Jean Sébastien Bach - Clés de lecture

Issu d'une famille de musiciens

Jean Sébastien naît le 21 mars 1685 à Eisenach. Dans sa famille, on compte depuis déjà trois générations beaucoup de musiciens. Ce sont des musiciens employés soit pour les cérémonies municipales, soir pour la musique à l’Eglise. Le père de Jean Sébastien avait appris à jouer de la viole et du violon et enseignera ces instruments à son fils. Sa mère, Elisabeth, fait partie des familles de conseillers municipaux. En 1671, quelques mois après la naissance de Johann Christophe, frère aîné de Jean Sébastien, la famille déménage à Eisenach où le père est appelé à occuper le poste de musicien à la cour du duc Johann Georg et celui de musicien  » municipal « . Juste avant la naissance de Jean Sébastien, son père demande à retourner à Erfurt, son salaire ne lui permettant que difficilement de nourrir sa famille qui compte en avril 1684 déjà six enfants et qui en attend un septième. La ville d’Eisenach ne les laisse pas partir et la famille y reste.
On sait peu de choses de l’enfance de Bach à Eisenach. Il entre en 1692 ou 1693 à l’école. Il y apprend à lire et à écrire, mais découvre aussi le catéchisme, les histoires bibliques, et en particulier les évangiles et épîtres en allemand et en latin. En 1694, sa mère meurt et un an plus tard son père.

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En 1694 meurt sa mère et un an plus tard son père

A la mort de ses parents, c’est son frère Jean Christophe, un organiste, qui accueille Jean Sébastien chez lui à Ohrdruf, une petite ville à 45 km au sud-est d’Eisenach. C’est là que son frère commence à lui enseigner le piano. Il va à l’école où il est en classe avec des camarades qui ont 2 ans de plus que lui. En juillet 1697, il est premier de sa classe. Il commence à apprendre le grec, fait des exercices de style par écrit. Il continue l’étude de textes bibliques et théologiques déjà difficiles, comme par exemple l’Aperçu théologique de l’orthodoxie luthérienne de Hutter. L’école latine d’Ohrdruf est connue pour son orientation luthérienne et ses accents antipiétistes. Bach finit son cursus scolaire plus rapidement que ses camarades. En 1700, il part à Lunebourg.

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A Lunebourg

Jean Sébastien quitte Ohrdruf, car il semble que son frère dont la famille s’agrandit ne puisse plus le loger. A son âge, ce départ n’est pas trop étonnant : à 14 ans, après sa confirmation, il a l’âge de partir dans le monde pour gagner sa vie. Seulement, il est trop jeune pour poursuivre des études à l’université. Plus tard, il aura à cœur d’offrir à ses enfants la possibilité d’aller à l’université.
A Lunebourg, la chorale du couvent Saint Michael, un ancien monastère bénédictin, transformé en institution scolaire par le duc Christian Ludwig en 1655, cherche des chanteurs. Appuyé par la recommandation du Cantor d’Ohrdruf, Bach se lance dans ce le long voyage pour s’engager au Mettenchor (manécanterie) avec son ami Erdmann. Cette chorale recrute parmi les enfants de la simple chorale d’école, repérés comme particulièrement doués. Elle est ouverte aux enfants pauvres, ceux qui  » n’ont rien pour vivre, mais de belles voix « . En plus d’un argent de poche, ils sont nourris et logés gratuitement au couvent et l’enseignement qu’ils reçoivent est gratuit. En hiver, on leur donne du bois de chauffage et des lampes au carbure. Ils peuvent être engagés par les fils de nobles pour gagner un peu plus d’argent. Par exemple, ils nettoient les chaussures, mettent la table ou font des courses en ville. Bach chante aussi dans une autre chorale jusqu’à ce que sa voix mue. En 1702 vraisemblablement, il quitte l’école de saint Michael avec la possibilité de continuer une carrière universitaire.

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Institution scolaire

Comme l’école latine à Ohrdruf, le couvent Saint Michael est dirigé par des luthériens stricts. Les élèves apprennent non seulement le latin et le grec, mais encore la théologie, la logique, la rhétorique, la philosophie et la poésie. En outre, Bach apprend la culture française dans une académie qui jouxte l’école. Ainsi, il apprend le français, l’art de la conversation, la danse et fait des exercices d’écriture de  » lettres agréables « . Un apprentissage indispensable pour travailler à la cour et dont il aura besoin en maintes occasions.

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Sa voix mue

Au moment où sa voix de soprano commence à ne plus être sûre, Bach arrête de chanter et accompagne désormais la chorale au violon ou au clavecin. En peu de temps, il apprend tout de la pratique musicale de l’Allemagne du Nord. Il découvre dans la bibliothèque musicale du couvent Saint Michael, l’une des plus grandes de l’Allemagne de l’époque, des compositions pour orgue de tous les grands maîtres du 17e siècle. Il a à sa disposition environ 1000 manuscrits de 200 compositeurs différents. Il ne se contente pas de les jouer, mais il se met à les copier. Depuis un moment déjà, un instrument le fascine particulièrement : l’orgue.

