieu 7,22),  » Jour du Seigneur  » (1Thessaloniciens 5,2), mais aussi  » Jour du fils de l’homme  » – Jésus-Christ – (Luc 17,24 et suivants). La difficulté repose sur l’articulation entre l’eschatologie traditionnelle (Dieu viendra juger le monde à la fin des temps) et son actualisation (Dieu est venu en Jésus juger le monde). Dans la plupart des paroles de Jésus, on retrouve les descriptions classiques de l’Ancien Testament (avec les signes de la fin des temps, les éléments guerriers, cosmiques, le tri du jugement, le caractère imprévisible du Jour qui vient, etc.). L’attente de ce Jour reste ambiguë pour les premiers chrétiens. Ils sont assurés que  » ce Jésus qui leur a été enlevé pour le ciel viendra de la même manière qu’ils l’ont vu s’en aller vers le ciel  » (Actes 1,11), mais ils ignorent radicalement la date. Il semble qu’aux origines de l’Eglise, les croyants pensèrent que le Christ allait revenir tout de suite (1Thessaloniciens 4,13). La parousie tardant, les croyants organisent la vie chrétienne tout en restant vigilants.

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La prise en compte des réalités douloureuses

Matthieu 24,1-14
Il est communément admis que l’évangile de Matthieu, le plus juif de tous, a été rédigé dans les années 90, par un auteur qui se fait le porte-parole d’une communauté composée surtout de chrétiens issus du judaïsme. Il comprend deux chapitres qui rentre dans la catégorie  » apocalyptique  » : Matthieu 24 et Matthieu 25. Selon certains théologiens, ces chapitres s’expliquent aussi en partie par une mise en contexte historique de leur rédaction.
Après la catastrophe nationale et religieuse de 70 (destruction du temple de Jérusalem), le judaïsme officiel est en train de renaître de ses cendres. Seulement, les pharisiens, qui ont repris en main la restructuration de leur peuple, rejettent désormais toute hérésie et toute déviation. Parmi les mouvements visés se trouve l’Eglise des premiers chrétiens. L’épreuve de force s’engage donc : les chrétiens d’origine juive, qui avaient continué à fréquenter la synagogue, en sont exclus du jour au lendemain. Leur traumatisme est tel qu’il explique la nécessité où se trouve Matthieu d’écrire aux communautés chrétiennes pour les encourager en ces temps graves et difficiles. Ainsi, il n’hésite pas associer la destruction du temple aux catastrophes prétendument attendues comme signe de la fin des temps : les violences et autres tragédies traversées par les hommes sont prises en charge dans cette introduction du chapitre 24.

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L'espérance selon Paul

Romains 8,18-25
Depuis le début du chapitre 6 de l’épître aux Romains, Paul évoque la vie du croyant justifié. Il la décrit comme une libération par rapport au péché (chapitre 6), par rapport à la Loi (chapitre 7) et par rapport à toute condamnation (chapitre 8). Fort de cette liberté, le croyant est invité à vivre selon l’Esprit. Cependant, le croyant continue de se heurter aux limites du monde, à la souffrance et à la corruption. La réponse que propose Paul à ce problème est celle de l’espérance : un jour, toute la création aura part à la joyeuse liberté des enfants de Dieu. Le propre de l’espérance est d’être une attente et selon Paul, l’homme partage avec toute la terre cette attente de Dieu.

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Le jour de la fin

Marc 13,33-37
La date de la venue du règne de Dieu est la grande question pour le judaïsme du temps (Daniel 9, 2). Les rabbins et les apocalypses d’alors cherchent des signes qui permettraient de la fixer. Ici, cet appel à la vigilance est commun aux évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc). Ainsi, il ne s’agit pas tant de chercher à connaître le jour du retour du Christ, mais à vivre dans la vigilance de cet instant.

