Jean Sébastien Bach - Contexte

Contexte français, contexte allemand

L’année 1685 est marquée par deux événements bien différents. En effet, en France, on vient de révoquer l’Edit de Nantes qui garantissait aux protestants une certaine liberté de culte et d’expression. Les persécutions vont s’amplifier. En Allemagne, la même année, naissent deux compositeurs protestants : Bach et Händel qui vont tous les deux évoluer à la cour de divers seigneurs du pays. Bach va faire la connaissance de huguenots chassés de leur pays à Celle où il se rend autour de l’année 1703 : la duchesse Eléonore est française, huguenote. Le duc de Celle entretient un orchestre célèbre à sa cour où ne sont embauchés presque que des Français. Bach, toujours avide de connaître le plus de styles musicaux possibles, s’initie donc au cours de sa vie à la musique française donc il intègre bien des éléments.

Revenir à la page précédente
Réformés et luthériens du temps de Bach

L’opposition entre les deux confessions est plutôt farouche. A Leipzig, proche de Cöthen, on exige des professeurs de l’université, lors de leur nomination, d’abjurer le calvinisme et de déclarer que  » tous les calvinistes sont des hérétiques « , et qu’ils  » méritent le feu de l’enfer « . Mais le prince Léopold de Cöthen, calviniste lui-même, fait exception à la règle. Il tolère la confession luthérienne. Il est instruit, et on le décrit comme  » heureux de vivre « . Il apprécie beaucoup la musique. La collection d’oeuvres musicales du prince est impressionnante. Elle contient aussi des oeuvres modernes dans le style français ou italien. Le prince se rend régulièrement à des représentations d’opéra et joue lui-même du violon et du clavecin.

Revenir à la page précédente
Le piétisme

L’époque de Bach est marquée par de grands conflits théologiques. D’un côté le luthéranisme et son attachement à une organisation ecclésiale visible. De l’autre, une  » religion du cœur « , pratiquée dans de petites assemblées qui ne revendiquent pas le statut d’Eglise. Les  » piétistes « , appelés ainsi d’abord par leurs adversaires, prêchent un retour vers une foi vécue plutôt qu’une foi proclamée. Toutefois, les distinctions entre les deux courants ne sont pas toujours aisées à faire. D’autant que certains luthériens  » orthodoxes On désigne ainsi au 19e siècle et au début du 20e le courant théologique (opposé au courant ) qui anime les Eglises protestantes attachées à la doctrine telle qu'elle est confessée dans le des apôtres, la de La Rochelle et les Confessions successives de l'Eglise réformée, d'où le nom d'orthodoxe. La nécessité d'une rédaction nouvelle de la peut être reconnue, mais de toutes façons l'adhésion personnelle de chaque fidèle à la confession de foi est exigée.  » sont tout à fait ouverts aux interpellations que les piétistes leur adressent. Mais dans certaines paroisses, les positions divergent fortement, et toute une littérature de dispute théologique voit le jour. C’est le cas notamment à Mühlhausen où Bach a été organiste en 1707/1708. Les pasteurs des deux églises s’invectivent vigoureusement, et on a pensé que le départ de Bach de Mühlhausen pouvait être en lien avec cette situation.

Revenir à la page précédente
Dietrich Buxtehude (1637-1707)

Organiste et compositeur, Buxtehude est le maître d’orgue le plus connu de son temps. Il lance les  » musiques spirituelles du soir  » (Geistliche Abendmusik) qui inaugureront une tradition ininterrompue jusqu’à aujourd’hui en Allemagne. Georg Friedrich Händel lui rend visite en 1703, et Jean Sébastien Bach part en octobre 1705 à pied d’Arnstadt (Thuringe) pour le rejoindre à Lubeck. Il restera avec lui pendant 4 mois environ.