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L'orgue

A Lunebourg, deux organistes réputés exercent au moment où Bach s’y trouve. Il s’agit de Johann Jakob Löwe (1629-1703) à l’église Saint Nicolas, et de Georg Böhm (1661-1733) à l’église Saint Jean. L’influence que Böhm exercera sur Bach est importante. Bach l’admire beaucoup et c’est Böhm qui lui suggère de se rendre à Hambourg pour rencontrer son propre maître, le  » génie de l’improvisation  » : Johann Adam Reincken.
Plusieurs voyages vont conduire Bach à Hambourg et Lubeck pour fréquenter les maîtres de l’orgue de l’époque. Il part en cachette car l’école ne lui donne pas de congé. Bach s’intéresse alors à l’orgue dans son ensemble. Non seulement la musique mais aussi la technique de la facture d’orgue. Le facteur d’orgue Held vient à Lunebourg pour moderniser l’orgue du couvent, et transmet à Bach les premières bases de son savoir-faire. Bach deviendra par la suite très rapidement un des meilleurs connaisseurs de cet instrument.

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Départ de Lunebourg

On ne sait pas ce qu’il fait entre son départ de Lunebourg en été 1702 et le printemps 1703. Au printemps 1703, il obtient son premier poste à la cour du duc Ernst de Saxe-Weimar à Arnstadt. Il joue du violon ou de la viole dans l’orchestre de chambre du duc. De temps en temps, il remplace l’organiste de la cour. En juillet 1703, on l’appelle pour examiner le nouvel orgue. Il en profite pour jouer et le conseil de la ville est tellement enthousiasmé qu’on lui propose la place d’organiste de l’Eglise Neuve d’Arnstadt sans avoir fait appel auparavant à d’autres candidats ni même déclaré vacant le poste

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A Arnstadt 1703-1707

A Arnstadt, Jean Sébastien aura pour la première fois du temps pour lui. En effet, il ne doit jouer de l’orgue que pendant les cultes du dimanche et des jours fériés, pour la prière du lundi, le culte du soir le mercredi et celui du matin le jeudi. Ainsi, il utilise le temps libre pour s’exercer et improviser, mais aussi pour composer des pièces musicales. Ses premières oeuvres, le Capriccio en Mi et certains fugues, datent de cette époque. Il introduit une nouvelle manière de jouer de la musique, peu connue alors dans le cadre de l’Eglise

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Les meilleurs artistes de son temps

Bach a l’occasion de rencontrer ou d’entendre parler des meilleurs musiciens de son temps. Il est contemporain de Georg Friedrich Händel (1685-1759). A Lunebourg il côtoie Georg Böhm (1661-1733), organiste à l’école Saint Jean à Lunebourg depuis 1698. En 1705, Bach se rend à Lubeck pour rencontrer Dietrich Buxtehude (1637-1707), un autre grand musicien de l’époque. A Dresde, il fait la connaissance du compositeur français Louis Marchand en 1717

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Luthérien

La famille de Bach est luthérienne. Dès son plus jeune âge, Jean Sébastien a été éduqué dans cette tradition. Bach lui-même s’intéressait à la théologie. L’inventaire de sa bibliothèque fait après sa mort révélait plus de 80 volumes de théologie. La présence des chorales dans toutes les écoles n’est qu’un exemple d’une tradition luthérienne dont s’imprègnent les élèves. Il est certain que la place faite à la musique dans la pensée du Réformateur Martin Luther Réformateur allemand né et mort à Eisleben. Moine, prêtre, docteur en théologie, professeur d'exégèse biblique, il était habité par une intense quête spirituelle concernant le salut.* a profondément marqué Bach. C’est dans ce courant spirituel qui donne à la musique la  » deuxième place après la théologie  » qu’un génie comme Bach pouvait se sentir à l’aise. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’a jamais quitté le luthéranisme, alors même qu’il était sensible au message de la religion du coeur qu’il avait trouvée dans les cercles piétistes. Mais le piétisme se méfiait de compositions qu’il jugeait trop  » mondaines « , et il exigeait une simplicité en matière de musique, ce qui ne pouvait pas plaire à Bach

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Revendications piétistes

L’époque de Bach est marquée par de grands conflits théologiques. La Réforme de Luther a commencé par se  » confessionnaliser « , c’est-à-dire que depuis la séparation d’avec l’Eglise catholique romaine, les  » luthériens  » sont obligés de s’organiser en Eglises distinctes. Ce mouvement de structuration a parfois eu tendance à raidir les positions. A certaines d’entre elles est fait le reproche d’un certain dogmatisme qui privilégie la doctrine sur l’expérience de foi. Des voix s’élèvent contre cette évolution

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Une approche et une interprétation théologiques