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Le " retard " de la parousie

1Thessaloniciens 4,13-18 en parallèle avec 2Thessaloniciens 2,1-4
Le  » Jour du Seigneur  » annoncé par l’Ancien Testament, c’est-à-dire le jour où Dieu se révélera comme le juge des justes et des impies, est compris par Paul comme le  » Jour du Christ « , celui où il viendra dans sa gloire de Fils de Dieu pour le salut des fidèles et la perte des méchants.
Paul ponctue toute sa 1ère lettre aux Thessaloniciens par cette espérance du retour du Christ. Ce jour y est attendu dans un délai assez court : la première génération chrétienne et Paul avec elle croyaient à un retour proche de son Seigneur.
Dans la seconde épître aux Thessaloniciens, Paul relativise très nettement la proximité de ce Jour du Christ. Devant la farouche et joyeuse conviction de cette imminente venue, Paul doit rappeler aux chrétiens qu’il ne s’agit pas de se perdre dans l’euphorie. Il vise à prévenir toute anticipation fallacieuse, à combattre toute utopie. Il rappelle que sa venue ne peut se produire qu’après une série de bouleversements (que Paul va énumérer).

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La question du tri

Matthieu 13,24-30 et Matthieu 13,36-43
La parabole de l’ivraie utilise l’image biblique de la moisson qui est traditionnelle pour symboliser le jugement à la fin des temps. La moisson est le temps où le bon grain (ou la bonne partie du blé) est séparé du mauvais, on trouve déjà cette image du tri dans l’Ancien Testament : Esaïe 27,12-13. Selon certaines interprétations, cette parabole souligne la coexistence des bons et des méchants jusqu’à la fin des temps : les disciples ne sont pas exhortés à intervenir et encore moins à opérer eux-mêmes ce tri. En ne mentionnant que le sort des méchants, elle souligne l’aspect menaçant et invite ainsi à prendre au sérieux l’enseignement de Jésus. Elle inviterait ainsi à choisir la joie et non les pleurs.

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Accéder au Royaume

Marc 10,17-31
Cette rencontre de Jésus laisse perplexe les disciples. Il y est question d’obtenir la vie éternelle, d’entrer dans le Royaume de Dieu. Jésus en souligne l’impossibilité aux hommes mais remet entièrement cette possibilité à Dieu. Ainsi, on pourrait lire à travers le thème de la richesse, qui semble poser problème pour accéder au Royaume, le symbole de l’obstacle même. A savoir que tout ce en quoi l’homme se confie en dehors de Dieu fait obstacle à une vie dans son Royaume. La difficulté serait alors de ne plus se demander ce qui peut aider l’homme à vivre dans le Royaume de Dieu, mais ce qui l’empêche de le recevoir.

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L'invitation au festin

Luc 14,15-24
Jésus présente ici le Royaume à la manière juive, comme le festin messianique (Esaïe 25,6) où les élus son rassemblés autour des patriarches et des prophètes. Ceux qui n’auront pas répondu à l’appel de Jésus en seront exclus. Suivant la règle usuelle du genre parabolique, Luc présente trois sortes de personnages (ici, d’invités). La question de savoir qui va répondre présent à cette invitation sous-entendrait une ouverture aux non-juifs. En effet, cette parabole semble répondre davantage à la question  » pour qui est le Royaume de Dieu ? « , qu’à la question  » qu’est-ce que le Royaume de Dieu « . Ici, il est généralement admis que Luc fait de Jésus celui qui ouvre son Royaume à quiconque répond à son appel.

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L'apocalypse dans l'évangile

Matthieu 25,31-46
Ce texte est une description prophétique du jugement dernier. Le Fils de l’homme vient dans sa gloire, comme un roi, juger tous les peuples et sanctionner leur conduite d’après les œuvres de miséricorde qu’ils auront exercées envers les gens dans le besoin. Il leur révèle alors que leurs gestes avaient un sens profond, ignoré d’eux. Les actes loués par Jésus correspondent aux œuvres de piété prônées par le judaïsme et par le Nouveau Testament (Romains 12,20 ou Hébreux 13,3). Couronnant son enseignement des chapitres 24 et 25, Jésus étend ici à tous les hommes ce qu’il avait auparavant dit des seuls disciples (10/40 ou 18/5) : il s’identifie à tous les miséreux qui deviennent dès lors ses frères. Ce passage appartenant au genre apocalyptique, reprend ses principaux motifs et s’inscrit dans la lignée d’une vision eschatologique issue de l’Ancien Testament.