Revenir à la page précédente
Louis Marchand (1669-1732)

Marchand est l’un des organistes et pianistes les plus connus de son temps. Bach apprécie beaucoup ses compositions. A partir de 1708, Marchand est organiste à la cour de Versailles. Très doué, mais de caractère difficile et souvent arrogant, il a eu des problèmes avec le roi. Celui-ci lui reproche de ne pas s’occuper assez de sa femme. Du coup, la moitié de son salaire sera désormais versé à sa femme. Offusqué de cette décision, Marchand s’arrête au beau milieu du concert suivant et dit :  » Si ma femme reçoit la moitié de mon salaire, alors qu’elle assume aussi la moitié de mon récital.  » En automne 1717, pendant qu’il est en visite à la cour de l’Electeur de Saxe à Dresde, Marchand accepte de participer à un  » concours d’improvisation  » avec Bach. Mais après avoir entendu Bach la veille, il part précipitamment de Dresde et retourne à Paris.

Revenir à la page précédente
Georg Philipp Telemann (1681-1767)

Georg Philipp Telemann est né le 14 mars 1681 à Magdeburg. Son père est diacre à l’église du Saint Esprit. A l’école, c’est le maître de chapelle Benedictus Christiani qui lui apprend les bases musicales. Mais Telemann est aussi autodidacte. Très tôt, il fait ses premiers essais de composition. A 12 ans, il compose un premier opéra, Sigismond, qui est joué vers 1693. En 1694 à Zellerfeld, il continue d’aller à l’école et compose pour l’église et pour les musiciens de la ville. Il déménage à Hildesheim, puis retourne à Magdebourg où il passe l’examen de fin d’études en 1701. A Leipzig, il commence des études de droit. En même temps, il fonde un Collège musical dont il prend la direction. Il dirige des opéras et a des engagements comme chanteur d’opéra. En 1704, il devient organiste, compose des cantates pour l’église Saint Thomas et des opéras pour Leipzig et Weissenfels. A Halle, il rencontre Händel. Tous deux entreprennent ensemble des études de composition. Leur amitié durera toute leur vie. Chef d’orchestre du comte Erdmann de Primnitz, Telemann compose des suites françaises. Il travaille à Eisenach pour la famille du duc et à partir de 1712 à Francfort comme directeur musical. En 1714, Telemann est choisi par Bach comme parrain pour son fils Carl Philipp Emanuel. A partir de 1721, il est à Hambourg. En 1737, invité par des amis, il passe huit mois à Paris. Le 25 juin 1767, il meurt à Hambourg.

Revenir à la page précédente
Georg Friedrich Händel (1685-1759)

Né à Halle/Saale en Allemagne, il apprend très tôt à jouer de l’orgue et du violon. A 18 ans, il devient violoniste à l’Opéra de Hambourg. De 1706 à 1710, il est en Italie pour apprendre la composition italienne, puis il partage son temps entre Londres et Hanovre où il est engagé à la cour. En Angleterre, ses compositions sont accueillies avec un tel enthousiasme que la reine Anne lui verse un salaire annuel important. En 1727, il reçoit les droits de citoyen anglais.

Revenir à la page précédente
Quel genre de musique pour l'Eglise ?

