Les terrains ensemencés - Espace temps

Proverbes, images et paraboles

Suivant l’adage bien connu « les paroles s’envolent, les écrits restent » la transmission de récits ou d’enseignements par voie orale entraîne le risque d’oublis ou de déformations.
Les orateurs, enseignants ou conteurs, utilisent des techniques qui leur permettent de ne pas se perdre dans leur discours. La plupart du temps il s’agit d’un cadre formel qui structure le discours et soutient l’écoute. S’agissant du contenu, les orateurs utilisent un langage imagé et reprennent des comparaisons et des proverbes connus des auditeurs. C’est pourquoi les discours, les paroles sont liés à une culture, ne serait-ce que dans les particularités de la langue, dans les images utilisées (agricoles ….).
Toutefois la fixation par écrit et les traductions de ce type de récits et de discours révèlent aussi des schémas invariants. Ainsi des contes populaires quasiment identiques se retrouvent dans différentes cultures. De même les images et comparaisons sont bien souvent parlantes en elles-mêmes.
Les textes bibliques gardent la trace de cette oralité à travers un langage imagé, l’utilisation de proverbes, de contes et de paraboles. Les rabbins Leur fonction au premier siècle est l'enseignement, ils peuvent aussi siéger dans des tribunaux pour éclairer - à partir des Ecritures et de la tradition justement - tel ou tel cas juridique. Par contre, ils n'ont pas la fonction de présider les célébrations.* reprendront cette tradition Tradition a pour étymologie le mot "transmission". Il s'agit de la transmission orale de faits, de doctrines, d'opinions, de coutumes. de la parabole dans leurs commentaires bibliques.

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Le hassidisme

Le hassidisme était un mouvement religieux juif d’Europe centrale issu au 18èmesiècle de l’enseignement du rabbin Israël ben Eliezer dit le Baal Shem Tov, pensée transmise par ses disciples appelés les hassidim. Ce nom vient du mot hébreu signifiant pieux, fidèle. Cette école se caractérise par une piété fervente, débordante même parfois, danses et chants accompagnant les prières. A côté de l’étude proprement dite de la Torah et du Talmud, une part de l’enseignement est faite de la transmission de récits légendaires concernant les maîtres de cette école. Il s’agit de petites histoires qui racontent comment le maître a délivré un message à partir d’un évènement ou d’une situation. Ces récits ont été transmis oralement, puis mis par écrit pour certains. Cet enseignement a été redécouvert grâce aux travaux de Martin Buber, un philosophe allemand du début du 20ème siècle.

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La rédaction des évangiles

Les évangiles n’ont pas été écrits du vivant de Jésus, ni même tout de suite après sa mort. Les 4 évangiles retenus dans le Nouveau Testament répondent à un genre littéraire particulier. Il ne s’agit pas de simples récits de la vie de Jésus ou de collection de ses paroles comme l’évangile de Thomas* mais de constructions théologiques visant un but précis et destinées à des communautés spécifiques. On s’accorde pour reconnaître que l’évangile selon Marc est le plus ancien, rédigé sans doute à Rome après les persécutions de Néron de 64 et juste avant la destruction du temple de Jérusalem en 70 à Rome. Il est destiné à des communautés non juives hors de la Judée.
Les évangiles selon Matthieu et selon Luc s’appuient sur celui de Marc, mais disposent en plus d’autres sources. L’évangile selon Matthieu reflète les tensions qui existent entre juifs et premiers chrétiens et était destiné à des communautés à majorité judéo-chrétienne. L’évangile selon Luc est destiné à des communautés plus larges comprenant des non juifs.
L’évangile selon Jean, le plus tardif, se démarque nettement des 3 évangiles synoptiques. Il était destiné à des communautés d’Asie mineure, en proie à des persécutions.

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La lecture allégorique des paraboles

Les paraboles utilisent certaines figures qui ont à la fois un sens trivial, dans la vie courante, et un sens imagé, que l’on peut décrypter indépendamment de la parabole. Au cours du temps, ces deux sens sont devenus inséparables. Il s’est produit ce qu’on appelle une « allégorisation ». L’allégorie est une figure de style qui se présente comme une suite d’éléments narratifs concrets symbolisant chacun une abstraction. Il suffit de décoder les traits narratifs un à un pour trouver le deuxième niveau de signification. La parabole allégorisée du bon grain et de l’ivraie et son explication en est un bon exemple (Mt 13,24-43). Mais ce décodage trait à trait n’est pas possible dans toutes les paraboles et conduit à un appauvrissement. Une lecture allégorique systématique passe à côté du rôle essentiel de la parabole, à savoir déplacer le lecteur par rapport à ses habitudes et le mettre en question.

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Les paraboles et le langage du changement

Toute personne qui prend la parole vise à produire un effet sur ses auditeurs. Son discours peut être une explication ou un apport de connaissance. On parle alors de « langage de renforcement ». Ou alors le discours vise à modifier la conception de la réalité des auditeurs. On parle alors d’un « langage de changement » et les paraboles sont un exemple de ce type de langage. Elles procèdent à un recadrage de la réalité, en brisant l’image que l’on s’en fait habituellement. Les paraboles investissent la réalité quotidienne d’un autre sens par l’extravagance du récit. Elles dévoilent ainsi des possibilités nouvelles en mettant en question l’image habituelle du monde.

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