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L'attente messianique

Esaïe 42,1-4
Il est question dans le livre d’Esaïe d’un serviteur de Dieu, promis et attendu. Les théologiens restent dubitatifs sur l’identité réelle de ce serviteur : selon les hypothèses, il peut désigner tour à tour Israël dans son ensemble, une partie d’Israël, l’auteur de ce passage d’Esaïe lui-même ou encore le roi perse Cyrus. Ce thème a malgré tout aidé les lecteurs chrétiens à comprendre le Christ à partir de ce livre et à déceler en lui ce serviteur. La tradition chrétienne s’est largement servi du livre d’Esaïe pour signifier que Jésus était bien le Messie attendu et promis dans l’Ancien Testament.

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Urgence du propos

Luc 16, 19-31
Cette parabole du riche et de Lazare peut laisser aujourd’hui bien des lecteurs perplexes. Il ne la trouvera que dans l’évangile de Luc et l’estimera certainement fort imagée ! Cette histoire expose un séjour des morts selon les représentations de certains milieux juifs : les morts sont déjà classés avant le jugement (voir le verset 28) en diverses catégories qui anticipent la béatitude et le châtiment éternels. Luc est le seul évangéliste à présenter ainsi la situation des individus dans un au-delà. En utilisant les images de son temps, il ne cherche pourtant pas à renseigner ses lecteurs sur l’autre monde : son seul but est de leur indiquer la voie du salut. Dans cette perspective, on peut souligner que le personnage d’Abraham vient énoncer principalement un renversement des situations par delà la mort. Ce thème classique, que l’on retrouve dans d’autres tableaux eschatologiques, n’est pas toute la pensée de Jésus dans les évangiles. La parabole va s’achever en marquant la nécessité de la conversion et de la foi pour échapper à la condamnation : ce thème est plus abondamment utilisé dans les évangiles. Son caractère urgent est d’autant plus signifié ici que Luc affirme bien qu’une fois le tri effectué, il ne sera plus possible de changer quoi que ce soit. C’est bien un appel urgent à la conversion que l’évangéliste lance.

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L'apocalyptique

Apocalypse 21,1 et Apocalypse 22,5
La description d’un nouveau monde qu’on trouve dans ce passage de l’Apocalypse fait écho au thème classique de l’élimination de la première création et de son remplacement par une création nouvelle, d’un autre ordre. Cette représentation de la phase ultime de l’œuvre régénératrice de Dieu apparaît déjà en Esaïe 65,17 et Esaïe 66,22. On la rencontre plusieurs fois dans la littérature apocalyptique ainsi que dans le Nouveau Testament (par exemple en Matthieu 19,28 ou 2Corinthiens 5,17). On peut noter que la mer, selon les représentations anciennes du monde, était le résidu du chaos primitif et le lieu de séjour des puissances de l’abîme : elle ne trouve donc plus sa place dans la nouvelle création. L’évocation d’une Jérusalem nouvelle comporte bien plus que l’idée d’une reconstruction matérielle de la ville. Dans le christianisme, le thème est transposé : la Jérusalem terrestre n’est plus le haut lieu de l’alliance car les chrétiens se pensent citoyens d’une citée céleste appelée la Jérusalem nouvelle.

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La mise à mort de Jésus

Matthieu 27,45-54
Ces quelques versets rapportent la version de Matthieu quant à la mort de Jésus. Se glissent au travers quelques éléments liés au jugement de Dieu. Le premier est l’évocation des ténèbres qui semblent figurer ici le jugement de Dieu s’étendant de la croix sur la terre entière. Ensuite, il est fait notion de l’attente d’Elie, thème de l’apocalyptique juive. Une certaine tradition voyait en effet en Elie un précurseur du Messie. Il devait préparer le peuple à al rencontre du Messie en le rassemblant dans l’unité et la fidélité. Enfin, les descriptions des versets 51 à 53 faisaient partie des prophéties traditionnelles annonçant le jour du jugement dernier : on en retrouve les traces en Ezéchiel 37,12 ou encore Daniel 12,2).

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