Contrairement aux villes du nord de l’Allemagne (en particulier Lunebourg), le centre n’a pas encore été touché par la musique polyphonique. On considère que cette musique n’est pas assez  » religieuse « . De plus, les chanteurs ont du mal avec l’harmonisation jugée difficile. C’est pourtant cette musique-là que Bach a découverte et qu’il admire. Quand il commence à Arnstadt à enseigner en tant que Cantor de l’école, il le fait gratuitement. Dans un premier temps, tout se passe bien. On accueille cette nouvelle manière de chanter plutôt favorablement. Mais très vite, la situation change. Bach est perfectionniste et exige la même perfection de ses élèves. Ceux-ci ne sont pas contents et se rebellent de plus en plus.
Après une rixe entre Bach et ses élèves, les familles riches et influentes de l’époque exigent que désormais Bach dispense  » un enseignement musical qui vise la moyenne « .  » La moyenne « , c’est ce que Bach ne peut supporter. En 1705, il part pour Lubeck, un voyage qui durera plus longtemps que prévu… A son retour, il est cité devant le conseil de la ville. On lui reproche alors aussi sa manière de jouer de l’orgue, les  » variations multiples et bizarres qu’il fait dans les chorals, les tons étrangers qu’il y mêle « . Puis, on critique le fait qu’il ait une  » jeune fille  » avec lui sur la tribune (il s’agit de sa future femme Maria Barbara), et qu’il joue de toute façon trop longtemps ! Bach réagit à ces reproches de manière provocante comme il le fera toujours : il va désormais jouer des morceaux extrêmement courts, réaction qui n’arrange pas ses relations avec ses adversaires ! Quand il apprend le 2 décembre 1706 que l’organiste de Mühlhausen est décédé, il n’hésite pas longtemps et quitte Arnstadt.

Revenir à la page précédente
Bach et le conseil de ville de Mühlhausen

Rapidement après son installation à Mühlhausen, Bach demande à la ville de procéder à la transformation de l’orgue qui ne convient guère à ses exigences d’organiste. Mais les gens de Mühlhausen ont d’autres soucis que le soin porté à la musique d’Eglise. La ville, qui manque d’argent, vient de décider des impôts importants pour réparer les dégâts causés par l’incendie de 1707. Elle n’est guère prête à s’engager dans les transformations que Bach souhaite pour son orgue.
Les membres de l’Eglise sont aussi en désaccord profond sur la place de la musique dans les célébrations liturgiques. Le jeune mouvement piétiste réclame une restriction de cette place et une concentration sur la parole prêchée. Les luthériens orthodoxes voient au contraire dans la musique un élément indispensable au culte et à l’adoration. Le pasteur de l’église où Bach travaille, Johann Adolph Frohne fait partie du camp piétiste alors que son collègue à la Marienkirche, le pasteur Georg Christian Eilmar, se compte parmi les luthériens orthodoxes. Bach, pris entre les deux fronts, cherche à rester diplomate, d’autant plus que certains accents du piétisme l’interpellent et lui plaisent : en particulier la relation personnelle au Christ et une certaine intériorité. Mais l’orthodoxie luthérienne est la seule à avoir de la considération pour sa musique comme il l’estime nécessaire. Une amélioration des relations entre les camps ne semble guère se dessiner à l’horizon.
Ce qui décide finalement Bach à partir de Mühlhausen semble être aussi son désir d’être plus qu’un  » simple organiste « . Peut-être inspiré en cela par Buxtehude à Lübeck, il aimerait avoir la responsabilité de toute la musique d’Eglise : tant le chant que l’orgue, tant la composition que l’exercice. Mais la ville ne répond pas à son souhait. Quand finalement la transformation de l’orgue voit le jour, Bach n’est déjà plus à Mühlhausen.

Revenir à la page précédente
Cöthen

En 1717, au moment où Bach rejoint cette ville, Cöthen est, avec ses 5000 habitants, numériquement plus petite que Weimar et son rayonnement est moins important. Y règne, depuis presque 3 ans, le jeune prince Léopold. La famille princière est plutôt ouverte et tolérante même en ce qui concerne les questions de religion. Ce qui est extrêmement rare à cette époque. Bien que la cour et avec elle tous ses sujets soient de confession réformée, il existe une Eglise luthérienne dans la ville. Il est vrai que la mère de Léopold est de confession luthérienne.