Dans sa vie, Jean Sébastien Bach a dû accepter des postes de musicien à la cour qui ne correspondaient pas vraiment à l’idée qu’il se fait de sa vocation de musicien qu’il considère comme un ministère Etymologiquement, le mot " ministre " signifie " serviteur " et " ministère " " service " (avec, au départ, une notion d'infériorité : la même racine a donné " moins " ou " mineur " !). La Réforme, reconnaît des ministères divers que tout membre de l'Eglise peut théoriquement exercer, mais qui sont confiés durablement ou temporairement à ceux qui sont aptes à les accomplir.. En effet, pour lui, le but de toute musique est  » la gloire de Dieu et la récréation de l’âme  » comme il l’enseigne à ses élèves. Bach signait ses oeuvres en y ajoutant SDG, abréviation pour Soli Deo gloria ( » A Dieu seul la gloire « ), un mot d’ordre de l’autre Réformateur Jean Calvin Réformateur français né à Noyon. Il a une formation d'humaniste, étudiant les lettres, la philosophie, le droit, l'hébreu, le grec, la théologie en divers lieux universitaires (Paris, Orléans, Bourges)..
Ses œuvres pour l’Eglise qui paraphrasent des textes bibliques ou utilisent des textes de chorals déjà existants, sont portées par la conviction profonde d’un Dieu miséricordieux qui vient au devant de l’être humain pour lui pardonner. Le  » salut par la foi seule « , par la seule grâce de Dieu, qui est le centre de la pensée de Luther, est au cœur de toutes ses compositions religieuses.

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Sa cousine Maria Barbara

En 1707, la  » jeune femme sur la tribune  » devient l’épouse de Jean Sébastien. Alors qu’il est déjà organiste à l’église saint Blaise de Mühlhausen, il revient à Arnstadt, plus exactement au village de Dornheim, pour se marier avec sa cousine Maria Barbara (1707). Maria Barbara est la fille d’un cousin du père de Jean Sébastien. Elle a une très belle voix et est douée pour la musique.

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Organiste à Mühlhausen

Au début du 16e siècle, Mühlhausen fut le fief des anabaptistes On désigne de ce nom un mouvement réformateur du 16e siècle, appelé aussi " Réforme radicale " ou " aile gauche de la Réformation ". Poussant à l'extrême les principes réformateurs, les anabaptistes prônent une rupture totale avec l'Eglise de leur temps et un retour au christianisme primitif. et le point de départ de la Guerre des Paysans sous la direction de Thomas Müntzer. La ville est gagnée à la Réforme en 1557.
C’est ici que Bach compose ses premières cantates :  » Dieu est mon roi  » (BWV 71),  » Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur  » (BWV 131).
Chaque année à Mühlhausen, le renouvellement du conseil de ville était célébré liturgiquement au cours d’un culte. On demande à Bach de composer la musique pour cette cérémonie. Sa cantate  » Dieu est mon roi  » sera jouée le 4 février 1708. Le texte ainsi que les notes ont été conservés jusqu’à aujourd’hui (voir l’image ci-contre). La cantate écrite pour chorale, orgue, trompette, flûtes, hautbois, basson et instruments à cordes rencontre l’entière satisfaction des donneurs d’ordre et réjouit l’assistance.
En juin 1708, Bach se rend à Weimar pour y essayer un nouvel orgue devant le duc Guillaume Ernest. Sa prestation enthousiasme les auditeurs et on lui offre le poste d’organiste et de musicien de chambre à la cour. Le 25 juin 1708, Bach demande à quitter son poste. Le conseil de ville y consent avec regret. Mais il ne peut s’opposer à l’appel d’un duc si influent…
Bach reste toutefois en bons termes avec le pasteur Eilmar et il accepte même de composer en 1709 et en 1710 les cantates pour la célébration du renouvellement du conseil.

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Organiste de la cour de Weimar 1708-1717

Bach séjourne à Weimar à deux reprises. La première fois, en 1703 à son retour de Lunebourg pendant six mois. Puis, en 1708, il vient travailler à la cour du duc Guillaume Ernest. Il arrive avec sa femme qui est enceinte, avec sa belle sœur souffrante et un élève qui l’a suivi depuis Mühlhausen. En 1708, les deux frères, Guillaume Ernest et Johann Ernest, gouvernent. Quand Johann Ernest meurt, son fils reprend en partie les affaires courantes. L’oncle et le neveu ne s’entendent pas bien, mais aiment tous les deux la musique. On organise des concerts à la cour. Le neveu joue lui-même du violon et de la trompette et il cherche à faire une place toujours plus grande à la musique. L’oncle embauche jusqu’à 18 chanteurs professionnels pour la musique à l’Eglise. L’année du déménagement naît la première fille de Jean Sébastien, Catharina Dorothea. Au cours des années suivantes, la famille s’agrandit : deux ans après Catharina, c’est Wilhelm Friedemann, puis en février 1713 des jumeaux (Maria Sophia et Johann Christoph) mais qui ne vivent pas. En mars 1714, Maria Barbara donne naissance à Carl Philipp Emanuel et l’année suivante, en mai, à Johann Gottfried Bernhard.
Du point de vue musical, Weimar est pour Bach le point culminant en ce qui concerne les compositions pour orgue. Mais il prend aussi du temps pour voyager. Il expertise des orgues et pose sa candidature à un poste d’organiste à la Marienkirche à Halle (qu’il finit par refuser à cause d’un salaire trop bas). En 1714, il est nommé  » maître de concert  » à Weimar et doit désormais composer de nouvelles œuvres  » tous les mois « . Ceci ne l’empêche pas de continuer à voyager : Erfurt, Halle, Leipzig, Gotha.