Revenir à la page précédente
Leipzig

Leipzig est une ville très importante au 18e siècle. Deux voies de communication importantes la traversent. Beaucoup de monde s’y rencontre. C’est un lieu où on ne fait pas seulement du commerce, mais où on échange des idées nouvelles, de nouveaux styles. La culture du monde entier s’y donne rendez-vous. La ville est aussi le siège d’importantes imprimeries de livres et de partitions musicales. Sa richesse -deux tiers du commerce de la Saxe passent par les commerçants de Leipzig- s’exprime dans l’éclairage de la ville. Des lanternes ont été installées en 1701 le long des rues  » comme à Paris « , le modèle que l’on s’est choisi.
Leipzig est aussi le centre de l’orthodoxie luthérienne. Le consortium (l’autorité spirituelle de la ville) veille sur quatre églises : Saint Thomas, Saint Nicolas, Saint Pierre et l’Eglise Neuve. Une cinquième église, la Paulinerkirche, dépend directement de l’université. L’université de Leipzig fait partie des plus grandes universités de l’Allemagne du 18e siècle. La faculté la plus importante est la faculté de théologie. L’université n’est pas régie par la ville mais directement par le gouvernement de Saxe. Les membres de l’université ne paient pas d’impôts à Leipzig. Les relations entre l’université et la ville ne sont pas des meilleures. On se surveille mutuellement…

Revenir à la page précédente
L'école Saint Thomas

L’école Saint Thomas est une école pour les pauvres. Au moment où Bach y commence son travail, son internat est dans un état lamentable. Le prédécesseur de Bach s’est déjà plaint à plusieurs reprises que tous les élèves souffrent de gale et que le chant choral en pâtit… Depuis 200 ans, en effet, aucune rénovation n’a été entreprise. Un collègue de Bach décrit l’école de la manière suivante :  » Cette école est faite ainsi que même le précepteur le plus rigoureux court un danger imminent ; les escaliers sont très hauts, ils manquent à plusieurs endroits de rampes et […] comme tout est bâti entremêlé, il faut monter parfois 4, voire 6 de ces escaliers pour aller d’un lieu à un autre… Il faut considérer aussi la vermine, dont des rats et des souris en telle quantité qu’ils sortent en plein jour. Oui, j’en ai rencontré à une heure de l’après-midi sur ces horribles escaliers.  »
Le Conseil fait au moins réparer l’appartement de Bach. Les autres salles de l’école devront attendre quelques années encore.

Revenir à la page précédente
Directeur du Collegium Musicum et bientôt " compositeur à la cour "

Le Collegium Musicum est un ensemble d’étudiants musiciens. Il a été fondé par Telemann, mais, en mars 1729, Bach le reprend et lui fait jouer une quantité impressionnante de morceaux allemands et italiens. On se retrouve pour les répétitions une ou deux fois toutes les semaines. Les concerts sont appréciés par le public de Leipzig qui se déplace même pour assister aux répétitions. Bach compose exprès pour ce Collegium Musicum qui jouera devant le prince électeur en 1734.
Bach voyage beaucoup : des concerts à Dresde, à Kassel, à Cöthen. En 1733, il dépose sa candidature à la cour d’Auguste III, roi de Pologne et prince électeur de Saxe pour devenir  » compositeur du roi  » (Hofkomponist). Mais Bach devra encore attendre, et ce n’est qu’à la suite du renouvellement de sa demande une année plus tard, le 19 novembre 1734, qu’il reçoit le document tant attendu. En tant que  » compositeur du roi « , Bach devient officiellement une personne de la cour. Il est placé sous protection directe de Sa majesté. C’est ce lien privilégié que Bach exploite quand les conflits avec le Conseil à Leipzig semblent ne pas tourner en sa faveur. Le 18 octobre 1737, il s’adresse directement à Auguste III, roi de Pologne et Prince électeur de Saxe. L’appel ne reste pas sans réponse : le roi adresse une lettre au consortium pour l’exhorter à mettre fin au conflit en restituant à Bach tout ce qu’on lui doit. On ne sait pas si cela a eu lieu comme Bach le souhaitait, mais en tout cas, à Leipzig, on faisait désormais attention à ne pas s’attaquer à lui.