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" Maître de concert " à Weimar

A Weimar, Bach a pour la première fois, un orchestre et des chanteurs professionnels à sa disposition. Ainsi, plus de 20 nouvelles cantates voient le jour à Weimar. Mais il y commence aussi un projet nouveau.
A la mort du chef d’orchestre Johann Samuel Drese le 1er décembre 1716, Bach demande à prendre sa suite. Mais le duc Guillaume Ernest refuse. Celui-ci souhaite en effet engager un autre très grand compositeur : Georg Philipp Telemann, un contemporain de Bach, directeur musical à Francfort. Telemann qui connaissait bien Bach indique au duc qu’il a déjà avec Bach le plus grand talent qu’il puisse souhaiter avoir et il en informe Bach. Ce dernier pose alors sa candidature mais ne reçoit aucune réponse. Le conflit s’envenime : le duc va jusqu’à lui supprimer les livraisons de papier à musique ! Bach réagit… en refusant de composer encore quoi que ce soit pour le duc. C’est alors que le prince Léopold de Cöthen intervient.

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Départ de Weimar pour Cöthen

Quand le prince Léopold de Cöthen apprend ce qui se passe en Thuringe, il est ravi et offre à Bach le poste de chef d’orchestre à sa cour. Outre un salaire plus important qu’à Weimar, le prince lui délègue la responsabilité exclusive de la musique à la cour, de la musique de chambre, de la musique à table, de l’accompagnement et aussi de l’éducation musicale du prince. Bach ne résiste pas à l’offre ! Il signe le contrat pour entrer en service le 1er août 1717. Mais le duc de Weimar ne veut pas le laisser partir. Selon la législation en vigueur, personne n’a le droit de quitter le pays sans l’accord du duc. Bach est donc piégé à Weimar. Pour lui apprendre la discipline, le duc le fait finalement emprisonner. Après quatre semaines passées au cachot, au pain sec et à l’eau, Bach peut enfin partir. Accompagné par sa femme Maria Barbara et ses quatre enfants, il part pour Cöthen.

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Maître de chapelle à la cour de Cöthen

Quand Bach arrive à Cöthen avec sa femme Maria Barbara et ses quatre enfants, le prince Léopold se montre très généreux. Il donne à Bach l’équivalent de quatre mois de salaire pour le dédommager de son séjour au cachot à Weimar. Bach dirige à Cöthen un grand orchestre avec beaucoup de solistes renommés. Comme la cour de Cöthen est calviniste, on n’entend à l’Eglise que les mélodies des psaumes ; il n’y a pas d’orgue. Ainsi, Bach aura le temps de composer.
Bach entreprend beaucoup de voyages depuis Cöthen. Il va à Leipzig pour examiner un orgue. En 1719, il part à Berlin acheter un clavecin pour l’orchestre. De plus, le prince Léopold l’invite régulièrement, lui et son orchestre, à l’accompagner à Karlsbad pour des cures. A la maison naît en novembre 1718 un nouveau fils, Léopold Auguste, mais qui ne vivra pas. A son retour de Karlsbad en été 1720, Bach apprend une autre terrible nouvelle : sa femme Maria Barbara est morte pendant son absence et a déjà été ensevelie.

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Anna Magdalena Wilcken

C’est dans le livre de baptême pour un filleul de Bach qu’est mentionnée la  » demoiselle Magdalena Wilcken, profession : chanteuse à la cour du prince ici-même « . On ne sait pas où Bach a rencontré Anna Magdalena qui est devenu sa seconde épouse. Fille du trompettiste à la cour, Johann Caspar Wilcken, elle est une chanteuse professionnelle, autonome et financièrement indépendante. Anna Magdalena et Jean Sébastien se marient le 3 décembre 1721 à la maison, dans un cadre familial. Le prince Léopold de Cöthen engage Anna Magdalena comme chanteuse avec un salaire de 200 florins. Cela correspond à peu près à la moitié de celui de son mari. Les deux époux font de la musique ensemble, Anna Magdalena aide son mari à écrire les partitions. Les manuscrits montrent que leur manière d’écrire les notes finit par se ressembler beaucoup. En 1722, il lui dédie une collection très belle de morceaux musicaux : le Clavierbüchlein (Le Petit Livre d’orgue d’Anna Magdalena).

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Anna Magdalena à Leipzig

Contrairement à ce qu’Anna Magdalena a pu vivre à Cöthen, engagée elle-même comme chanteuse par le prince Léopold, elle a à Leipzig le rôle de la femme au foyer et de la mère. Comme Bach est absent souvent pour examiner des orgues et pour donner des concerts, elle se retrouve seule pour accueillir et héberger les nombreux hôtes de passage. Pendant les cinq premières années à Leipzig, 5 enfants naissent (dont seulement deux vont survivre à leurs parents) :

  • Christiana Sophia Henrietta (26.02.1723, † 29.06.1726 à Leipzig),

  • Gottfried Heinrich (26.02.1724, † 26.02.1763 à Naumburg),

  • Christian Gottlieb (14.04.1725, † 21.09.1728 à Leipzig),

  • Elisabeth Juliana Friederica (05.04.1726, † 24.08.1781 à Leipzig),

  • Regina Johanna (10.10.1728, † 25.04.1733 à Leipzig). Les élèves qui viennent pour des cours de chants particuliers s’ajoutent à la table familiale. Anna Magdalena assume aussi une large part de l’importante correspondance de son mari. Entre les années 1730 et 1742, 7 enfants vont voir le jour dans la maison Bach :

  • Christiana Benedicta (01.01.1730, † 04.01.1730 à Leipzig),

  • Christiana Dorothea (18.03.1731, † 31.08.1732 à Leipzig),

  • Johann Christoph Friedrich (21.06.1732, † 26.01.1795 à Bückeburg),

  • Johann August Abraham (05.11.1733, † 06.11.1733 à Leipzig),

  • Johann Christian (05.09.1735, † 01.01.1782 à Londres),

  • Johanna Carolina (30.10.1737, † 18.08.1781 à Leipzig)

  • Regina Susanna (22.02.1742, † 14.12.1809 à Leipzig).

Tandis que les plus jeunes vont encore à quatre pattes dans la maison, les enfants du premier mariage sont déjà de jeunes adultes. Wilhelm Friedemann accepte déjà à cette époque, à 23 ans, son premier poste d’organiste dans l’Eglise sainte Sophie à Dresde. A Gottfried Bernhard, on offre à 20 ans le poste d’organiste à Mühlhausen.

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Les dernières années de Bach

Au début de l’année 1738, Gottfried Bernhard quitte son deuxième poste : Sangershausen après s’être endetté une fois de plus. Bach s’attriste à plusieurs reprises de voir ce fils mener une vie désordonnée et surendettée. Il essaie de l’aider en payant ses dettes, en écrivant à ces créanciers mais il semble que rien ne change en profondeur. Les soucis ne mettent toutefois pas un frein aux compositions qui se succèdent. En 1739, Bach décide de donner au catéchisme luthérien une expression musicale. Les préludes pour orgue qu’il compose se basent sur les chorals de Luther traitant des Dix Commandements, de la foi, de la prière, du baptême, de la pénitence et de la Sainte Cène. Bach introduit son œuvre par un appel (répété à trois reprises) à la Trinité. L’œuvre est publiée en 1739 sous le titre :  » Plusieurs préludes aux chorales concernant le catéchisme et autres, pour l’orgue « .
Bach invente aussi des instruments nouveaux : ainsi, en 1740, il donne l’ordre de construire un instrument selon ses instructions. Cet instrument devait réunir les capacités du luth et du clavecin.
Dans les dernières années de sa vie, Bach prend de plus en plus de liberté vis-à-vis de son engagement à Leipzig. Il n’informe pas toujours le Conseil quand il quitte la ville ! Et celui-ci semble avoir fait la paix avec ce cantor hors normes… Bach brille par des concerts à droite et à gauche, il donne des conseils pour la construction d’orgues et leur entretien, il rend visite à ses fils, il prépare pour la gravure les partitions d’orgue et de piano et se rend de plus en plus souvent à Dresde pour remplir sa fonction de  » compositeur de la cour « .

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Composer pour piano et orgue

Les dix dernières années de sa vie, Bach ne crée pratiquement plus d’œuvre pour chœur. En 1740, il semble qu’une seule cantate ait vu le jour. En été 1741, il est à Berlin où son fils Carl Philipp Emanuel travaille auprès du nouveau souverain de Saxe, Frédéric le Grand, comme  » accompagnateur musical « .
En 1742 voient le jour les  » Variations « , écrites pour Goldberg (c’est pourquoi on les appellera par la suite  » Les Variations Goldberg « ), le pianiste du comte Keyserlingk.
Au printemps 1747, Bach se rend à nouveau à Berlin.

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Bach chez Frédéric II à Berlin

Carl Philipp Emanuel est le premier des fils de Bach à se marier. Bach vient rendre visite à sa belle-fille au printemps 1747. La légende veut que Bach, arrivé à Berlin, soit aussitôt invité par Frédéric II. Encore dans son vêtement poussiéreux du voyage, et fatigué du trajet, il arrive ainsi au château de Potsdam. Il semble plus vraisemblable que Carl Philipp Emanuel, travaillant comme  » accompagnateur musical  » auprès de Frédéric II, ait parlé à celui-ci de son père, et que le prince électeur l’ait invité par la suite à le rejoindre à Potsdam. Frédéric II est un souverain qui adore la musique et qui organise tous les soirs (à l’exception des soirées où l’Opéra ouvre ses portes) des concerts avant dîner. C’est le roi en personne qui décide du programme. Quand Bach arrive le 7 mai 1747, le roi fait interrompre le concert et demande à Bach de montrer son art sur les nouveaux pianos de Silbermann. Bach demande à Frédéric de lui donner un thème musical qu’il développera à l’étonnement de tous dans la forme de la fugue. Le lendemain, il donne un concert et le soir improvise une fugue à six voix. Puis, il retourne à Berlin, visite l’Opéra et commente la qualité acoustique des pièces.
Une fois rentré à Leipzig, Bach se met à écrire le thème de la fugue à six voix et les improvisations. Il y ajoute un trio pour flûte (le roi joue lui-même de la flûte), violon et piano et envoie le 7 juillet 1747 le manuscrit L’offrande musicale (BWV 1079) accompagné d’une lettre à Frédéric II.
La même année, et après avoir hésité longtemps, Bach rejoint la Société des sciences musicales, fondée en 1738. Telemann et Händel en étaient membres depuis quelque temps déjà. Le travail de cette société ne visait pas tant des rencontres régulières mais l’échange épistolaire de manuscrits de composition et la publication d’articles de théorie musicale dans la revue fondée en 1736 La nouvelle bibliothèque musicale.