Revenir à la page précédente
La mort d'Auguste le Fort et la Messe en si mineur

Auguste II le Fort meurt le 1er février 1733. Son fils, Auguste III devient prince électeur de Saxe. Le nouveau prince s’est converti à la foi catholique en vue de sa reconnaissance comme souverain de Pologne. Il est très intéressé par l’art, en particulier par la musique.
Pendant le temps de deuil décrété après la mort d’Auguste II le Fort (jusqu’en juillet de la même année !), aucune musique ne doit être jouée dans les églises. Bach, libéré ainsi de l’exigence des cantates dominicales et du vendredi saint, utilise les premiers mois de l’année 1733 pour préparer une œuvre qui lui vaudra plus tard la reconnaissance de  » compositeur de la cour « . Il décide d’utiliser une forme qui soit commune aux protestants et aux catholiques : la messe luthérienne. Bach termine la partition de base de la Messe en si-mineur au début de l’été 1733. En juin 1733, son fils, Wilhelm Friedemann, est nommé organiste de l’église Sainte Sophie à Dresde. Bach l’accompagne à Dresde et y termine les passages manquants de la Messe en si-mineur. Il l’envoie le 27 juillet au château du prince électeur de Saxe à Dresde. Mais il devra attendre longtemps avant de recevoir une réponse positive. Ce n’est que le 19 novembre 1736 qu’il est officiellement nommé  » compositeur à la cour « .

Revenir à la page précédente
Le conflit des " préfets "

Ernesti, le directeur de l’école St Thomas qui succède à Gesner, a du mal avec Bach. Un contemporain d’Ernesti dit à propos de ses cours :  » Certes, ces cours se recommandaient par leur brièveté et leur netteté, mais ils manquaient totalement de vivacité « . Si on sait que cette dernière est bien une des caractéristique de l’œuvre de Bach, on peut imaginer que les deux ne partageaient pas vraiment la même vision de leur travail ni de leur engagement.
Très vite, des conflits vont éclater sur le dos des  » préfets « , ces élèves qui donnent un coup de main dans l’enseignement mais qui sont aussi responsables de faire appliquer la discipline. En juillet 1736, le préfet général de Bach, du nom de Krause, intervient pour rappeler à l’ordre un élève de la chorale. Celui-ci se plaint auprès de son père qui, à son tour, se tourne vers le directeur Ernesti. Ce dernier saute sur l’occasion pour humilier le préfet général de Bach (des coups de bâtons devant toute l’école rassemblée). Krause s’enfuit de l’école et Bach perd ainsi un soutien important. Le directeur réagit aussitôt et choisit un nouveau préfet à sa convenance. Mais celui-ci s’avère paresseux et incapable. Il ne conduit pas les répétitions de chant comme il le devrait. Bach, après avoir mis les pendules à l’heure avec le préfet nommé par le directeur, nomme à son tour un préfet. Pendant les semaines qui suivent, la chorale ne répétera presque plus car Bach refuse de laisser diriger la chorale par le préfet qu’il n’a pas nommé. Et les autres élèves craignent autant la colère du directeur que celle de Bach pour assumer ce poste. Le Conseil qui reçoit plusieurs lettres de Bach se plaignant de la situation insoutenable, ne réagit pas. Bach décide alors de se retirer petit à petit de l’école Saint Thomas. Il fait venir des professeurs à domicile pour ses propres enfants et refuse d’exercer la charge de surveillance mensuelle qu’on lui demande à l’école. En mai 1737 apparaît dans une revue de musique spécialisée un article anonyme qui critique de manière véhémente le style de musique de Bach. Celui-ci réagit en démissionnant de la direction du Collegium Musicum et en restant tout simplement à la maison.

Revenir à la page précédente
Le Livret pour orgue (Orgelbüchlein)

A Weimar, Bach entreprend un projet musical qui deviendra célèbre : le Orgelbüchlein (Le livret pour orgue). Ce livret devait servir à l’éducation musicale de son fils Wilhelm Friedemann. Bach pensait d’abord y réunir 164 chorals dans l’ordre de l’année liturgique (Avent, Noël, Pâques, Pentecôte). Mais Bach en compose seulement un peu plus d’un quart et le projet final ne comporte que 46 morceaux. Toutefois, ce  » résumé  » est tellement dense et varié que d’autres ajouts n’auraient fait que le diluer.