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Tous sont musiciens ou le deviennent !

Bach a eu en tout 20 enfants, dont 10 ont vécu au-delà de quatre ans. Tous ses enfants apprennent la musique. Les deux épouses de Bach sont toutes les deux musiciennes. La famille peut à elle toute seule jouer les pièces que le père compose. Parmi ses enfants devenus à leur tour célèbres, on connaît surtout Wilhelm Friedemann, Carl Philipp Emmanuel, Johann Christian et Johann Christoph Friedrich.

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Des engagements successifs à la cour

La carrière de Jean Sébastien Bach est très intimement liée à la société de son temps. Il évolue à la cour des ducs et des princes. De musicien à la cour de Weimar, il devient maître de chapelle à la cour de Cöthen (1717-1723). A son époque, en Allemagne, ce sont ou bien les conseils de la ville qui embauchent les musiciens, ou bien les souverains. L’Eglise et l’Etat ne sont pas séparés, et ce sont les conseillers municipaux et les souverains qui interviennent jusque dans le choix de la musique pour l’Eglise.

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Oratorios et Passions

L’expression  » oratorio  » vient du latin orare ce qui veut dire  » prier « . Le mot désigne donc normalement un lieu de prière, souvent une salle juxtaposée à l’église.
Dans l’histoire de la musique, on parle d’oratorio pour définir une composition dramatique de plusieurs parties racontant une histoire généralement spirituelle (mais pas seulement) et chantée par plusieurs solistes et une chorale.
Contrairement à l’opéra, l’action de l’oratorio n’est pas représentée par une mise une scène théâtrale mais est racontée uniquement à travers les textes et la musique. En fait, il s’agit d’un point de vue formel d’une cantate à laquelle on ajoute un aspect dramatique.
Le plus ancien oratorio est probablement la Rappresentatione di Anima et di Corpo (Représentation de l’âme et du corps) d’Emilio de Cavalieri, joué pour la première fois en 1600.
Les oratorios de Bach les plus connus sont l’oratorio de Noël (joué pour la première fois du 25 décembre au 6 janvier en six parties), La passion selon saint Matthieu (BWV 244) et celle selon Jean (BWV 245, jouée pour la première fois le vendredi saint, 7 avril 1724 à l’Eglise Saint Nicolas). On compte donc ses Passions dans les oratorios.
D’autres musiciens ont composé des oratorios célèbres : Le Messie de Händel ; La Création de Haydn ; l’Elias et le Paulus de Félix Mendelssohn-Bartholdy. L’oratorio le plus connu parmi les non-spirituels est probablement Les Saisons de Haydn.

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Cantor (maître de chapelle) de St Thomas à Leipzig

 » Je viens à Leipzig, le lieu où l’on voit le monde entier en minuscule  » Gotthold Ephraïm Lessing, commentaire fait en 1749.
En 1723, le poste de Cantor de l’église Saint Thomas de Leipzig est vacant, son titulaire étant mort l’été 1722. La nomination d’un nouveau cantor relève de la responsabilité du Conseil de la ville. Celui-ci est composé de personnes compétentes pour beaucoup de choses, mais pas forcément pour la musique ! Ils aimeraient quelqu’un de Leipzig pour ce poste, ou au moins quelqu’un que l’on connaisse à Leipzig. Georg Philipp Telemann est le favori du Conseil  » parce qu’il est à cause de sa musique connu dans le monde entier  » (protocole du Conseil). Mais Telemann refuse et reste (avec une augmentation de salaire importante !) à Hambourg. On pense à un deuxième candidat, Johann Christoph Graupner,  » on ne le connaît pas spécialement, mais il fait bonne figure et semble être un monsieur distingué, on croit aussi qu’il est bon musicien  » (protocole du Conseil). Mais son employeur refuse de laisser partir le  » monsieur distingué « . Restent trois candidats : Johann Friedrich Fasch, de Bohème, Georg Balthasar Schott, organiste de l’Eglise Neuve de Leipzig, et le maître de chapelle de Cöthen : Jean Sébastien Bach. Le Conseil n’est pas enthousiasmé par ces candidats et l’exprime ainsi :  » Puisqu’on n’arrive pas à avoir les meilleurs, alors on doit prendre ceux qui sont moyens « .