Revenir à la page précédente
Bach et le texte biblique

Dans un premier temps, comme tous les compositeurs de son époque, Bach utilise des textes poétiques existants. Mais ensuite, il travaillera quasi exclusivement sur des textes de chorals luthériens, sur des textes de poètes spirituels et, surtout, sur le texte biblique lui-même. Son respect pour le texte biblique est toujours plus marqué que celui qu’il réserve aux textes de commentaires, textes  » profanes « . Ainsi, Bach ne fait accompagner les passages bibliques que très parcimonieusement par le violoncelle ou le clavecin. Il ne faut pas que la musique prime sur ce texte-là ! Bach utilise encore dans ses manuscrits une autre manière de faire ressortir le texte de l’Evangile par rapport aux autres textes chantés : il change de couleur d’encre !
Ainsi, pour Bach, la musique doit suivre et mettre en relief le texte, jamais le supplanter. On peut dire que Bach suit la maxime Prima la parola : la parole (surtout celle de l’Ecriture) reste toujours première, la musique la  » sert « . Mais la musique se met aussi à parler. L’usage des répétitions, des intervalles, des harmonies et dissonances se révèlent être un langage à part entière.
Le choral Du ciel vient une légion d’anges utilise des gammes d’abord descendantes, puis ascendantes. L’auditeur habitué reconnaît ce langage. Il découvre aussi dans la Passion selon saint Matthieu le dialogue entre le violon et la voix mezzo-soprano. L’instrument comme la voix humaine parlent à l’auditeur. Le compositeur utilise aussi des chiffres : les trente pièces d’argent payées à Judas pour la trahison de Jésus sont  » comptées  » par trente notes du violoncelle. Le chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt cite encore comme exemple sidérant la mise en musique du tremblement de terre lors de la mort de Jésus en croix, souligné par des triples croches, constituées respectivement de 18, 68 et 104 notes. Or, dans la Bible, les psaumes 18, 68 et 104 évoquent justement des tremblements de terre !

Revenir à la page précédente
Les concertos brandebourgeois

A Cöthen voient le jour différents morceaux pour orchestre, des suites et des sonates pour orchestre de chambre, des morceaux pour instruments seuls (violine, violoncelle, piano) et quelques rares cantates. En effet, la sobriété de la tradition réformée ne laisse pas de place pour la musique d’orgue. Le 21 mars 1721, quelques mois après la mort de sa première femme, Bach dédie au Marggraf Christian Ludwig de Brandebourg pour une occasion inconnue une collection de six concertos. Il les assemble à partir de différents morceaux déjà composés à Weimar. Il joint à l’adresse du Marggraf une dédicace en français, la langue de cour de l’époque :
 » Six Concerts – Avec plusieurs Instruments.
Dediées A Son Altesse Royalle
Monseigneur CRETIEN LOUIS
Marggraf de Brandenbourg
par Son très-humble et très obéissant Serviteur
Jean Sébastien Bach,
Maitre de Chapelle de S.A.S: le
Prince régnant d’Anhalt-Coethen « 

Revenir à la page précédente
Les cantates

Les premières années de Bach à Leipzig sont les plus fructueuses de toute sa vie de compositeur. Voient ainsi le jour 8 grandes cantates, 3 motets, la première partie de l’Exercice pour piano, la deuxième partie du Clavier bien tempéré, la Passion selon Jean et la Passion selon Matthieu.