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" Prendre ceux qui sont moyens "

Le 19 avril 1723, on fait signer à Bach un papier où il doit déclarer être prêt à prendre son poste dans l’école Saint Thomas, à donner des cours de chants si cela est désiré, à ne pas exiger de l’argent supplémentaire s’il se fait remplacer pour les cours de latin (c’est donc à lui de payer son remplaçant éventuel), à ne pas accepter un poste à l’université de Leipzig et à ne pas quitter Leipzig sans en avoir auparavant reçu la permission du Conseil. Le Conseil lui demande en plus  » pour le maintien du bon ordre dans les églises, d’exercer la musique de telle manière qu’elle ne soit ni trop longue, ni qu’elle ressemble à de l’opéra, mais qu’elle entraîne ceux qui l’écoutent vers plus de recueillement.  » Trois jours plus tard, le 22 avril, le Conseil vote unanimement pour Bach et le 5 mai, il est finalement engagé. Juste avant, Bach doit passer un examen pour prouver l’orthodoxie de sa théologie et son rejet de toute forme de calvinisme. Car pour ses futurs employeurs, calvinisme veut dire  » foi erronée, hérésie, et [qui] mène à la perte du salut céleste « . Bach -quelques jours auparavant encore salarié d’une cour calviniste !- signe cette déclaration.

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Le travail à l'école Saint Thomas

La famille Bach déménage en mai 1723 et Jean Sébastien commence aussitôt son travail. Les élèves ont des cours de musique et de latin tous les matins de 7h à 10h et tous les après-midi de 12h à 15h. S’y ajoutent deux heures de cours de chant les lundis, mardis et mercredis. Le vendredi, les élèves et le cantor assistent au culte.
En plus de l’enseignement à l’école, Bach est responsable de la musique pour les quatre églises de Leipzig. Toutes les semaines, une cantate doit être étudiée pour le culte du dimanche. Bach est aussi chargé de fournir de la musique pour toutes les autres célébrations, baptêmes, mariages, enterrements. En outre, son contrat l’engage à jouer de la musique pour les membres du Conseil de la ville et les festivités municipales.
Il peut compter sur quelques musiciens de la ville et sur ses  » préfets « , des élèves de l’école Saint Thomas qui le remplacent parfois pour diriger les musiciens. Toutefois, Bach trouve que ses engagements ne visent pas encore assez le centre même de sa conviction de compositeur, de musicien et de chrétien : créer de la musique pour la gloire de Dieu !

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Créer de la musique pour la gloire de Dieu !

Au lieu de se borner à enseigner à l’école Saint Thomas et à jouer la musique existante, Bach commence à créer de la musique  » pour la gloire de Dieu  » pour reprendre ses propres termes. Dimanche après dimanche, il compose de nouvelles cantates. Ses prédécesseurs lui ont laissé tout un fond, mais il préfère renouveler totalement la composition.
De 1723 à 1725, environ 100 nouvelles compositions d’une qualité jusque-là inconnue voient le jour. Les textes des cantates sont rédigés par deux personnes en particulier : Christiane Marianne von Ziegler, une veuve d’une famille de juristes de Leipzig, et Christian Friedrich Henrici, qui travaille sous le pseudonyme de Picander. La famille de ce dernier est amie de la famille de Bach et les Bach choisissent la femme de Picander comme marraine pour leur fille Johanna Carolina, née en 1737.
 » Je souhaiterais que vous entendiez une fois à l’orgue Monsieur Bach ; je n’ai pour ma part jamais rien entendu de tel, je dois complètement changer ma manière de jouer, qui doit être comptée pour rien.  » Georg Heinrich Ludwig Schwanenberger (musicien à la cour de Wolfenbüttel).

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Des ennuis avec les autorités

A plusieurs reprises, Bach va avoir des ennuis avec les autorités. En 1724 à Leipzig, Bach veut jouer, le vendredi saint, la Passion selon Jean, jusque-là son œuvre la plus complexe. Il envisage de le faire dans l’église Saint Thomas (depuis 1539, c’est une église luthérienne). Celle-ci a en effet le meilleur orgue et le plus de place pour chorale et orchestre. Seulement cette décision rompt la tradition qui veut que, lors des célébrations de la Semaine Sainte, la musique ait lieu alternativement dans l’église saint Thomas et dans l’église saint Nicolas. C’est cette dernière que Bach aurait dû choisir pour l’année 1724. Le surintendant Deyling voit par hasard cette annonce et Bach est cité devant le consortium, l’autorité spirituelle de la ville, quatre jours avant la représentation. Bach cède, mais insiste pour que l’orgue et le clavecin de l’église saint Nicolas soient rapidement mis en état.
L’année suivante, il se querelle avec l’université au sujet de son salaire. La musique des cultes qui se tiennent lors de grandes fêtes dans l’église dépendante de l’université (la Paulinerkirche) relève de la responsabilité du cantor de Saint Thomas, donc de Bach. Cela permet à Bach de montrer devant un public universitaire ce qu’il sait faire. Mais il ne reçoit pas de salaire pour ce travail car il ne figure nulle part dans son cahier de charges. Après plusieurs mois sans honoraires, Bach s’adresse à l’université pour réclamer un salaire, mais aucune réponse ne lui est faite. Une année plus tard, en septembre 1725, il se tourne directement vers le roi et prince électeur Frédéric Auguste II. Le salaire de base que Bach reçoit (100 thalers par an) est relativement faible et ne suffit que difficilement à nourrir sa grande famille. D’autant plus qu’il paie 50 thalers au sous-directeur Dresig pour que celui-ci donne à sa place les cours de latin, travail que Bach déteste. Quelques jours plus tard, l’université reçoit de Dresde l’ordre de donner suite à la plainte de Bach. Mais ce n’est qu’après deux autres lettres que Bach reçoit enfin un salaire pour sa musique lors des fêtes religieuses. Que le roi en personne s’engage en faveur de Bach montre combien ce dernier est estimé à la cour. Il est vrai que Bach entretient avec le souverain des relations chaleureuses, basées sur un attachement partagé à la musique. Il effectue plusieurs voyages à Dresde pour des concerts d’orgue qu’il dédie au roi.