Revenir à la page précédente
La Passion selon saint Matthieu

Depuis sa redécouverte par Félix Mendelssohn Bartholdy en 1829, cette œuvre fait partie des plus connues parmi les œuvres du compositeur.
Depuis 1717, la tradition voulait que l’on joue une œuvre en lien avec la Passion du Christ le vendredi saint pendant le moment de prière des vêpres qui commençait à 14h. Au centre de cette célébration, entre la première et la deuxième partie, figurait la prédication. Le fidèle qui était déjà au culte du matin (de 7h à 11h !) restait encore 4 à 5 heures de plus à l’église.
En 1725, les responsables de la ville de Leipzig demandent à leur Cantor de l’Eglise Saint Thomas de composer une musique pour la Passion de Jésus.  » Pas de musique d’opéra !  » disent-ils, craignant que la parole biblique ne soit surchargée d’ornements poétiques et musicaux caractéristiques du baroque. Ils souhaitent quelque chose  » Un peu dans le style de Telemann « . Pas une œuvre aussi inquiétante et compliquée que la Passion selon Jean à laquelle ils avaient assisté à Leipzig en 1724. Mais Bach ne se laisse pas impressionner. Habitué aux querelles avec les conseillers municipaux, il sait que d’autres apprécieront sa musique. C’est ainsi, qu’a vu le jour une œuvre unique et des plus complexes. La Passion est jouée pour la première fois le vendredi saint de l’année 1729. Trois heures de musique pour deux orgues, deux chorales et deux orchestres. Plus jamais Bach ne composera pour autant de monde. Mais cette musique ne plaît pas à tous ses auditeurs…

Revenir à la page précédente
Les oratorios moins connus

Les oratorios moins connus de Jean Sébastien Bach sont l’Oratorio de Pâques (BWV 249) et l’Oratorio de l’Ascension (BWV 11), mais aussi la Passion selon Marc et celle selon Luc. La Passion selon Marc a été donnée pour la première fois en 1731. Puis, en 1945, le dernier exemplaire complet brûle. En 1964, une reconstitution est faite par Diethard Hellmann. De nouveaux ajouts permettent en 1979 une nouvelle représentation de cette Passion.
La Passion selon Luc par contre ne semble pas de la main même de Bach, mais d’un de ses contemporains. Ce qui est sûr c’est que Bach, avec son fils Carl Philipp Emanuel, a retranscrit l’œuvre et l’a faite jouer plusieurs fois de suite à Leipzig. Surprenantes sont simplement les lettres qui figurent au-dessus du titre de l’œuvre : J.J. et qui signifient Jesu Juva (Jésus, viens au secours). Normalement, Bach ne fait précéder de ce sigle que ses propres œuvres. Sinon, jouer une œuvre qui n’est pas de sa main ne constituerait pas, à l’époque, une surprise. Bach a souvent fait jouer des morceaux de compositeurs qu’il admirait.

Revenir à la page précédente
Wilhelm Friedemann Bach

Wilhelm Friedemann Bach est le fils aîné de Jean Sébastien Bach et de sa première épouse Maria Barbara Bach. Il naît à Weimar. Très tôt, son père lui donne une excellente éducation musicale. Il lui enseigne la théorie musicale et la composition et lui apprend à jouer de l’orgue et du clavecin.
Les morceaux que Bach compose exprès pour l’étude de son fils font partie des œuvres pour piano les plus connues : Le Clavier bien tempéré ou les Inventions. Après le déménagement à Leipzig, Wilhelm Friedemann y devient élève de l’école Saint Thomas. Plus tard, il étudiera à l’université de Leipzig. En 1733, il postule comme organiste à Dresde, où il est, après examen, engagé sur le champ. Il y reste jusqu’en 1746. C’est à Leipzig qu’il compose la plupart de ses œuvres pour instruments, qu’il enseigne et qu’il est introduit dans les cercles des musiciens de la cour. En 1746, il part pour Halle où il devient organiste à la Liebfrauenkirche. En 1751, il se marie avec Dorothea Elisabeth Georgi. Le père de celle-ci est inspecteur des impôts et avec le salaire de Wilhelm Friedemann, le couple gagne bien sa vie. Un an et trois ans après, naissent deux fils qui meurent en bas âge. Seule la fille, Frederike Sophie, née en 1757, atteindra l’âge adulte.

Revenir à la page précédente
Carl Philipp Emanuel Bach

Carl Philipp Emanuel Bach est le deuxième fils de Jean Sébastien Bach. Il naît le 8 mars 1714 à Weimar. Comme pour tous les enfants de Bach, c’est le père qui donne le premier enseignement musical. En 1731, Carl Philipp Emanuel entre en faculté de droit à Leipzig, puis à Francfort. En 1738, il est appelé à la cour du prince héritier Frédéric de Prusse. Il y rencontre le flûtiste Joseph Joachim Quantz. En 1768, il devient le successeur de son parrain Georg Philipp Telemann, mort en 1767. C’est ainsi qu’il dirige en tant que directeur musical les cinq églises principales et remplit les fonctions de maître de chapelle du Johanneum à Hambourg.
Il développe un style musical propre qui est connu sous le nom d' » Ecole de Hambourg « . De son temps, dire  » Bach « , c’était parler de Carl Philipp Emanuel et non pas de son père. Mozart et Beethoven s’expriment avec respect devant leur  » grand collègue « . Son œuvre comporte 19 symphonies, 50 concertos pour piano, 200 compositions pour piano, plusieurs quartets et une série de compositions spirituelles. Carl Philipp Emanuel Bach meurt le 14 décembre 1788.

Revenir à la page précédente
Johann Christoph Friedrich Bach

Johann Christoph Friedrich Bach, né le 21 juin 1732, est aussi appelé le  » Bach de Bückeburg  » car il a travaillé 45 ans dans cette ville. Comme ses frères, sa vie était dédiée à la musique. Après s’être inscrit en droit à Leipzig, il décide de travailler comme  » musicien de chambre  » à la cour de Bückeburg. On lui confie la direction de l’ensemble musical de la cour et à partir de 1759, il occupe officiellement le poste de chef d’orchestre de la cour. Sa seule tentative pour quitter ce travail fut sa candidature comme directeur musical à Hambourg en 1767. Mais finalement, c’est son frère Carl Philipp Emanuel qui a occupé ce poste.
A Bückeburg, sous la direction de Johann Christoph Friedrich, l’ensemble musical allait devenir l’un des meilleures parmi ceux des cours princières. Il s’en occupe jusqu’à sa mort, le 26 janvier 1795. En ce qui concerne sa production musicale, il reste jusqu’à aujourd’hui dans l’ombre de ses frères. Pourtant, les 45 années de son travail à Bückeburg ont vu la composition de plusieurs oratorios, cantates et, plus tard, de symphonies et de concerts pour piano.

Revenir à la page précédente
Johann Christian Bach

Comme son père Jean Sébastien, Johann Christian est devenu un compositeur célèbre. Né le 5 septembre 1735, il est le fils cadet des Bach. Il suit ses premières leçons de piano dès l’âge de 9 ans. En mars 1750, après la mort du père, c’est Carl Philipp Emanuel qui s’occupe de son frère. Sous sa houlette, il devient le meilleur pianiste de son temps. En 1756, il part pour l’Italie où il continue ses études de piano. Il y compose aussi la plupart de ses oeuvres spirituelles. Il se convertit au catholicisme, ce qui lui permet en 1760 d’occuper le poste d’organiste à la cathédrale de Milan. Les années suivantes lui apportent beaucoup de succès dans le domaine de l’opéra. C’est une des raisons pour laquelle il devient maître de musique de la reine Sophie Charlotte d’Angleterre. Ce succès lui ouvre aussi un poste de choix au King’s Theatre de Londres. Il y poursuit sa carrière de compositeur d’opéra. Parmi ses élèves, il compte les enfants de la reine ainsi que Wolfgang Amadeus Mozart. Mais le succès ne dure pas jusqu’à sa mort. En effet, il meurt dans l’indifférence du public le 1er janvier 1782.

Revenir à la page précédente