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Encore des ennuis à Leipzig

Quand Bach fait jouer la Passion selon Matthieu le vendredi saint de l’année 1729, les réactions de ses auditeurs ne se font pas attendre :  » Beaucoup de hauts ministres et de dames nobles étaient rassemblés. Quand cette musique théâtrale débuta, toutes ces personnes se virent dans la plus grande consternation. Elles se regardaient les unes les autres et disaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ? » Une vieille veuve s’exclama : « Que Dieu nous garde, mes enfants ! J’ai l’impression de me trouver dans un opéra-comédie ! » « . En effet, cette grande et impressionnante œuvre ne correspond pas aux idées du Conseil. Cinq ans auparavant, on lui avait déjà reproché sa Passion selon Jean. Maintenant, on lui dit avoir dépassé les bornes. Quand Bach de son côté réclame un droit de regard sur les futurs élèves acceptés dans l’école Saint Thomas (en effet, il critique sévèrement la qualité de sa chorale), on lui dit :  » Vous êtes incorrigible !  » Selon le Conseil, il demanderait trop de congés, lors des répétitions, il exigerait trop de travail des préfets (des élèves choisis pour le soutenir dans sa tâche) et même pour les cours de latin, il se fait remplacer. Le Conseil décide alors de diminuer son salaire. Personne ne reprend la remarque d’un membre du Conseil qui résume :  » Le cantor ne fait rien !  » Au bout de six années à Leipzig, Bach a tout le monde contre lui : le consortium (l’autorité spirituelle de la ville), la direction de l’université et le Conseil. Bach pense alors sérieusement à quitter Leipzig.

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Partir de Leipzig ? ou : les années 1730 à 1740

Le 28 octobre 1730, Bach écrit à son ami Georg Erdmann pour lui exposer sa situation difficile. Il n’est pas évident de trouver un nouveau poste. Mais la chance lui sourit. En juillet 1730, l’école Saint Thomas a accueilli un nouveau directeur : Johann Matthias Gesner. Celui-ci, un pédagogue et philologue classique, a connu la musique de Bach à Weimar. Il l’admire et la confiance est vite établie. C’est Gesner qui fait bouger non seulement le programme des cours (désormais les mathématiques et les sciences naturelles seront enseignées), mais il réussit aussi à libérer Bach de ses obligations d’enseignement du latin. Cela veut dire que Bach n’a plus besoin de payer 50 thalers pour se faire remplacer. En outre Bach sera désormais directement responsable devant le directeur de l’école : plus besoin d’inquiéter le Conseil avec ses nouveautés musicales ! Enfin, Bach pourra s’occuper de sa musique !
Toutefois, la nouvelle situation ne va pas durer. En effet, Gesner part. Le nouveau directeur, Ernesti, et Bach n’ont pas la même vision des choses en ce qui concerne la place de la musique à l’école. Des conflits éclatent à la moindre occasion.

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Sa mort en 1750

Depuis longtemps, les yeux de Bach le faisaient souffrir. Il les avait certainement trop usés. Vers la fin de l’année 1749, sa vision diminue tellement qu’il suit le conseil d’amis et consulte un spécialiste, un ophtalmologue anglais depuis deux ou trois ans en Allemagne. Si on en croit le récit de ce médecin, il a examiné les yeux de Bach et constaté qu’ils étaient abîmés par un infarctus et pas seulement par la cataracte. L’opération se situe probablement au début de 1750. Bach ne supporte que difficilement de rester dans sa chambre, les rideaux tirés. Quand ses yeux le lui permettent, il révise des compositions pour orgue. Il veut terminer la collection des 18 chorals en vue de leur publication. Début juillet, il dicte les premières mesures du prélude au dernier choral  » Quand nous sommes dans les plus grandes détresses « . Il souhaite alors changer le titre de ce prélude en  » Je viens devant ton trône, ô Dieu « . Au milieu de la 26e mesure, le manuscrit s’arrête. Ce sont les dernières notes de Bach. Le 18 juillet, il semble se rétablir, mais quelques heures plus tard, un nouvel infarctus le fait sombrer dans un état d’inconscience. Pendant dix jours encore il a une forte fièvre et le 28 juillet 1750, il meurt. Avec une rapidité étonnante, on déclare le poste de Bach vacant. Dans le protocole du Conseil de la ville, on ne trouve aucun mot de regret ou de reconnaissance. Il faudra attendre des années avant que le génie de Bach soit reconnu à sa juste valeur.

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